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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

09 Nov

Exposition Peinture Contemporaine: Daniel RICHTER «Furor I »

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Peinture Contemporaine

Détail "Primatenennui", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

Détail "Primatenennui", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

Du 21 octobre au 20 novembre 2021

 

 

Avec l’exposition Furor I, la galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais accueille la toute dernière série de peintures à l’huile grands formats de l’artiste allemand Daniel Richter. À travers des thèmes mêlant l’histoire de l’art, les médias de masse, la politique, le sexe et la culture contemporaine, Daniel Richter opère une synthèse qui se reflète dans un univers pictural en constante évolution.

 

 

L’interaction qui se crée entre les blocs de couleurs vives, des lignes nettes et précises et certains pans d’espace négatif, exprime un remarquable sens du mouvement et une mise en tension annonçant la furie évoquée par le titre de l’exposition. Cette dernière nous inspire des visions de métamorphoses et de violence physique qui viennent interpeller les systèmes de représentation figuratifs et les mécanismes de la propagande.

"Zittern", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

"Zittern", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

Les silhouettes élusives convoquées par Daniel Richter dans sa nouvelle série apparaissent et disparaissent de notre champ de vision ; elles rassemblent des éléments qui semblent relever à la fois de l’humain et du non-humain, de par la conjonction sur la toile d’aplats multicolores, aux formes douces mais distinctes, réalisés au couteau à palette, et de contours très appuyés, tracés d’un geste net à l’aide d’un crayon à l’huile.

 

C’est par ces nappes de couleurs que l’artiste commence son tableau, avant de venir accentuer l’ensemble de lignes précises, ce qui laisse penser que c’est l’usage délibéré des couleurs qui structure ces œuvres plutôt que leurs contours. Les corps dépeints en pleine métamorphose par Daniel Richter restent résolument dynamiques ; la nature plurielle de ses compositions et le comparti- mentage interne des différentes parties donnent simultanément l’impression d’une désintégration et d’une reconstruction de ces enveloppes corporelles. Interrogé sur sa démarche, Daniel Richter précise qu’« il s’agit davantage de systèmes de représentation que d’une figuration du corps dans sa dimension charnelle et biologique ».

"Klavierstunden traüme", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

"Klavierstunden traüme", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

Les nouvelles peintures de Daniel Richter sont plus dépouillées que sa production des années précédentes ; il va même jusqu’à laisser vides des pans entiers de certaines toiles. La manière dont les contours s’estompent progressivement et s’ouvrent à mesure que les figures progressent de la gauche vers la droite trahit le mouvement et la transformation de ces silhouettes de soldats, tous entraînés dans la même direction.

 

La manière dont Daniel Richter utilise les espaces vides entre ses pans de couleur vient elle aussi jalonner cette marche forcée. En passant d’un tableau à l’autre, comme s’ils changeaient d’état, ils semblent déborder de leurs propres contours, en évoquant un monde post-humain où les êtres apparaîtraient à la jonction transhumaniste de l’individu, de l’animalité et d’une sorte de nuage coloré sans contours fixes.

"Gemesser mit Eiern", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

"Gemesser mit Eiern", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

Gilles Deleuze écrivait des contours tracés par Francis Bacon qu’ils formaient des « membranes » au travers desquelles les formes et les matières pouvaient circuler : « L’ombre s’échappe du corps comme un animal que nous abritions ». Cette évocation pourrait s’appliquer à la manière dont Daniel Richter desserre et dissout ses contours pour laisser place aux prolongements monstrueux où s’étirent ses figures humaines.

 

L’inspiration derrière cette série part de la découverte d’une carte postale de 1916 montrant des soldats aux jambes amputées, se tenant sur des béquilles. Ces silhouettes réapparaissent dans des tableaux comme Licht ohne Trost (Lumière sans réconfort, 2021). Daniel Richter revisite les relations complexes entre l’image historique et la propagande à l’aune de son propre langage visuel et de l’énergie destructrice qu’il sait, à son tour, conjurer.

 "Zweifel, in den wind Geschlagen", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

"Zweifel, in den wind Geschlagen", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

La « fureur » évoquée dans le titre de l’exposition fait tout particulièrement référence à la dévastation du patrimoine culturel français par les troupes allemandes pendant la Première Guerre mondiale. Tout en restant résolument contemporain, le travail de Daniel Richter s’appuie sur la tradition de la peinture allemande de l’entre-deux-guerres, en particulier sur le travail d’artistes comme Max Beckmann. On retrouve comme un écho de ces corps de soldats mutilés et déformés dans la démarche étrange et claudicante des silhouettes dessinées par Daniel Richter.

 

"Primatenennui", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

"Primatenennui", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

Ces figures nous renvoient à la question historique de la représentation artistique des vétérans et des blessés de guerre. Données à voir dans un enchevêtrement de contours sans résolution possible, les béquilles et les jambes artificielles semblent désormais interchangeables avec les membres encore valides, suggérant des corps post-humains brouillant la frontière entre la prothèse et la chair. Malgré leur violence sous-jacente, ces œuvres sont aussi empreintes d’une sensualité et une beauté touchantes qui viennent contrebalancer leur caractère tumultueux.

 

Dans Furor I, la palette de couleurs mûres et sirupeuses employées par l’artiste évoque à la fois la passion et la vivacité d’un corps de chair et de sang et la suggestion malaisante d’une artificialité menaçante. Au cours des cinq dernières années, l’arrière-plan des tableaux de Daniel Richter était souvent constitué de bandes horizontales formant un dégradé de couleurs. Dans ses nouveaux tableaux, il réduit ce fonds à deux coloris seulement : un au-dessus et l’autre au-dessous, séparés par une simple ligne d’horizon.

"Licht ohne trost", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

"Licht ohne trost", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

Comme il l’a déclaré en 2016 dans une conversation avec Poul Erik Tojner pour le catalogue du Louisiana Museum of Modern Art, à Humlebæk (Danemark), les lignes droites qu’il emploie « façonnent ce faux horizon comme dans une peinture paysagiste aspirant au sublime ». Elles en présentent des variations distordues qui interpellent l’idée même d’horizon en peinture et rappel-
lent la désorientation occasionnée par les arrières-plans tapissant certaines réalités augmentées.

 

En s’interrogeant constamment sur le rôle que la peinture peut occuper dans la société contemporaine, Daniel Richter cherche à faire la lumière sur ces contradictions. « Il est difficile d’échapper à l’histoire et à la tradition, surtout dans un domaine aussi conservateur que celui de la peinture », explique l’artiste en ajoutant, « c’est avec ces toutes contradictions que je travaille ».

"Butter Tactics", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

"Butter Tactics", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

« Les œuvres de Richter ont fait preuve jusqu’ici d’une complexité et d’une versatilité remarquables, puisque son style change constamment tout en restant fidèle à ses principes de base. [...] Avec leurs couleurs éblouissantes, leur palpitante insistance, l’agressivité latente qu’elles renferment et les effets déroutants qu’elles déploient à foison, ses œuvres restent néanmoins immédiatement reconnaissables.

 

Les tableaux de Richter imbriquent étroitement des éléments saillants tirés de l’histoire de l’art, des médias de masse et de la pop culture qui lui permettent d’échafauder des univers à l’imagerie idiosyncrasique. »

- Max Hollein, 2015

 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

Daniel Richter est né en 1962 à Eutin (Allemagne). Il vit et travaille aujourd’hui à Berlin. Peu d’artistes ont eu un impact aussi fort que lui sur le visage de la peinture allemande depuis les années 1990. Dans ses huiles sur toile grand format, Richter assemble des éléments choisis de l’histoire de l’art, des médias de masse et de la culture pop pour créer des mondes picturaux idiosyncratiques. Entre 1992 et 1996, Daniel Richter a étudié avec Werner Büttner – un des protagonistes, avec Martin Kippenberger, du renouveau de l’expressionisme dans la peinture dans les années 1980 – à l’Académie des Beaux-Arts de Hamburg, et a travaillé comme assistant de Albert Oehlen. A ses débuts, il produisait des peintures abstraites, déployant un univers de formes très colorées, quasi psychédéliques, à la frontière entre graffiti et motifs d’ornementation élaborés.

 

Depuis 2002, il peint de grandes scènes peuplées de personnages souvent inspirés de journaux ou de livres d’histoire. Ces dernières représentent des situations de conflit ou de menace, entre vitalité et trop plein d’agressivité. En cela, le peintre symboliste James Ensor et le pionnier de l’expressionnisme Edvard Munch peuvent être considérés comme des prédécesseurs au travail de Richter. Dans ses tableaux, la représentation d’une lumière artificielle, de flashes, d’images thermiques ou encore de rayons X génère une atmosphère artificielle où la tension devient palpable.

"Perlenmüll", 2021  de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

"Perlenmüll", 2021 de Daniel RICHTER - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac Paris © Photo Éric Simon

Daniel Richter s’est fait connaître dans les années 1990 en passant du monde de la musique, où il réalisait des affiches et des pochettes d’album, à celui des beaux-arts. À partir des années 2000, des silhouettes et des figures commencent à faire leur apparition dans ses œuvres, souvent inspirées par des reproductions trouvées dans des journaux ou des livres d’histoire. Il décrit ses tableaux aux couleurs vives comme une nouvelle forme de peinture historique. Les toutes dernières œuvres de cet innovateur dans l’âme représentent la prochaine étape expérimentale d’un langage visuel qui a su évoluer tout au long de sa carrière ; elles se caractérisent par des enchevêtrements chaotiques de corps fragmentés sur fond bicolore.

Galerie Thaddaeus Ropac Marais

7, rue Debelleyme

75003 Paris

 

www.ropac.net

 

Jours et Horaires d'ouverture: Du mardi au samedi de 10h à 19h.

 

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