Christian HIDAKA «Tambour ancien»
Détail "Siparium", 2020 de Christian HIDAKA - Courtesy de l'artite et de la Galerie Michel REIN PARIS © Photo Éric Simon
Du 6 novembre au 8 janvier 2022
La galerie Michel Rein est heureuse de présenter la neuvième exposition personnelle de Christian Hidaka, après Siparium (2021), Indian Rope (2019), Players (2017), Marabout (2017), The Fool (2015), Souvenir (2012-2013) Red Desert (2011) et Balanced Rock (2010).
TAMBOURS CÉLESTES
L’Arlequin au costume rapiécé, le tambour et l’échelle tricolores, la sphère étoilée, les enfants costumés – danseuse et acrobate –, le tissu du justaucorps aux motifs célestes, ces figures merveilleuses ont voyagé depuis les grandes toiles de Pablo Picasso La famille de Saltimbanques (1905) et Parade (1917) jusqu’à celles de Christian Hidaka.
L’Enchanteur barbu, est peut-être celui, « Pourrissant » de l’ami du peintre, le poète Guillaume Apollinaire.
"Acrobat with Tambour", 2020 de Christian HIDAKA - Courtesy de l'artite et de la Galerie Michel REIN PARIS © Photo Éric Simon
"The Flutist", 2021 de Christian HIDAKA - Courtesy de l'artite et de la Galerie Michel REIN PARIS © Photo Éric Simon
"Tambouriste", 2021 de Christian HIDAKA - Courtesy de l'artite et de la Galerie Michel REIN PARIS © Photo Éric Simon
Sur les tréteaux de Siparium, une Persée féminine contre de son bouclier un Méduse masculin au costume d’Arlequin, dans l’exacte position qui fut celle de la Syrinx et de Pan dans la chorégraphie de L’Après-midi d’un faune de Nijinsky (1912).
Que font tous ces personnages ? Ils sont dans la peinture d’Hidaka comme en « parade ». Avant le spectacle, et c’est encore le cas aujourd’hui, les saltimbanques, artistes, acrobates, danseurs, « circassiens » paradent pour donner envie de venir. Ils sont en représentation, mais pas tout à fait ; ils jouent leur rôle dans les villes, enchantent l’univers quotidien, métamorphosent les rues et les places, y mettent un peu de magie. Ils sont quelque part entre la vie réelle et le monde imaginaire. Ils nous invitent.
"Girl on a ladder", 2021 de Christian HIDAKA - Courtesy de l'artite et de la Galerie Michel REIN PARIS © Photo Éric Simon
"Wall Niche (Scarpa / de Caus", 2021 de Christian HIDAKA - Courtesy de l'artite et de la Galerie Michel REIN PARIS © Photo Éric Simon
"Jeune Tambouriste", 2021 de Christian HIDAKA - Courtesy de l'artite et de la Galerie Michel REIN PARIS © Photo Éric Simon
En fait de places et de rues, nous sommes en Italie et en Asie, il y a quelques siècles. Arcades, pavements, marbres, couleurs douces et terreuses, géométries décoratives sans raideur, ce sont Sienne, Venise, l’architecte Serlio, dont une gravure a inspiré le rideau de scène visible dans Siparium, et les premières recherches de perspective. La profondeur est donnée cependant de manière « oblique », sans point de fuite, selon une technique orientale.
D’ailleurs une jeune femme en kimono et geta (ces sandales japonaises montées sur des « dents » - ha) lutte avec son ombrelle contre une tempête au visage joufflu typique de l’art occidental. L’illusion n’est pas totale ; ce monde entier se donne aussi comme une image et un tissu d’images, un art de mémoire et de synthèse. C’est ainsi que le costume d’Arlequin bleu ciel et blanc peut habiller tour à tour plusieurs tambours masculin et féminin, dont les modèles sont tantôt imaginaires ou « fabriqués », tantôt réels (une jeune performeuse contemporaine ou la propre fille de l’artiste).
"Zephyr", 2021 de Christian HIDAKA - Courtesy de l'artite et de la Galerie Michel REIN PARIS © Photo Éric Simon
"Siparium", 2020 de Christian HIDAKA - Courtesy de l'artite et de la Galerie Michel REIN PARIS © Photo Éric Simon
Et si on oubliait un instant ces souvenirs visuels ?
Les peintures d’Hidaka sont cryptées, conceptuelles, mais faut-il en dévoiler les sources ?
Faut-il les comprendre pour les aimer ?
Dans leur beauté, elles se donnent comme mystérieuses, comme la rêverie profonde et fascinée d’un artiste pour un monde qui n’est plus, mais toujours présent pour lui. Ces costumes d’Arlequin bleu ciel et « constellés », le vide à la Chirico de ces scènes, places, rues, galeries, disent la mélancolie qui les habite.
En abyme, elles chantent le rêve et la fascination. Y règne un silence assourdissant : celui d’une flûte qui joue on ne sait quel air, étrange certainement, peut-être « très vieux, languissant et funèbre », hypnotisant comme celui du joueur de flûte de Hamelin, et nous entraînant dans un monde entre-deux ; celui de ces tambours napoléoniens (Hidaka en a acquis un en vente aux enchères pour sa série) « anciens » qui sentent aussi le sacrifice et la mort : doit-on les suivre ? Ils nous invitent à arpenter avec eux en esprit et en imagination ces limbes picturales, et à expérimenter leur singulier vertige.
- Émilie Bouvard octobre 2021
(Les citations entre guillemets dans le dernier paragraphe sont issues des poèmes El Desdichado et Fantaisie de Gérard de Nerval).
Galerie Michel REIN PARIS
42 rue de Turenne
F-75003 Paris
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.