Hugh STEERS « Blue Towel, Red Tank »
"Blue Towel, Red Tank", 1988 de Hugh STEERS - Courtesy Alexander Gray Associates, New York, © Photo Éric Simon
Du 4 Décembre 2021 au 22 Janvier 2022
David Zwirner a le plaisir de présenter dans les espaces de sa galerie à Paris l’exposition Hugh Steers: Blue Towel, Red Tank sous le commissariat de Russell Tovey. Il s’agira de la première exposition consacrée au travail de l'artiste en Europe.
Peintre, Hugh Steers produit des toiles explicitement figuratives qui s’inscrivent dans le droit fil de l’histoire de la peinture américaine à l’ère du VIH/sida. Inspiré par des artistes comme Edward Hopper ou Thomas Eakins et par des maîtres français tels que Édouard Vuillard et Pierre Bonnard, ses compositions classiques sont empreintes de l'intensité émotionnelle qui caractérisait une communauté homosexuelle au bord de la destruction.
En dépit de leurs sujets dévastateurs, les toiles de Hugh Steers sont remplies d'empathie, de pathos et même d'humour. Il est lui-même diagnostiqué séropositif en 1987, à l'âge de vingt-cinq ans. Bien qu'il soit mort précocement à l'âge de trente-deux ans, il réussit à produire une œuvre très aboutie et d’une grande maturité mettant en lumière les dimensions physiques et psychiques de la maladie auprès d’un plus large public en dépit d’une volonté assez généralisée et délibérée de l’ignorer.
Marqués par la nostalgie, l'isolement et le chagrin, ses portraits expressionnistes et réalistes intègrent une symbolique célébrant des habitants anonymes de la scène gay New-Yorkaise, une communauté en pleine désintégration, qui était auparavant insouciante, commémorant à la fois la perte des personnes et celle d'une culture entière.
Le commissaire de l’exposition Russell Tovey souligne : Dans une peinture de Hugh Steers, nous sommes les témoins de parcelles de l'existence quotidienne avec une telle authenticité et une telle vérité qu'elles en vibrent. Travaillant à une époque où la figure dans l'art n'était pas du tout considérée comme cool, Hugh Steers nous fait pénétrer dans l’univers de la fin des années 1980 et du début des années 1990 à New York qui, pour l'artiste et pour tant d'autres, était complètement assombri par le spectre du sida.
"Orange Bathmat", 1987 et "Blue Drape" 1987 de Hugh STEERS - Courtesy Galerie David Zwirner © Photo Éric Simon
Hugh Steers a mis à nu la réalité quotidienne de la maladie, nous forçant à en être les témoins. Ses représentations brutes et articulées choquent, mais obligent aussi à les regarder. On découvre que l'on veut les observer, les protéger et apprendre d'elles. Être le vecteur de la redécouverte de son œuvre est, bien sûr, un plaisir, mais contribuer à la faire découvrir auprès d'un public beaucoup plus large et plus contemporain est un grand privilège.
Le simple fait de s'asseoir devant une peinture de Hugh Steers nous permet de mieux nous comprendre, surtout dans le cadre d'une autre pandémie mondiale. Nous redécouvrons également l'histoire des homosexuels, les histoires anonymes et les vies quotidiennes - moments d'humour, petites joies et luttes dévastatrices - de nos amis perdus il n’y a pas si longtemps. L'histoire appartient à tout le monde, c'est une mémoire collective.
Hugh Steers (1962-1995) est né à Washington, DC, dans une dynastie politique américaine comprenant Gore Vidal, son oncle, et les Kennedy. Il développa un intérêt pour le dessin dès son plus jeune âge et, alors qu’il était pensionnaire à Hotchkiss dans le Connecticut, il s’échappait le week-end en dehors des limites de sa vie cloitrée lors d’incursions à New York pour aller danser au Studio 54 et draguer.
Hugh Steers a ensuite étudié l’art à l'université de Yale et voyagé en France et en Italie. Il obtient son diplôme avec mention en 1985 et débute immédiatement sa vie d’artiste à New York. Dans cette ville, Hugh Steers privilégie la pratique en atelier et vit dans divers logements bon marché ou dans des sous-locations illégales. Il est également un fervent adepte de la vie nocturne homosexuelle et devient un habitué de l'Area et des spectacles de travestis du lundi au Pyramid Club.
En 1987, il est diagnostiqué séropositif à l'âge de vingt-cinq ans. Il commence à imprégner ses compositions de symboles et de motifs associés, en mettant des cagoules et des sacs en papier sur la tête de ses personnages ou en les portraiturant vêtus de blouses de patients et dans des chambres d'hôpital.
Hugh Steers réalise une série de paysages pastoraux lors d'une résidence d'été à la Skowhegan School of Painting and Sculpture en 1991. Bien qu’asymptomatique durant plusieurs années, sa santé commence à se détériorer au début des années 1990. Après avoir présenté sa série Hospital Man, saluée par la critique en 1994, Hugh Steers subit une radiothérapie et une chimiothérapie pour traiter un cancer du cerveau.
En 1995, il meurt à New York de complications liées au sida à l'âge de trente-deux ans.
Galerie David Zwirner
108 rue Vieille du Temple
75003 Paris
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.