Mathieu DUFOIS « Le souffle, le pouls qui bat dans ces figures »
"Maque 10", 2022 de Mathieu DUFOIS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C Contemporary Art - Paris
Du 12 mars au 21 avril 2022
«Au lieu d’une vision à l’exclusion des autres, j’eusse voulu dessiner les moments qui bout à bout font la vie, donner à voir la phrase intérieure, la phrase sans mots, corde qui infiniment se déroule sinueuse, et, dans l’intime, accompagne tout ce qui se présente du dehors comme du dedans. Je voulais dessiner la conscience d’exister et l’écoulement du temps.
Comme on se tâte le pouls. Ou encore, en plus restreint, ce qui apparaît lorsque, le soir venu, repasse (en plus court et en sourdine) le film impressionné qui a subi le jour. Dessin cinématique.»
"Maque 08", 2022 de Mathieu DUFOIS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C Contemporary Art - Paris
Henri Michaux, Dessiner l’écoulement du temps, Passage, 1951 Quel est le statut d’une image, serait-on tenté de se demander en observant les œuvres de Mathieu Dufois ?
Depuis une petite quinzaine d’années, l’artiste mène un important travail sur le sujet: tout semble se mouvoir dans son œuvre, les images, à première vue figées, sont en fait mobiles. Elles soufflent et leur pouls bat longtemps dans la rétine de celles et ceux qui les observent.
Les espaces d’exploration de Mathieu Dufois sont tout aussi variés : friches industrielles, cinémas à l’abandon, architectures diverses... Il photographie visuellement les lieux qu’il rencontre, amasse et collecte des bribes de scènes cinématographiques, des clichés d’espaces ou d’archives diverses qu’il intègre ensuite dans ses dessins.
Ses œuvres sont un travail de mémoire, une collection de souvenirs, d’images qui comme des fantômes, continuent d’hanter nos esprits.
"Intervalle", 2022 de Mathieu DUFOIS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C Contemporary Art - Paris
Avec le même soucis d’exploration, Mathieu Dufois joue des possibilités plastiques qu’offre l’image dessinée. Ses dessins ne sont pas plats, ils bougent, s’animent, se dressent et s’élèvent parfois jusqu’à atteindre une troisième dimension.
C’est le cas des films d’animations et des maquettes de Mathieu Dufois, dont ces dernières sont à mi-chemin entre la sculpture et le dessin. Sortes de décorum composées d’images diverses issues des pérégrinations de l’artiste, les maquettes se suffisent à elles-mêmes ou, parfois, deviennent les supports des films d’animation de l’artiste se substituant ainsi à des décors de cinéma.
Très présente dans son travail, les citations au cinéma se retrouvent particulièrement dans sa série de «Masques», sortes de portraits d’acteurs et de figurants, où les personnages dessinés, le regard lointain, voient leur épiderme devenir le support de projections. Que disent-elles ?
Sont-ce les projections de ce que voient ces personnes ?
De ce qu’elles imaginent ?
Où se sont-elles tout simplement malencontreusement arrêtées devant le faisceau d’un projecteur ?
Réalisés à la pierre noire, ces «Masques» témoignent d’une grande maitrise technique de Mathieu Dufois qui dessine ces superpositions par un minutieux travail de réserve où le blanc du papier donne vie aux protagonistes du dessin.
"Nuée 2", 2022 de Mathieu DUFOIS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C Contemporary Art - Paris © Photo Éric Simon
Plus loin, la série des «Nuées» provoque un sentiment étrange : qu’y voit-on ?
Des enfants qui courent, les visages déformés par la vitesse. En arrière-plan, un paysage résidentiel figé et silencieux, un décor de nouveau, et un couple qui semble chercher à s’extraire de cette situation. Autant d’actions et de mouvements qui multiplient les lectures de ces dessins.
Comme dans une scène théâtralisée, l’action se déroule sur plusieurs plans et convoque irrémédiablement le hors champs. Que s’est-il passé avant et que se passera t-il ensuite ? Une liberté d’imagination, un champ des possibles que les œuvres de Mathieu Dufois nous laissent grand ouvert.
Les œuvres de l’artiste ont cette force évocatrice : si la technique reste sensiblement la même -la pierre noire-, le média change tandis que dans l’œuvre elle-même, un souffle décuple les niveaux de lecture, hante nos imaginaires qui s’interrogent : ces scènes, ne les a-t-on pas vécues, nous aussi ?
"Attente", 2022 de Mathieu DUFOIS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C Contemporary Art - Paris
Né en 1984 à Chartres, Mathieu Dufois vit et travaille à Tours. Entre 2002 et 2007, il étudie les arts-plastiques à l’Ecole des Beaux-arts du Mans. Après l’obtention de son diplôme, il travaille dans les Cours d’Assises afin de réaliser des portraits d’accusés
pour les journaux locaux.
C’est en 2008, lors de sa participation à la Biennale de Mulhouse, qu’il obtient le premier prix de la Jeune Création. Dès lors, son travail est diffusé dans différents centres d’art dont le CRAC de Sète, ou encore le CCCOD de Tours (en 2015 et 2020). Ses œuvres ont été également présentées dans différentes foires telles que Drawing Now, Art Paris ou l’Armory Show. Depuis 2010, une forte collaboration se créée avec le musicien Marc Hurtado dont celui-ci compose la bande-son de ses films situés entre l’animation et l’expérimental pour lesquels il conçoit notamment ses maquettes en 3D.
Installation "Exhumer", 2022 de Mathieu DUFOIS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C Contemporary Art - Paris
Les dessins de Mathieu Dufois regorgent de détails soignés, de points de vue habilement pensés et appliqués où, comme au cinéma, l’hors-champ joue un rôle primordial. Sa qualité de composition, que l’on retrouve dans les superpositions de ses figures consciencieusement élaborées, nous emporte dans une narration sans fin où nous déposons nos interprétations subjectives, nos affects, nos souvenirs et notre imaginaire. Ses dessins, systématiquement réalisés à la pierre noire ont cette matérialité si forte que nous y plongeons petit à petit, jusqu’à finir absorbé par la pénombre, le noir et la profondeur de cette matière.
Passionné de cinéma, Mathieu Dufois continue d’explorer son outil de prédilection, le dessin, en l’articulant avec l’art cinématographique, la matière sonore et l’installation.
En 2021 il participe à l’exposition Tout un film au Drawing Lab (Paris), sous le commissariat de Joana P.R. Neves. Il expose à cette occasion la pièce Et ne reste que le décor, une œuvre protéi-forme mêlant animation, maquette 3D et dessins à la pierre noire.
Nominé pour le Prix Sciences Po pour l’art contemporain en 2015, il est lauréat du Prix Art[ ]Collector en 2018 et fait partie, en 2021, des nominé.es pour le Prix Drawing Now Art Fair.
Galerie C Contemporary Art - Paris
6 Rue Chapon
F–75003 Paris
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.
61eme Salon de Montrouge - ACTUART by Eric SIMON
Du 4 au 31 mai 2016 Le Salon de la jeune création contemporaine depuis 1955 Rendez-vous incontournable de l'art contemporain et véritable tremplin pour les créateurs de demain, le Salon de Montr...
http://www.actuart.org/2016/05/61eme-salon-de-montrouge.html
DRAWING NOW 2016 - ACTUART by Eric SIMON
Du 30 mars au 3 avril 2016 Le salon du dessin contemporain a 10 ans ! La 10e édition anniversaire de DRAWING NOW PARIS | LE SALON DU DESSIN CONTEMPORAIN se tiendra au cœur de Paris du mercredi 30...
DRAWING NOW Art Fair 2018 - ACTUART by Eric SIMON
Du 22 au 25 mars 2018 Une 12è édition pleine d'attrait ! Avec la passion du dessin qui nous anime, Carine Tissot et moi-même, nous vous avons préparé une douzième édition riche de découvert...
http://www.actuart.org/2018/03/drawing-now-art-fair-2018.html