Yoshi TAKATA « Un regard sur Paris 1955 - 1987 »
"Sans titre (Pierre Cardin)", 1967 de Yoshi TAKATA - Courtesy de la galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais © Photo Éric Simon
Du 2 mars au 23 avril 2022
"C’est le mystère propre de la grande photo de nous ouvrir les yeux sur le réel puis de nous laisser là, surpris en train de surprendre, devant un aspect du monde dont nous n’aurons jamais la clef et munie cependant d’une certitude irremplaçable."
— Robert Doisneau
Au sein d’un projet spécial inédit, la galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais retrace trente ans de la carrière parisienne de la photographe japonaise Yoshi Takata. À travers une sélection de tirages d’époque qui explorent la photographie de mode par laquelle elle s’est fait connaître, mais aussi ses portraits et sa photographie documentaire, l’exposition permet de redécouvrir le travail d’une artiste au parcours singulier et au regard insolite.
"Contre-jour au jardin du Luxembourg", 1957 de Yoshi TAKATA - Courtesy de la galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais © Photo Éric Simon
"Religieuses au jardin du Luxembourg", 1958 de Yoshi TAKATA - Courtesy de la galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais © Photo Éric Simon
"Mimile le Charbonnier", 1959 de Yoshi TAKATA - Courtesy de la galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais © Photo Éric Simon
Découvrant Paris à leurs côtés, Yoshi Takata affine sa pratique, inspirée par leur façon de capturer des moments de réalisme poétique. Avec l’œil d’une étrangère qui intègre la capitale vibrante, la Parisienne d’adoption se démarque par le regard surréaliste qui alimente son travail. À la recherche de l’insolite et l’incongru, ses clichés sont souvent animés par une force étrange et un humour qui les distinguent de ceux de ses contemporains.
Des bouchers tentant de retenir une carcasse sont pris sur le vif par Yoshi Takata, leurs bras tendus faisant inconsciemment écho aux jambes de l’animal. La Tour Eiffel, à son tour, est transformée en mirage à l’horizon par l’atmosphère blanche d’un jour de brume et le regard particulier que porte Yoshi Takata sur la ville souvent qualifiée de berceau de la photographie de rue.
"Gloria Swanson à la Cinémathèque de Paris", 1974 de Yoshi TAKATA - Courtesy de la galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais © Photo Éric Simon
"Marlène Dietrich à l'Espace Cardin", 1973 de Yoshi TAKATA - Courtesy de la galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais © Photo Éric Simon
"Tsuguji Fujita dans son atelier", 1960 de Yoshi TAKATA - Courtesy de la galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais © Photo Éric Simon
"Alberto Giacometti et Annette", 1964 de Yoshi TAKATA - Courtesy de la galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais © Photo Éric Simon
À mesure qu’elle trouve sa place dans le Paris de l’après-guerre, Yoshi Takata photographie également ceux qui l’entourent dans des portraits intimes : le peintre japonais Tsuguharu Foujita à côté d’une toile en cours de réalisation, l’actrice américaine Gloria Swanson à la Cinémathèque française, ou encore le sculpteur suisse Alberto Giacometti assis à côté d’Annette Arm, son épouse et sa muse.
Sa documentation des grands artistes, écrivains et personnalités politiques de l’époque, à table ou dans leurs ateliers, constitue un lien important entre les scènes artistiques et intellectuelles parisiennes, japonaises et internationales.
"Picasso et Jacqueline à Cannes", 1960 de Yoshi TAKATA - Courtesy de la galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais © Photo Éric Simon
"Sans titre", 1968 de Yoshi TAKATA - Courtesy de la galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais © Photo Éric Simon
Peu après son arrivée à Paris en 1954, Yoshi Takata rencontre le couturier Pierre Cardin, dont elle devient la collaboratrice et une amie proche. Encouragée par Cardin, elle se lance dans la photographie de mode, qu’elle pratiquera pendant plus de quarante ans, tout en continuant de photographier Paris et de réaliser des portraits de son cercle de connaissances. Dans ses clichés de mode, Yoshi Takata conserve son don pour capturer l’insolite. Sortant souvent du studio pour des prises de vue en extérieur, elle fait poser une mannequin dans Pierre Cardin collection (1966) sur un site de construction et immortalise au même instant un ouvrier de passage jetant un regard furtif sur la scène devant lui.
Alliant son œil de photographe de rue et son humour, elle crée des associations inattendues qui donnent lieu à ses clichés modernes et originaux. Comme son ami Robert Doisneau l’a écrit dans une lettre sur leur métier commun, « dans une image photographique, chacun prend et montre la facette ou l’instant de cette réalité qui lui convient, le mieux pour prouver aux autres, que son univers poétique existe, pour leur en faire partager l’émerveillement d’un moment. »
Yoshi Takata est née à Yusima Mikumi-chô, près de Tokyo, en 1916. Issue d’une grande famille d’industriels, elle s’intéresse au journalisme et obtient son premier poste en tant qu’assistante interprète à l’Agence France Presse à Tokyo en 1947. Alors qu’elle dessine depuis plusieurs années, c’est en 1954, lors de son départ pour la France, qu’elle reçoit son premier appareil photo Nikon et décide de se consacrer à la photographie.
La même année, Yoshi Takata rencontre Pierre Cardin, aux côtés duquel elle pratiquera la photographie de mode jusqu’à la fin de sa carrière. À Paris, où elle vivra jusqu’à sa mort en 2009, elle constitue un important corpus de photographies de la ville et de portraits de ses connaissances qu’elle continuera d’alimenter sa vie durant.
Thaddaeus Ropac Paris Marais
7, rue Debelleyme
75003 Paris
Jours et horaires d’ouverture du mardi au samedi de 11h à 19h.