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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

04 May

Nick DOYLE « RUIN »

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Sculpture Contemporaine, #Expo Peinture Contemporaine

"Ruin", 2022" de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

"Ruin", 2022" de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

Du 19 mars au 28 mai 2022

 


La galerie Perrotin est heureuse de présenter la deuxième exposition de Nick Doyle avec la galerie et la première à Paris.

 

À cette occasion, l’artiste présente des tableaux-objets familiers sous l’angle de la dérision dans une organisation spatiale frontale, reprenant des clichés exacerbés de la masculinité et une vision sombre des territoires américains oubliés.

"American Milk" et "Quicksand", 2022 de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

"American Milk" et "Quicksand", 2022 de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

Le travail pictural et sculptural de l’artiste est une insertion dans l’imagerie d’Épinal nord-américaine, iconographie pop depuis le moment où la culture matérielle entre dans le champ des représentations.

 


Histoire et peinture de genres, génération d’images stéréotypées et autres modernités que l’artiste californien basé à New York prend sciemment et objectivement à revers. Ici, le low du sujet défit le high des œuvres dans un jeu de transfiguration de savoir-faire et de techniques minutieuses, luxueuses, qui engagent le travail de la main, le déploiement d’une virtuosité artisanale sur des registres de formes et formats non conformes.

"Hardened", 2022 de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

"Hardened", 2022 de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

À l’os, cruel, tel un réalisme intransigeant à la Joan Didion, le ready made se fond avec le man-made, dans un désespoir de bleus indigo quasi nocturne, entre chien et loup. Doyle, non sans un ton emprunt d’une s atire aigüe, mord les bords dévoyés de notre époque contemporaine, salement entropique.

 


D’emblée, l’on perçoit l’importance du choix des images préalables, « icônes » déceptives ou récalcitrantes, qui chacune prise pour son pouvoir évocateur, est la métonymie ou le storytelling critique d’une culture américaine tournée vers un présent passé.

 

Agrippée à une époque révolue et conservatrice et dont le modèle de réalité charrie des idéaux éculés.

 "We relivingina renaissance" et "Ghost 1", 2022 de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

"We relivingina renaissance" et "Ghost 1", 2022 de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

"Ghost 5" - "Wretch" ET "Ghost 3", 2022 de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

"Ghost 5" - "Wretch" ET "Ghost 3", 2022 de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

Un cactus épineux, un pinceau oublié sur son fait, un sac poubelle plein, un crayon brisé, une cravate phallique coupée, autant de signaux et emblèmes anodins d’une société matérielle lessivée, paysage tristement domestiqué dont l’a priori repose sur l’éternelle conquête du Farwest et des perpétuations d’un « mythe moderniste ».

 


Tel un plan large, la série d’objets dresse l’héritage et patrimoine made in the USA dont le cinéma, puis la culture pop se sont saisis.

Non loin de Kelly Reichardt, ici Doyle dépeint les affres et impasses d’une société en ruines, où artefacts et décors coexistent esseulés dans une prosodie mercantile.

"Soft", 2022 de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

"Soft", 2022 de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

Ses œuvres parodient les enseignes publicitaires, la cible ou la figure de tir. Là, la question de l’humain demeure l’énigme prépondérante : Si la figure humaine est réellement absente, par correspondances les objets sont acteurs.

 

L’échelle surdimensionnée des œuvres augmente cet effet corporel, s’y substitue même et interroge le spectateur, en miroir et écho. La consistance individuelle, du cowboy au trader notamment, est mise en question. Si grand et si vainc pourrait-on dire.

 

Outre la démesure des choses qui met en péril la véracité ou la probité de ce qui est vu, l’image objet est détournée, et en l’absence de fond ou de décor stable, le regardeur affronte les abords d’un monde évidé, copier-coller frontal, détouré et plus brutalement encore : il touche le (réalisme) factice. De loin.

"Whoops", 2022 de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

"Whoops", 2022 de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

De près, en trompe l’œil, la matière dessine les figures et les sujets de cette anthropologie déliquescente, et paradoxalement par la magnificence des techniques artisanales traditionnelles retrouvent les chemins d’une densité sensuelle, plastique et fondamentalement humaine.

 


Le geste de l’atelier transpire à la peau des objets reconstitués. Les savoir-faire déployés par Doyle sont inscrits dans les crafts et folklores vernaculaires américains, hybridés par nature. Cuir, denim, textiles réassemblés, le montage des surfaces recomposent le vraisemblable de l’image source.

"We Rein This Together", 2022 de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

"We Rein This Together", 2022 de Nick DOYLE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN Paris © Photo Éric Simon

Le jean, textile endémique adoptée en masse par l’Amérique, joue le rôle de matière première, autant terreau que ruine. La marqueterie de textile, centrale dans son travail, présente dans une gamme de teintes polychromes la quête de la restitution de la figure convoquée.

 

Telle une retranscription parente des savoir-faire de la tapisserie où la qualité de la définition se pose, l’enjeu d’une bonne résolution de la traduction, picturale, par les moyens et matérialités d’une écriture textile s’affirme. Ici la marqueterie, faite de ces fragments d’étoffes, toiles de jean assemblées et agencées, cousues et appliquées en une surface homogène reconstitue à la façon inverse d’une sérigraphie, l’imagerie dans le tableau.

 

High fidelity dans le plat de la marqueterie textile, dans le geste précis des intarsias et des accords colorés, dans l’assemblage figuratif. Virtuosité qui fait disparaître la gestuelle au profit de l’atelier, horizontalité joueuse au-delà de l’expression, et qui ajuste l’étrangeté de la frontalité picturale.

 


Alors, flatland oui certes, mais dans un grand reversement, le bouquet n’est pas la ruine que l’on pense, les matérialités donnent corps et consistance à une superbe, et dans l’exécution et l’intelligence de la main, façonnage et taillage du bois, quilting textile et gainage de cuir circonscrivent et dessinent les sujets d’une anthropologie figurale. Même s’il s’agit d’un pot renversé ou d’un cadenas, faire est humain.


—Mathieu Buard

Galerie Perrotin

76 rue de Turenne

Fr- 75003 Paris

 

 

https://www.perrotin.com

 

 

Horaires d'ouverture: Du mardi au samedi de 11h00 à 19h00.

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