03 Jun

Charles RAY

Publié par Eric SIMON - Catégories : #Expo Sculpture Contemporaine, #Expo Photographie Contemporaine

Du 16 février au 20 juin 2022

« Une sculpture est en puissance un essai écrit dans quatre dimensions de notre monde vécu, les trois dimensions de l’espace et celle du temps. »
- Charles Ray

La présence capitale de la sculpture au sein des collections du Musée national d’art moderne, dont l’emblème est l’Atelier Brancusi, témoigne de la vitalité et de l’importance de cet art à l’ère moderne et contemporaine.

Maintes expositions l’ont rappelé depuis l’inauguration du Centre Pompidou il y aura bientôt un demi-siècle, et celle de Charles Ray s’inscrit avec éclat dans cette lignée. Après une longue maturation, elle vient à point nommé, et pour la première fois en France, montrer et démontrer la force d’invention d’une œuvre sans équivalent qui s’est imposée au fil des dernières décennies comme l’une des plus marquantes parmi le paysage artistique actuel.

"Unpainted Sculpture", 1997 de Charles RAY - Courtesy Walker Art Center, Minneapolis © Photo Éric Simon

"Hand Holding Egg", 2007 "Handheld Bird", 2006 et "Chicken", 2007 de Charles RAY - Courtesy de l'artiste et de la Matthew Marks Gallery © Photo Éric Simon

Extrêmement varié, bien que relativement restreint en quantité, le corpus de Charles Ray pose dès l’origine, sans a priori aucun et selon une logique qu’il est juste de qualifier d’expérimentale, une question de principe, qui motive l’artiste et le fait œuvrer en direction d’un élargissement toujours plus sensible : Qu’est-ce que la sculpture ?

Les réponses sont multiples, comme il se doit, et Charles Ray s’emploie depuis ses débuts à faire fluctuer les versions qu’il peut en fournir.

"Plank Piece I", 1973 de Charles RAY - Courtesy de l'artiste et de la Matthew Marks Gallery © Photo Éric Simon

"Portrait of the Artist's Mother", 2021 de de Charles RAY - Courtesy de l'artiste et de la Matthew Marks Gallery © Photo Éric Simon

« Sculpture – scalp, ou sépulture ? », se demandait Michel Leiris dans un célèbre Glossaire paru en 1939 qui n’a cessé d’aiguiser les imaginations et de bousculer les idées reçues.

L’un et l’autre, répondra-t-on, trophée et monument intimement mêlés, mais aussi tant d’autres choses auxquelles le sculpteur donne ici forme pour nous en s’inspirant aussi bien des statues grecques antiques que du pop ou de l’art minimal, et en instaurant un domaine où l’ouverture et le partage sont de règle.

Car le travail de Charles Ray se distingue par son immédiateté, qui résulte, c’est là son paradoxe, d’une élaboration étendue le plus souvent sur des années.

"Self-Portrait", 1990 de Charles RAY - Courtesy de l'artiste et le Centre Pompidou © Photo Éric Simon

"All My Clothes", 1973 de Charles RAY - Courtesy de l'artiste et Glenstone Museum, Potomac (Maryland) © Photo Éric Simon

"Shoes Tie", 2012 de Charles RAY - Courtesy de l'artiste et Collection Particulière © Photo Éric Simon

Chacune de ses œuvres signe le moment ultime d’une histoire aussi longue que complexe, qui est celle de sa conception (mentale) et de sa production (matérielle) menées de manière simultanée. « Une sculpture est en puissance un essai écrit dans quatre dimensions de notre monde vécu, les trois dimensions de l’espace et celle du temps », remarque-t-il dans l’un de ses textes (Ray est aussi un critique très éclairant de sa propre œuvre et de l’histoire de la sculpture, ainsi que le présent ouvrage permet de le découvrir de façon détaillée).

Par le jeu subtil de leur espacement, par leur syntaxe, ses œuvres créent l’espace qu’elles occupent. Par la dimension temporelle qu’implique leur appréhension, qui suppose des spectateurs en déplacement, partagés entre regard éloigné et vision rapprochée, elles suscitent un récit qui participe d’une double durée : celle de leur expérience, perpétuellement en devenir, et celle, tout aussi illimitée, des échos personnels ou historiques qu’elles font résonner en chacune et chacun.

"Fall' 91", 1992 de Charles RAY - Courtesy de l'artiste et de la Broad Art Foundation © Photo Éric Simon

"Family Romance", 1993 de Charles RAY - Courtesy de l'artiste et Pinault Collection © Photo Éric Simon

Forte d’un ensemble d’œuvres représentatif de toutes les facettes de la pensée de leur auteur, dont l’arbre monumental Hinoki (qui n’avait encore jamais quitté les États-Unis) et imaginée par Jean-Pierre Criqui, conservateur de la collection contemporaine du Mnam, en étroite collaboration avec Charles Ray, cette exposition propose une promenade en un lieu à habiter par le corps autant que par l’esprit.

Une autre exposition de l’artiste, de part en part différente de celle du Centre Pompidou, se tient à la Bourse de Commerce-Pinault Collection et vient évoquer la figure de Janus, à la fois double et autre, chère à Charles Ray.

"How a table Works", 1986 de Charles RAY - Courtesy de l'artiste et The Museum of Contempary Art, Los Angeles © Photo Éric Simon

"Mime", 2014 de Charles RAY - Courtesy de l'artiste et Glenstone Museum, Potomac (Maryland) © Photo Éric Simon

"Puzzle Bottle", 1995 de Charles RAY - Courtesy de l'artiste et the Whitney Museum of America Art, New York © Photo Éric Simon

Nous nous réjouissons de cette collaboration qui permet d’appréhender une part très importante de l’œuvre de Charles Ray. Que toutes celles et ceux qui ont travaillé à ces deux expositions et qui ont permis à ce projet commun de se réaliser, au Centre Pompidou comme à la Pinault Collection, soient vivement remerciés.

Commissariat : Jean-Pierre Criqui, conservateur, service de la collection contemporaine, Musée national d’art moderne, assisté d’Annalisa Rimmaudo, attachée de conservation au service de la collection contemporaine, Musée national d’art moderne.

Le Centre Pompidou

Galerie 2, niveau 6
75191 Paris cedex 04

https://www.centrepompidou.fr

Tous les jours (sauf mardis) de 11h à 21h.