Isabelle LÉVÉNEZ «I.L.»
Série Migrants "Sans Titre", 1998 - 2009 de Isabelle Lévénez - Courtesy de la Galerie Isabelle Gounod © Photo Éric Simon
Du 7 mai au 28 mai 2022
hommage à Isabelle Lévénez
A l’intérieur d’une pièce dont la blancheur immaculée des murs aveugle le regard circule la silhouette d’un homme qui semble en chercher la sortie. Considérée a posteriori, cette toute première vidéo d’Isabelle Lévénez porte en germe les questionnements primordiaux de sa démarche et révèle le rôle vectoriel qu’y occupe la lumière.
Elle souligne la part existentielle de la figure humaine face à sa destinée, son irrémédiable isolement et sa difficulté d’être, tout en même temps que la quête d’un absolu, d’une forme de beauté pure, condition sine qua non de sa survie.
La prise de conscience par l’artiste de l’ambivalence des initiales de son identité l’a notamment conduite à développer son œuvre comme à l’écho de la formule du poète - « Je est un autre ».
A l’intérieur de compositions dont le dessin et la couleur sont dans une extrême tension, I.L. n’a eu de cesse de multiplier dans son travail l’idée d’une duplicité tant par les jeux de dédoublement de la figure du corps que par ceux d’échanges de souffle et de sang.
Quelque chose d’un enjeu fondamental est à l’œuvre dans chacune de ses œuvres qui souligne la fragilité de la condition humaine.
Série Migrants "Vers les hommes", 2018 de Isabelle Lévénez - Courtesy de la Galerie Isabelle Gounod © Photo Éric Simon
Ecritures, crânes, têtes, bustes..., tout ici se donne à voir en situation de risque, dans une troublante dualité, entre apparition et/ou disparition, entre délitement et effondrement, dans le flux d’une matière qui stagne et s’imprègne ou qui coule et s’épanche. L’œuvre d’I.L. procède ainsi d’une forme de vitalisme qui balance entre le jour et la nuit, la naissance et la mort.
Elle opère parfois comme la lumière dont l’intensité, portée à son extrémité, cède le pas à son contraire et nous plonge dans l’obscurité d’un aveuglement. Ce en quoi elle ne nous laisse jamais indemne.
Philippe Piguet, avril 2022
Série Migrants "Jours de pouvoir", 2018 de Isabelle Lévénez - Courtesy de la Galerie Isabelle Gounod © Photo Éric Simon
Née en 1970, Isabelle Lévénez sort diplômée des Beaux-Arts de Nantes en 1993 puis obtient, l’année suivante, un master en arts plastiques à l’Institut des Hautes Études de Paris. Elle complète sa formation par un cursus en Arts et métiers multimédia.
Dès 1994, elle participe à ses premières expositions collectives telles qu’« Art vidéo » à la Galerie Shimin au Japon ou « Passages » à l’Espace Turquetil à Paris. Elle est successivement représentée par les Galerie Anton Weller (1994-2006), Galerie Aeroplastics (2008), Galerie Isabelle Gounod (2009-2014) et H Gallery (2018-2020).
Isabelle Lévénez est décédée, le 19 octobre 2020, à l’âge de 50 ans. Tout au long de sa carrière, elle n’a cessé d’interroger la thématique du corps dans ses dessins, installations et vidéos.
Galerie Isabelle Gounod
13 rue chapon
75003 Paris
France
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.