Richard DI ROSA « La Statuaire Libre »
"Alfred", 2022 de Richard DI ROSA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Vallois © Photo Éric Simon
Du 2 juin au 2 juillet 2022
« J’abstrais du réel des formes sensibles
Avec le matériel, je veux dire de l’immatériel
Le figuratif m’intéresse mais pas l’anecdotique, ni le joli ;
mes figures doivent produire des effets, être fortes.
Je veux donner envie de palper de l’impalpable. »
- Richard Di ROSA
Cette nouvelle exposition à la Galerie Vallois est pour Richard Di Rosa l’occasion de donner à voir son long cheminement dans l’art de la statuaire.
En effet, à contre-pied de l’art conceptuel mais aussi à contre-pied de la statuaire classique, Richard Di Rosa ne cesse d’affirmer sa liberté de plasticien figuratif et avance toujours plus loin dans le dialogue avec ses regardeurs.
Quarante ans déjà que Richard Di Rosa œuvre pour créer son propre langage nourri de Pop Art, de musiques punk et rock, du graphisme de B.D. tout en allant se confronter aux grands maîtres de la sculpture, César, Miro, St Phalle... Richard Di Rosa, c’est cette alliance détonante entre une culture populaire, jamais reniée, forte en émotions immédiatement et universellement partagées, et une exigence de plasticien en quête d’absolu et de partage sensoriel.
"Elvis", 2022 de Richard DI ROSA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Vallois © Photo Éric Simon
"Jerry Lee Lewis", 2022 de Richard DI ROSA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Vallois © Photo Éric Simon
Le titre de l’exposition est Statuaire libre, en écho à la Figuration libre, mouvement artistique auquel a participé Richard Di Rosa et qui est apparu au tout début des années 80, selon l’appellation donnée dans le journal Libération1 par l’artiste Ben Vautier, qui s’y connaît en matière de liberté, d’exubérance et de stimulation tous azimuts.
Au lieu d’imiter les formes du monde réel, Richard Di Rosa est d’emblée dans un monde ludique, à la limite du cartoon, mais prenant vie, comme si les figures graphiques franchissaient le seuil de l’incarnation. Pendant plusieurs années, il explore cet univers devenu commun aux frères Di Rosa avant que Richard ne décide de creuser son sillon, celui des arts plastiques en volume, en particulier de la statuaire.
"Stella", 2022 de Richard DI ROSA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Vallois © Photo Éric Simon
Pour Philippe Piguet, dans les années 80, " si le marché de l’art retrouve des couleurs, c’est beaucoup grâce à cette liberté retrouvée de la figure et de la peinture 2 ".
Les artistes actuels du street art, les graffeurs, reprennent cette liberté d’une création figurative refusant toute contrainte. Mais le choix de la sculpture propulse Richard Di Rosa vers d’autres problématiques. Au départ la motivation plutôt naïve, enfantine partagée avec son frère de mettre en volume des personnages pour leur donner vie, ou du moins pour créer un effet de réel plus fort.
De la figure à la figurine... Mais en aucun cas Richard Di Rosa ne partait d’un dessin pour une mise en volume ; dès l’origine, se posait la question du choix et de la relation au matériau, et sa créativité se traduisait par l’invention d’une grammaire plastique. Les yeux, les bouches, les tiges de métal ,tordues de Richard Di Rosa se reconnaissent entre mille ! À l’arrivée donc, un style, une signature immédiatement identifiable et des années d’exploration pour l’invention d’une statuaire libre.
"Poussin", 2022 de Richard DI ROSA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Vallois © Photo Éric Simon
"Jiminy Cricket", 2022 de Richard DI ROSA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Vallois © Photo Éric Simon
Exploration de sa liberté de plasticien : ouvrir à toutes les figures possibles, figures réalistes, fantastiques, abstraites ; jouer à la frontière de la 2D et de la 3D ; abstraire des formes figuratives de la matière pour créer un langage plastique le plus partageable possible, à la fois accessible et poétique, sensoriel et affectif, sollicitant nos imaginaires.
La liberté du plasticien se traduit aussi par l’éclectisme des matériaux utilisés : bois, fer, polyester, bronze, marbre, verre, pâte à modeler, objets de récupération. Intérêt pour les inventions technologiques qui aident à repousser les limites matérielles d’une figuration en 3D.
Richard Di Rosa, lors de ses rencontres avec César, a été frappé de l’importance que celui-ci accordait à ces innovations : il a fallu l’invention du poste de soudure à l’arc pour que devienne possible la soudure de barres de métal. Propos d’artiste : " Je profite des avancées de mes prédécesseurs ; sans soudure à l’arc je n’aurais pas pu faire mes sculptures-silhouettes avec les fils de fer, telles le Taïnos. "
"Hommage à Miro", 1992 de Richard DI ROSA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Vallois © Photo Éric Simon
"Silhouette de sac", 2022 de Richard DI ROSA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Vallois © Photo Éric Simon
La Révolution du matériau participe de l’invention d’une liberté qui tend à pousser toujours plus loin les limites. Richard Di Rosa utilise un savoir-faire ancestral tout en étant ouvert aux nouvelles technologies ; car il est intimement convaincu que la technique ne fait pas l’œuvre d’art mais que chaque nouveauté technique ouvre le champ des possibles.
Sa conception de la liberté passe par la reconnaissance d’une filiation qui n’est pas retour à une tradition mais propulsion à partir d’une épaule de géant. Ses géants personnels avec lesquels il ne cesse de dialoguer sont : Calder, Miro, Moore, Saint-Phalle...
La liberté des regardeurs de ses œuvres : sa liberté de plasticien ne se pense pas sans celle de ceux qui reçoivent ses œuvres. Ses sculptures sont adressées car Richard Di Rosa se passionne pour les effets de l’œuvre de l’art. En effet, Richard Di Rosa est lecteur assidu d’Antonio Damasio grand scientifique qui a rendu accessibles les découvertes neurologiques et psycho-cognitives, les plus récentes. Dans L’Ordre étrange des choses, celui-ci met au jour la symbiose d’un corps pensant, la fabrication personnelle de cartes de représentations qui engendre la diversité des réceptions.
Par ses sculptures Richard Di Rosa cherche à faire vibrer via les sensations des émotions et à les transformer en sentiments. S’il n’est pas un artiste à message – Richard Di Rosa aime à reprendre cette phrase : " Pour les messages il y a Western-Union " ―
"Déesse Ukrainienne", 2022 de Richard DI ROSA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Vallois © Photo Éric Simon
c’est parce que pour lui le sens ne peut émaner que des effets relationnels tissés par ses œuvres avec leur regardeur. Il se décrit comme un chercheur en émotion : quête de formes expressives, de formes suscitant des échos, des affects, des imaginaires, sans pour autant être identifiées précisément; quête de volumes et de surfaces produisant des effets sensibles, sensoriels et affectifs.
"Mr. U (Bleu)", 2022 de Richard DI ROSA - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Vallois © Photo Éric Simon
La statuaire ou l’art de la figure debout : une exposition conçue comme un manifeste pour une statuaire libre. Statuaire, à quoi pensons-nous ?
Nos jardins, nos places, nos musées sont encore peuplés de ces statues qui semblent renvoyer au goût de l’humanité pour commémorer, ou pour imiter une gestuelle humaine ou animale. Si nous quittons nos contrées, ou notre époque, nous pouvons songer à la statuaire totémique, aux statues iconiques de l’art sacré.
Plutôt que d’aller vers l’hyperréalisme de statues mannequins, Richard Di Rosa a inventé des motifs figuratifs qui sont déjà des stylisations du réel et dont l’assemblage vise à guider le regard et la réflexion.
Ses différents séjours en Afrique (Zimbabwe, Ghana et Bénin) l’ont confirmé dans l’idée que la statuaire est un art de la présence, un art dont le secret réside dans la condensation d’effets dans la mise en forme d’une matière.
Richard Di Rosa n’a pas de complexe d’appropriation culturelle car pour lui il ne s’agit pas de faire à la manière de, mais de dialoguer en mêlant les influences : les Mumuyé ou les Jumeaux présentés lors d’expositions précédentes à la Galerie Vallois sont nés de ses rencontres avec un art totémique.
Geneviève Di Rosa
Professeur agrégé, docteur, ESPE de Paris – Université Paris-Sorbonne.
Épouse de l’artiste et spécialiste de son oeuvre
1. Libération, 29 septembre 1981, propos recueillis par Paul et Guy.
2. Philippe Piguet, Les riches heures de la figuration libre, historique et réception, catalogue La Figuration
libre, historique d’une aventure, Musée Paul Valéry, 2015
Galerie Vallois
35, rue de Seine
75006 Paris
https://www.galerierobertvallois.fr/
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi, de 10h à 13h et de 14h à 19h.
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