28 Sep

Andreas SLOMINSKI « Campagne Captivante »

Publié par Eric SIMON

"Untitled", 2021 de Andreas SLOMINSKI - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac © Photo Éric Simon

Du 3 septembre au 8 octobre 2022

Les pièges sont des éléments déterminants dans l’œuvre d’Andreas Slominski, tant au sens figuré qu’au sens propre. Les œuvres présentées dans cette exposition comprennent une série de motifs tirés de cartes de vœux et de cartes à jouer historiques, que l’artiste modifie, agrandit et transfère sur des feuilles d’affiches produites par la société allemande Begeisternder Wahlkampf (Campagne Captivante).

Conçue à l’origine pour des messages politiques exagérés, voire choquants, l’affiche électorale est reconvertie en image sentimentale qui invite le spectateur à découvrir la poésie cachée dans le banal.

"Untitled", 2021 de Andreas SLOMINSKI - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac © Photo Éric Simon

Slominski a commencé à travailler sur la reproduction de motifs de cartes postales sur des formats plus grands dès le milieu des années 1990, mais n’était jamais tout à fait satisfait du rendu imprimé. Les dernières évolutions dans le domaine des technologies d’impression, qui permettent une qualité bien supérieure, ont incité l’artiste à revisiter le sujet des cartes postales pour cette série d’œuvres.

Slominski y reconfigure un moyen de communication destiné à l’origine à un usage temporaire et l’élève au rang d’œuvre d’art.Protégées par du plexiglas, l’artiste rehausse la valeur des affiches et instaure en même temps une barrière entre elles et le spectateur.

Les motifs tirés des cartes postales montrent des scènes de genre néerlandaises ou des intérieurs nostalgiques, avec des personnages représentés en costumes traditionnels effectuant des activités du quotidien. En plus d’être un moyen de communication, les cartes postales illustrant des pays spécifiques étaient des objets populaires de collection au début du XXe siècle.

"Untitled", 1995/2022 de Andreas SLOMINSKI - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac © Photo Éric Simon

Celles-ci offraient une représentation stéréotypée de pays ou cultures différents et permettaient ainsi aux collectionneurs de structurer et de cataloguer le monde. Les motifs des œuvres de Slominski proviennent des archives de cartes postales du musée d’Altona, ainsi que de la collection personnelle de l’artiste.

Comme dans un album, Slominski assemble les objets trouvés à la manière d’un puzzle, formant ainsi une représentation soi-disant complète de la réalité.

La distinction entre le familier et l’étranger dans les motifs néerlandais n’est pas clairement définissable pour l’artiste, qui est né à Meppen en Basse-Saxe, une ville située près de la frontière germano-néerlandaise.

"Federsystem Garage door Springs" de Andreas SLOMINSKI - Courtesy de l'artiste et de la galerie Ropac © Photo Éric Simon

Partagé entre ces deux pôles, Slominski crée des œuvres d’art remarquables et presque irritantes qui, en banalisant le mode de vie néerlandais, semblent à la fois familières et excentriques. Les scènes de vie rurale et, à première vue, idyllique, permettent diverses associations. En y regardant de plus près, ces représentations parfois clichées révèlent une vision sentimentale du passé.

Toutes les œuvres de Slominski peuvent être considérées comme des « pièges » au sens figuré et, on décèle donc une certaine malice dans sa représentation de cartes à jouer inversées. L’artiste joue un jeu de cache-cache avec le spectateur, pour lequel le contenu réel des cartes reste caché. En termes iconographiques, la représentation des cartes à jouer sert souvent de mise en garde contre les tentations du jeu, qui peuvent conduire à des querelles, à la ruine financière ou même au meurtre. Naviguant entre
humour et gravité, l’exposition montre une représentation ordonnée du monde créé par Slominski, qui met le spectateur au défi de se redéfinir en son sein.

Andreas Slominski a étudié à la Hochschule für Bildende Künste de Hambourg, et vit et travaille aujourd’hui entre Hambourg et Werder. Ses expositions personnelles dans des musées comprennent la Hamburger Kunsthalle, Hambourg (1995 et 1997) ; Deutsche Guggenheim, Berlin (1999) ; Serpentine Galleries, Londres (2005) ; Museum für Moderne Kunst, Francfort (2006) ; Museum Bojimans Van Beuningen, Rotterdam (2007) ; Neuer Berliner Kunstverein, Berlin (2013 et 2014) ; Deichtorhallen Hambourg (2016); et Museum Jorn, Silkeborg, Danemark (2017).

Sa dernière exposition, St. Andreas Slominski (2022), s’est récemment conclue au Kunstmuseum St. Gallen en Suisse.

Galerie Ropac

7 Rue Debelleyme

Fr-75003 Paris

https://ropac.net/

Jours et horaires d'ouverture: du mardi au samedi de 10h à 19h.