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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

09 Jan

Markus AKESSON «The Roses of Heliogabalus »

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Peinture Contemporaine, #Expo Sculpture Contemporaine

Detail "The Roses Of Heliogabalus (Sanctuary)", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

Detail "The Roses Of Heliogabalus (Sanctuary)", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

Du 3 décembre 2022 au 14 janvier 2023

 

« Absorbé dans la contemplation de la beauté sublime, je la voyais de près, je la touchais pour ainsi dire. J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux-Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. »

Stendhal, Rome, Naples et Florence (1826).

 

En 1826, lorsque Henry Beyle, dit Stendhal, fait le récit de son voyage en Italie dans l'ouvrage Rome, Naples et Florence, il relate avec effusion le déferlement émotionnel que lui procure la contemplation des fresques peintes de la chapelle Niccolini lors d'une visite de la basilique Santa Croce. Cet étrange malaise qui alors le frappe, sensation très physique de vertige induite par un trop-plein de beauté, donnera par la suite son nom à un trouble documenté en psychiatrie : le Syndrome de Stendhal.

"Book Of Revelation II", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

"Book Of Revelation II", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

"The Roses Of Heliogabalus (The Excess)", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

"The Roses Of Heliogabalus (The Excess)", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

Chez Stendhal, comme chez Åkesson, la beauté ravit autant qu'elle écrase. Elle s'insinue dans chaque interstice du tableau sous la forme de motifs ornementaux obsessionnels, répliqués en série sur les tissus moirés qui couvrent les fonds et les corps de pied en cap. Ici, plus rien ne paraît des individus qui peuplent ces portraits.

 

Ce ne sont plus d'ailleurs des individus-même, mais les allégories d'une énigme que Markus Åkesson cherche à mettre au jour.

 

Quelle est-elle ?

"Danse Macabre", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

"Danse Macabre", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

"Ibis" et "Cat", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

"Ibis" et "Cat", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

Depuis plusieurs années, avec patience et minutie, l'artiste suédois vient encrypter sur la toile ou graver sur verre des narrations dédaléennes où s'entremêlent histoire de l'art, ésotérisme, mythologie et psyché humaine.

« Je veux contrôler l'histoire racontée par le motif. Les symboles liés entre eux approfondissent le niveau de récit du tableau, certains pans de l'histoire sont ainsi volontairement cachés » explique t-il.

 

Les modèles, engoncés dans le tissu, trahissent le sous-texte enfoui dans le sujet, un niveau de lecture plus obscur comme dans ces anciennes fables qui laissent entendre plusieurs morales. L'interprétation, volontairement ouverte, dépend ainsi du degré d'implication du spectateur.

 

Va t-il rester à la surface, happé par la séduction formelle et esthétique de l'œuvre ?

Ou va t-il tirer le fil de la toile absconse tissée par l'artiste, tombant de plus en plus bas, creusant de plus en plus loin dans les méandres du rêve ?

"Pimm Bud (Dream Of Me)", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

"Pimm Bud (Dream Of Me)", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

"The Roses Of Heliogabalus (The Defender)", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

"The Roses Of Heliogabalus (The Defender)", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

Markus Åkesson convoque dans ses œuvres récentes les figures artistiques d'Albrecht Dürer, dont il cite L'Apocalypse (1496-1498) puis La sorcière (ca. 1500), et de Sir Lawrence Alma-Tadema, à qui il emprunte ses Roses d'Héliogabale (1888).

 

Parce que ces derniers ont constellé ces travaux de détails mystérieux qui lui-même l'intriguent en tant qu'artiste, Åkesson va régler son propre pas dans le pas de ses pairs. Et à une question d'ordre visuel, il va tenter de répondre dans la même langue, plastique. Ces sources d'inspiration révèlent la persistance d'une fascination pour l'étrange, ou plutôt pour l'inquiétante étrangeté.

 

L'Histoire Auguste rapporte qu'Héliogabale, sulfureux empereur romain au règne aussi court que décadent, aurait organisé des banquets orgiaques au cours desquels des monceaux de fleurs étaient déversés brusquement sur les convives, dans des quantités telles que certains d'entre eux finissaient asphyxiés.

 

Dans le tableau d'Alma-Tadema comme dans les hommages qu'Åkesson lui rend, l'excès de beauté et de raffinement fait s'étirer l'œuvre sur les rives du cauchemar. Après tout les figures åkessonniennes ne suffoquent-elles pas sous le poids de l'iconographie luxueuse qui les camoufle ?

"The Wolf, the Moon And The Lost Coin", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

"The Wolf, the Moon And The Lost Coin", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

"The Roses Of Heliogabalus (Pink Roses), after Satoshi SAIKUSA", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

"The Roses Of Heliogabalus (Pink Roses), after Satoshi SAIKUSA", 2022 de Markus AKESSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Da-End © Photo Éric Simon

 Depuis plusieurs années, l'artiste suédois matérialise dans son travail une forme de renouveau de « l'art pour l'art » cher aux britanniques de l'Aesthetic Movement et du courant Arts and Crafts. Ainsi ses sculptures en verre serti d'or et parsemées de motifs alchimiques, rappellent-elles d'antiques pots à encens orientaux et autres jarres précieuses, sans toutefois en avoir la fonction.

 

Seule la dimension décorative et esthétique, tout comme l'énigme dissoute dans le détail, comptent. Parce qu'elles semblent entièrement dédiées au plaisir visuel ou tactile du visiteur, les œuvres de Markus Åkesson causent une émotion capable, comme chez Stendhal, de nous faire aussi bien vibrer que défaillir. Et c'est précisément au sommet de cette fine crête entre confort et inconfort, entre charme et danger, excès et artifice qu'il préfère évoluer.

Fanny Giniès

 

1. Graziella Magherini, La sindrome di Stendhal. Il malessere del viaggiatore di fronte alla grandezza dell'arte (1989)

2. Entretien avec l'artiste, octobre 2022

 

Galerie Da-End

17 rue Guénégaud

75006 Paris

 

http://www.da-end.com/

 

Jours et horaires d’ouverture du mardi au samedi de 14h à 19h.

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