CACHE-CACHE
Détail "Clovers", 2022 de Adrian GELLER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
Du 7 janvier au 25 février 2023
Le souvenir d’une certaine image n’est que le regret d’un certain instant.
- Marcel Proust
L’exposition de groupe Cache-cache réunit pour la première fois à la galerie les oeuvres des artistes Adrian GELLER, Nathannaëlle HERBELIN, Dora JERIDI, Nino KAPANADZE, Elené SHATBERASHVILI.
À travers une série d’une vingtaine d’œuvres, cette exposition nous invite à l’interprétation des souvenirs d’enfance des artistes.
Les peintures présentées ne révèlent pas des images réelles de leur passé mais explorent une enfance reconstruite, et sa transformation narrative. En replongeant dans cet « édifice immense du souvenir », chaque artiste imagine une sorte de fiction autobiographique, un voyage quasi psychanalytique à travers sa pratique.
Pour le jeune enfant qui ne possède pas de réel repère de temps et d’espace, le jeu de cache-cache est salutaire. Il lui permet d’envisager que lorsque l’adulte n’est plus visible, il ne disparait pas complètement, et le plaisir de la réapparition engendre la surprise et le cri nerveux du soulagement.
"Camouflage", 2022 de Adrian GELLER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
"Chambre de mes parents #2", 2019 de Elené SHATBERASHVILI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
À partir de ce postulat, les cinq artistes ici présentés ont été invités à sonder les inconscients et les clair-obscurs de leurs souvenirs. Proust avait intuitivement saisi l’importance de l’introspection, le traumatisme psychique sur le développement des conflits inconscients de l’enfant, sur son caractère, son identité, sa sexualité, jusqu’à la perte et le deuil.
Évidemment, notre mémoire est soumise à diverses formes de distorsion, et nos souvenirs sont des fragments recomposés d’évènements réels : ils sont comme des pièces d’un puzzle qui ne s’assembleraient pas tout à fait. Finalement la mémoire, même précise, des souvenirs d’enfance de l’artiste pourrait avoir une fonction de dépistage sur ses recherches esthétiques et iconographiques de peintre adulte.
Car le temps, dans la peinture, coule dans toutes les directions, vers le passé sans doute mais aussi vers l’intemporel.
"Beetleskin", 2022 de Adrian GELLER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
Adrian Geller est né en 1997 à Bâle,. Il vit et travaille à Paris. Virtuosité et poésie sont les maitres mots de son oeuvre à la pluralité sans limites, tant à travers les sources d’inspiration que le choix de médiums.
Puisant à travers des thèmes littéraires illustres ou des anecdotes de la vie quotidienne, son regard sur le monde et sur la nature nous renvoie à un imaginaire où la présence de l’homme est souvent de trop, inquiète ou décalée.
"Hide and Seek (Cache cache)", 2022 de Nino KAPANADZE - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
Nino Kapanadze est née en 1990 à Tbilisi, Georgie. Elle vit et travaille à Paris. Par sa grande maitrise de la couleur et de la ligne, elle réalise des scènes intimes, parfois peuplées de figures fantomatiques déployant une iconographie familiale souvent utopique et fantasmée.
Mais pourtant pour cette jeune artiste, le sujet n’est qu’un prétexte à une expression picturale puissante et sans retenue : figuration ou abstraction, elle se refuse à choisir et recherche avant tout l’émotion et la liberté à travers une pratique sans relâche de la peinture.
"Tusheti", 2021 de Elené SHATBERASHVILI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
Elené Shatberashvili est née en 1990 à Tbilissi, Géorgie. Elle vit et travaille à Paris. L’intimité de l’univers d’Elené est à la fois pudique et se montre à voir, dans des compositions dans lesquelles elle se met en scène pour mieux s’effacer.
La palette est éblouissante et sert une composition où les éléments s’entremêlent et où les plans se mélangent. Cette maitrise hors pair de la peinture accompagne une sensibilité fragile et un travail sur une identité complexe.
"Two friends", 2022 de Elené SHATBERASHVILI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
"La Chevauchée", 2023 de Dora JERIDI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
Dora Jeridi est née en 1988 à Paris. Elle vit et travaille à Paris. La peinture inclassable de Dora est marquée au fer rouge par une profusion d’émotions et par un vécu émotionnel et physique qui ne laisse pas indifférent. La puissance de la peinture est portée par une maitrise totale de la couleur et de la ligne.
Ses compositions parfois baroques, parfois violentes, et parfois épurées sont toujours des sortes de tableaux symphoniques à la mélodie entrainante. Ce furieux besoin d’expression est superbement maitrisé par des constructions d’espaces qui se juxtaposent sans être imperméable à des formes étranges qui viennent nous questionner et nous faire douter.
"Sleep", 2022 de Nathanaëlle HERBELIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
Nathanaëlle Herbelin est née en 1989 en Israël. Elle vit et travaille entre Paris et Tel Aviv. Douce, sensuelle et lumineuse, la peinture de Nathanaëlle Herbelin nous plonge dans une intimité composée de sensations familières et rêveuses presque universelles.
Les scènes d’intérieur sont des instants volés où les personnages sont croqués dans un moment de rêverie et ses portraits sont des miroirs psychologiques des êtres qu’elle aime et qui l’entourent. Mais toujours les œuvres sont baignées par une certaine étrangeté et une douceur bienveillante qui nous plonge dans une mélancolie délicieuse.
Galerie PERROTIN
76 rue de Turenne
75003 Paris
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 10h à 18h.