Cerith WYN EVANS «No realm of thought...»
Du 14 janvier au 25 février 2023
Le plan d'immanence n'est pas un concept pensé ou pensable, mais l'image que la pensée, l’image qu’elle se donne de ce que signifie penser, faire usage de la pensée, s’orienter dans la pensée...
– Gilles Deleuze
La Galerie Marian Goodman a le plaisir de présenter deux expositions de Cerith Wyn Evans à Paris et à New York, dévoilant de nouvelles sculptures et installations. Internationalement reconnu pour magnifier l'usage de la lumière, Cerith Wyn Evans a développé au cours des quatre dernières décennies une œuvre sculpturale unique.
Qu'il transpose des mouvements, du texte ou des sons en œuvres lumineuses ou qu’il explore les confins de la visibilité, Cerith Wyn Evans cherche à engager le spectateur sur une voie discursive, interrogeant sa perception de l'espace, de la lumière, du son, du langage et de l'objet. Relevant aussi bien du « domaine de la pensée » que du « champ de la vision », ses œuvres multi-référentielles jouent avec leurs environnements et appellent des interprétations multiples.
"Neon after Stella (Study for Valle de los Caidos)", 2022 de Cerith WYN EVANS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN Paris © Photo Éric Simon
Neon after Stella (Arundel Castle)", 2022 de Cerith WYN EVANS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN Paris © Photo Éric Simon
Depuis la création de sa première œuvre en néon en 1994, Cerith Wyn Evans a progressivement utilisé les tubes luminescents pour dessiner dans l’espace. Les deux expositions donnent à voir la dernière série de grandes sculptures en néon inspirées des
Black Paintings (1958-1960) de Frank Stella.
A Paris comme à New York, chacune des œuvres suspendues Neon after Stella (2022) tire son inspiration géométrique d'une peinture de Frank Stella, telle une transcription littérale en trois dimensions des compositions bidimensionnelles. Les bandes noires sont ainsi transposées dans les intervalles ou les espaces vides entre chaque ligne blanche lumineuse. Postmoderne dans son approche, cette série reprend les Black Paintings en tant que matériau.
Évacuant la figure de Frank Stella, il s’agit moins de rendre un hommage de facto à ses œuvres que de se concentrer sur le discours qu’elles ont engendré.
"Still life (in course of arrangement) II", 2015 de Cerith WYN EVANS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN Paris © Photo Éric Simon
« La série Neon after Stella met en scène une distanciation par rapport aux Black Paintings de Frank Stella afin d'encourager une réflexion critique sur la notion de ‘vide’ et de ‘vide de la narration’ que ces œuvres ont provoquée, comme un événement dans la mort de la peinture à cette époque. Tout comme Samuel Beckett avait parlé dans ses Trois Dialogues de 1949 du fait qu'il n'avait ‘rien à peindre et rien avec quoi peindre’, les Black Paintings de Stella créent un pont vers le néant » écrit Cerith Wyn Evans.
Suspendues au plafond, les œuvres abstraites ressemblent à des voiles, les espaces vides entre les lignes de néon offrant un aperçu partiel de ce qui se trouve derrière. Vues comme un ensemble, elles évoquent un palimpseste, avec un effet moiré hallucinogène obtenu par la superposition des lignes lumineuses dans la pièce.
"Neon after Stella (Arundel Castle)", 2022 de Cerith WYN EVANS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN Paris © Photo Éric Simon
"phase-shifts (after David Tudor) III", 2023 de Cerith WYN EVANS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN Paris © Photo Éric Simon
Dans sa pratique, Cerith Wyn Evans fait souvent référence à d'autres artistes tels que Marcel Duchamp, Andy Warhol, Marcel Broodthaers, entre autres. Son lien avec Frank Stella n'est qu'un exemple parmi une multitude d'influences historiques qui, lorsqu'elles sont transposées, créent une rupture et une invitation vers une nouvelle forme, un contexte dématérialisé ou une cartographie renouvelée dans l'univers de Cerith Wyn Evans.
Par cette série et à l’instar d’autres artistes avant lui, Cerith Wyn Evans revendique un acte de refus, afin de vivre dans et avec l’espace négatif. Il assume ,la citation tout en réfutant la narration pour initier un possible nouveau territoire.
"phase-shifts (after David Tudor) II", 2023 de Cerith WYN EVANS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN Paris © Photo Éric Simon
À Paris, une nouvelle installation de mobiles est présentée au niveau inférieur. Constituée de parebrises de véhicules fissurés et éclairés pour créer une multitude de réfractions en mouvement, elle fait écho à notre interaction quotidienne avec les écrans, les véhicules, les ordinateurs et les téléphones.
Les œuvres phase shifts (after David Tudor) s'appuient également sur une procédure aléatoire et un tracé perspectif, en référence aux péripéties qu’a connues l’œuvre La Mariée mise à nu par ses célibataires, même (1915 - 1923) de Marcel Duchamp qui, après sa première exposition, s'est brisée pendant son transport. Les étranges fissures dans le verre ont incité Duchamp à considérer cet événement comme faisant partie de la résolution finale de l'œuvre, accueillant les fissures pour son « achèvement ».
"phase-shifts (after David Tudor) I", 2023 de Cerith WYN EVANS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN Paris © Photo Éric Simon
Aux côtés des panneaux de verre fissurés s’élève StarStarStar/Steer (Transphoton VI) (2019), précédemment montrée dans l'exposition personnelle de l'artiste au Pirelli HangarBicocca à Milan. Les différentes sections de la colonne LED s'allument selon un système d'éclairage séquentiel complexe, passant d'un état de translucidité à une luminosité pénétrante.
Lorsque la lumière diminue lentement, les sections changent d'aspect, permettant aux spectateurs de voir à travers elles mais aussi d'entrevoir les matériaux qui les composent. Alors que leurs lignes et leur verticalité évoquent des colonnes doriques, l'œuvre contredit l'idée même de colonne puisqu'elle ne repose pas sur le sol mais est suspendue au plafond.
Dans l'espace voûté de la galerie parisienne, une nouvelle œuvre, Sounding Felix (Paris 8 assemblage)(2022) rend un subtil hommage à Félix Guattari. Créée à l'occasion d'un colloque international consacré au psychanalyste et ,philosophe français à l'Université Paris 8 - St. Denis en octobre 2022, cette œuvre se compose de multiples éléments, ,tels qu’un gong, un transducteur, un téléphone, des lampes, des chaises et des couvertures en mylar.
"Starstarstar/Steer (transphoton) VI", 2019 de Cerith WYN EVANS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN Paris © Photo Éric Simon
Né en 1958 à Llanelli au Pays de Galles, Cerith Wyn Evans vit et travaille à Londres et dans le Norfolk en Angleterre. ,Diplômé de la Saint Martin's School of Art et du Royal College of Art de Londres, il a commencé sa carrière en tant que réalisateur de films expérimentaux et s'est fait connaître pour son art conceptuel dans les années 1990. En 2018, il a reçu le Prix Hepworth pour la sculpture.
En 2023, Cerith Wyn Evans présentera sa deuxième exposition personnelle au Sogetsu Kaikan de Tokyo, du 31 mars au 29 avril. Au cours des dernières décennies, de nombreux musées internationaux lui ont consacré des expositions ,monographiques, notamment le Mostyn, Llandudno, Pays de Galles (visible jusqu'au 4 février 2023) ; l'Aspen Museum of Art, Colorado (2021) ; le Pirelli HangarBicocca à Milan (2019) ; le National Museum Wales à Cardiff (2018) ; le ,Museo Tamayo à Mexico City (2018) ; la Tate Britain à Londres (2017) ; la Haus Konstruktiv à Zurich (2017) ; le Museion Bolzano (2015) ; la Serpentine Gallery à Londres (2014) ; le MUSAC à Léon en Espagne (2008) ; le Musée d'Art ,Moderne de la Ville de Paris (2006) ; The Institute of Contemporary Art à Londres (2006) ; le Massachusetts Institute ,of Technology (MIT) et le Museum of Fine Arts à Boston (2004). Il a également participé à la 57e Biennale de Venise (2017), au Skulptur Projekte à Münster en Allemagne (2017), la 4e Biennale de Moscou (2011), la Triennale de Yokohama (2008), la Documenta 11 à Kassel (2002). Il a été le premier artiste à représenter le Pays de Galles à la 50e Biennale de Venise en 2003.
"Sounding Felix (Paris 8 assemblage)", 2022 de Cerith WYN EVANS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN Paris © Photo Éric Simon
Galerie Marian GOODMAN
79 rue du Temple
75003 Paris
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.
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