Liam EVERETT « The Sun is their Drum »
Détail "Untitled (As the tone drew away)", 2022 de Liam EVERETT - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel MENNOUR - Paris © Photo Éric Simon
Du 3 février au 18 mars 2023
Qu’est-ce qu’il te reste, me demanda récemment Liam Everett, quand le monde autour de toi s’estompe ?
Quand la terre, le ciel, les arbres, ta maison, la chaise sur laquelle tu es assis, la table devant toi, tout ce qui t’entoure, quand tout cela cesse d’exister ?
Non pas rien — il ne te reste jamais « rien » — mais l’espace, tout au moins. Un espace en expansion. Et des possibilités. Dans cet espace, quelque chose d’autre peut émerger.
"Untitled (Cool Memories", 2022 de Liam EVERETT - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel MENNOUR - Paris © Photo Éric Simon
Liam Everett parlait de méditation, et de sa pratique quotidienne pour vider son espace mental et créatif. Mais il parlait aussi de peinture, du comment et du pourquoi son travail finit par avoir l’aspect qui est le sien.
Ses peintures, que je trouve inconfortables, discordantes, problématiques, agitées et perpétuellement en suspens, ne sont certainement pas méditatives, du moins pas dans le sens courant du terme.
Elles ne m’apaisent pas ; c’est plutôt l’opposé : elles embrasent mes yeux et mon esprit. Elles exigent de moi que je les regarde de plus près et que je sois plus attentif à ce que je perçois et comment je le perçois. Elles sont exigeantes. Et elles sont gratifiantes.
"Untitled (In the shadow of thales)", 2022 de Liam EVERETT - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel MENNOUR - Paris © Photo Éric Simon
Liam Everett a dit que « l’art devrait être à propos de rien », une idée, selon moi, plus stimulante que l’affirmation banale et moralisatrice selon laquelle l’art a le devoir de signifier quelque chose, de servir un but social et politique.
Les convictions de Liam Everett ne sont pas issues du politique mais sont plutôt philosophiques : représenter des idées préexistantes, formulées au travers du langage, ne l’intéresse pas.
Au lieu de cela, il souhaite que son art ouvre une voie vers le terrain inexploré du monde phénoménologique. « Cela devrait être une rencontre avec un OVNI, un objet inconnu avec lequel il faut trouver les moyens de composer. »
"Untitled ( The turn)", 2022 de Liam EVERETT - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel MENNOUR - Paris © Photo Éric Simon
Mais rien ne vient de rien. Liam Everett m’a confié il y a quelques années de cela, qu’il est devenu conscient que la moindre marque qu’il faisait, le moindre de ses gestes, était déterminé par le flot constant de stimulations autour de lui et cette réalisation l’a gêné. Le langage appris structure (pratiquement) toute connaissance, et la culture se noue, comme un mycélium invisible, autour de tout ce que l’on voit ou imagine.
Liam Everett considère cela comme « le bruit » qu’il vise à réduire au silence pour produire son art. C’est une aspiration impossible, il le sait : « Ce sera toujours présent, car aucun humain ne peut être humain sans un autre. Je ne peux pas effacer cela. »
Cette ambition peut paraître aux antipodes d’une autre intention qu’il met dans son travail : l’ancrer dans son espace et son temps. Liam Everett est convaincu qu’un tel ancrage est une contrainte nécessaire pour permettre à d’autres incarnations de liberté et de spontanéité d’émerger.
"Untitled (The familiars)", 2022 de Liam EVERETT - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel MENNOUR - Paris © Photo Éric Simon
Dans le cas des onze nouvelles peintures réalisées pour “the sun is their drum”, ces contraintes sont intégrées dans la forme même des œuvres.
Achevés sous la lumière oblique du Pacifique à l’hiver 2022, quand ils voyagent de l’autre côté de l’Atlantique ses tableaux emportent avec eux quelque chose de leur lieu de création.
Le titre de cette exposition est fondé sur l’idée que la lumière ultraviolette nous parvient à travers un système infiniment complexe de réflexion, réfraction, vibration et collision (y compris avec la Lune), et que tout cela, selon Liam Everett, « génère une sorte de rythme qui hypnotise non seulement la façon dont on voit le monde mais aussi notre état de conscience général. »
"Untitled (As the tone drew away)", 2022 de Liam EVERETT - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel MENNOUR - Paris © Photo Éric Simon
Liam Everett vit avec sa famille à la campagne, au nord de la Californie, près d’une forêt non loin de l’océan, et il travaille dans une grange réhabilitée. Quand il s’est installé dans cet espace, il a trouvé toutes sortes d’outils qui avaient été abandonnés par le propriétaire précédent : des scies, des couteaux, des haches, des seaux, des poubelles, et d’autres outils en métal.
Il continue d’en déterrer régulièrement lorsqu’il travaille sa terre. Tout comme pour des séries d’œuvres précédentes, réalisées dans d’autres ateliers qui recélaient autant d’objets abandonnés, Liam Everett dispose ces éléments sur ses toiles et les utilise comme supports de composition, les vaporisant d’encre ou de peinture pour révéler leurs contours. Il utilise de la terre, de la poussière et du sable de manière similaire, saupoudrant ses toiles encore non tendues posées au sol.
Bien que son travail dialogue clairement avec l’histoire de la peinture abstraite, Liam Everett ne le considère pas abstrait, mais presque cruellement littéral.
"Untitled (The Call))", 2022 de Liam EVERETT - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel MENNOUR - Paris © Photo Éric Simon
"Untitled (The Sum)", 2022 de Liam EVERETT - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Kamel MENNOUR - Paris © Photo Éric Simon
Les titres, eux aussi, situent les peintures dans le monde du langage, même si Liam Everett insiste sur le fait que les mots qu’il appose à des tableaux donnés n’ont rien à voir avec leurs qualités extrinsèques. Distinguer un tableau d’un autre relève surtout d’un aspect pratique, dit-il. « Je les vois vraiment tous comme différentes parties d’un même processus. »
Dans des séries de travaux antérieurs, Liam Everett a attiré notre attention sur les aspects performatifs de la pratique picturale et à travers ses installations, a souvent fait référence au monde du théâtre.
Est-ce en écho à sa retraite dans une campagne reculée, ou aux contraintes d’isolement imposées par la pandémie, que Liam Everett tend aujourd’hui à envisager son travail comme une improvisation en solo ?
Il parle de « l’état d’extase » dans lequel il entre ou aspire à entrer quand il réalise ses peintures. Dans cet état, la pensée consciente peut être suspendue, le langage peut être assourdi, l’intention peut être oubliée et, dans cet espace de liberté, de nouvelles visions peuvent voir le jour.
— Jonathan Griffin
Galerie Kamel MENNOUR
6 rue du Pont de Lodi
75006 Paris
Jours et Horaires d’ouverture: du Mardi au Samedi de 11h à 19h.
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