MALLÉABLE, ALÉATOIRE - Group show
Détail "La parabole des aveugles", 2023 de Chedly ATALLAH - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Andréhn-Schiptjenko Paris © Photo Éric Simon
Du 12 janvier au 4 mars 2023
Andréhn-Schiptjenko a le plaisir de vous accueillir au vernissage de malléable, aléatoire, une exposition collective, commissionnée par Chloé Bonnie More, avec des oeuvres de Chedly Attalah, Ranti Bam, Nina Bernagozzi, Samuel Nguyen, Hugo Servanin et Lise Thiollier.
« Malgré tout, combien d’êtres nous quittent et se quittent eux-mêmes avant de disparaître ? ».
Dans cette question rhétorique, nous retrouvons les raisons qui incitent la philosophe Catherine Malabou à mobiliser la plasticité neuronale - soit la capacité des neurones à se reformer graduellement après leur disparition comme une sorte d’auto-réparation inépuisable - telle une possible analogie à l’esthétique en philosophie.
Ainsi, Catherine Malabou propose d’envisager la créativité comme une capacité de transformation, de destruction, de hasard et d’imprévisible, alors que la philosophie étudie traditionnellement la forme et la matière dans leurs aspects figés et finis. C’est un tout autre conditionnement de l'œuvre, accidentée ou aléatoire, qui nous intéresse ici.
"IFA (T3)", 2022 DE Ranti BAM - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Andréhn-Schiptjenko Paris © Photo Éric Simon
"La Parabole des Aveugles", 2023 de Chedly ATALLAH - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Andréhn-Schiptjenko Paris © Photo Éric Simon
"Géant 14", 2022 de Hugo SERVANIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Andréhn-Schiptjenko Paris © Photo Éric Simon
La part gâchée de la matière serait le résultat de ce que C. Malabou nomme la « plasticité destructrice » dans laquelle « la forme vivante, apparaît finalement dans son évidence, au prix de leur disparition ». Pour créer la forme, une autre forme existe, puis est éliminée.
Comme le moule, le plan, ou le rituel, usuellement conçus comme des étapes de la création, considérés tel le négatif d'une photographie, jetés si inexploitables. Des espèces de déchets qui trahissent notre conception systémique du réel et peut-être, de ce que l’on considère être vrai, ou beau.
Dans leur travail, les artistes utilisent la création comme une stratégie de négociation avec le réel pour proposer des discours alternatifs ou en évolution. Sortir des marges, déconstruire des pans de l’histoire considérés comme acquis, panser les corps hybrides, se saisir des codes pour les contredire, c’est en cela que la plasticité, malléable et aléatoire, répond à certaines problématiques contemporaines posées par les artistes.
"Fragment d'expo de rêve d'Hai-son: moelleux", 2023 de Samuel NGUYEN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Andréhn-Schiptjenko Paris © Photo Éric Simon
"Géant 15", 2022 de Hugo SERVANIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Andréhn-Schiptjenko Paris © Photo Éric Simon
Les œuvres de Lise Thiollier sur l'énergie, de Hugo Servanin et de Ranti Bam sur l'hybridation et les jonctions, abordent la matière et le corps dans leurs dimensions les plus critiques. Tenter de travailler avec le vivant c’est aussi en accepter la faille mouvante.
C’est également ce dont les performances de Nina Bernagozzi se nourrissent, littéralement dans la peinture et l’abstraction à travers notre consommation de nourriture. Les un.e.s défient l’inertie, les autres soumettent l'œuvre aux stigmates du hasard, ou encore proposent de nouvelles narrations collectives.
C’est notamment ce qui se trouve au cœur du travail de Chedly Atallah sur la révolution en Tunisie ou dans l’installation de Samuel Nguyen qui propose de nouvelles possibilités à l’habitat et aux communs.
"This desert was once a sea", 2021 de Lise THIOLLIER - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Andréhn-Schiptjenko Paris © Photo Éric Simon
"Lénarash (rose)", 2022-2023 de Nina BERMAGOZZI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Andréhn-Schiptjenko Paris © Photo Éric Simon
"Sheareah 1", 2021 de Nina BERMAGOZZI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Andréhn-Schiptjenko Paris © Photo Éric Simon
En quête de leur propre histoire pour en offrir une version plus universelle, les artistes sèment le trouble dans des œuvres instables et mutables dont les métamorphoses offrent une alternative à ce que chacun.e pensait connaître du monde.
Dans l’exposition, la plasticité remet en cause la formation de l’évènement, prend le pli des techniques, les contreforme, laissant place à l'inconnu.
Galerie Andréhn-Schiptjenko Paris
56, rue Chapon
75003 Paris
France
https://www.andrehn-schiptjenko.com
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au vendredi de 11h à 18h et le samedi de 13h à 18h.