14 Apr

Megan ROONEY « Flyer and the Seed »

Publié par Eric SIMON - Catégories : #Expo Peinture Contemporaine

Détail "Learning out for Yellow", 2022-2023 de Megan ROONEY - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

Du 11 mars au 22 avril 2023

La mémoire et le temps, le temps et la couleur, la couleur et la lumière. Lorsque je peins tout disparaît et je suis libre.
— Megan Rooney

Flyer and the Seed est la première exposition personnelle en France de l’artiste londonienne Megan Rooney. Après les peintures murales in situ réalisées récemment avec grand succès dans le cadre de l’exposition La Couleur en fugue à la Fondation Louis Vuitton en 2022 et pour CHILDHOOD au Palais de Tokyo en 2018, l’artiste présente un ensemble de nouvelles œuvres sur toile dans son format caractéristique qui correspond à « l’amplitude d’une femme. »

Ces tableaux s’articulent autour d’une œuvre monumentale sur toile dont l’échelle évoque la présence enveloppante de ses peintures murales. À leurs côtés sera présenté un groupe d’œuvres sur papier issues de sa série de portraits abstraits, Old Baggy Root, qui s’inspire de scènes et d’images quotidiennes que l’artiste observe au jour le jour.

"Rose Womb", 2023 de Megan ROONEY - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

"Riding Ladders (Sky)", 2023 de Megan ROONEY - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

Travaillant la sculpture et la performance, ainsi que la peinture, Megan Rooney est connue pour son exploration passionnée de la couleur, qu’elle utilise comme véhicule pour arriver à la forme. Ses toiles se construisent à travers une accumulation de couches de couleurs de différentes densités qu’elle applique de manière gestuelle avant d’effacer ou poncer la matière par endroit. Ces strates continuent de se heurter et se bousculer juste sous la surface du tableau fini, donnant à la toile une profondeur et une énergie palpable.

« À chaque étape de la création, je joue un rôle différent », explique l’artiste. « Pour la plupart de la vie du tableau, je creuse vers le cœur de la toile, toujours plus profond. Ensuite, je deviens une excavatrice, dévoilant des formes profondément enfouies dans la surface de la peinture. Plus tard, je deviens comme un oiseau. Je veux voler près de la surface, à la recherche d’endroits où me poser. »

"Learning out for Yellow", 2022-2023 de Megan ROONEY - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

"Your Wind for my mirror", 2022-2023 de Megan ROONEY - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

Megan Rooney qualifie les groupes de peintures qu’elle réalise au cours d’une même période de « familles ». Leurs couleurs et leurs humeurs correspondent par moments et se heurtent à d’autres, plongeant les visiteurs dans un écosystème pictural en constante mutation.

Les allusions de l’artiste à ses prédécesseurs, notamment Poussin, Turner et Monet, sont mises en évidence par le curateur Matthew Holman dans l’essai qui accompagne cette nouvelle famille d’œuvres.

Megan Rooney évoque leur influence dans les titres de ses tableaux, ainsi que par leur aspect formel. Et pourtant, comme elle
l’explique, chaque toile possède « son propre désir, sa propre volonté ».

"Back into air (years)", 2023 de Megan ROONEY - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

"Something like you (me)", 2022-2023 de Megan ROONEY - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

Ses œuvres deviennent comme des personnages, en partie façonnés par l’artiste et en partie par la peinture elle-même, comme si certains des visages semi-abstraits des aquarelles Old Baggy Root avaient pris corps. « Mes peintures naissent de l’observation attentive du monde qui m’entoure, » affirme Megan Rooney. « Je les considère comme une collaboration informelle entre mon corps, la ville et les conditions atmosphériques d’un jour donné. »

Chacune des œuvres créées pour l’exposition possède son propre « système météorologique interne », comme le décrit Matthew Holman, qui reflète les changements soudains de la lumière des mois d’hiver pendant lesquels l’artiste peignait.

Le studio de Megan Rooney est perché au troisième étage d’un ancien hôpital au cœur de Londres, lui donnant une perspective aérienne des rues en contrebas, ainsi qu’une rare vue dégagée sur le ciel.

"The Arrival", 2023 de Megan ROONEY - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

L’artiste capture ce sentiment de suspension dans ses nouvelles toiles, qui mêlent des traces de ce qu’elle décrit comme un « état lunaire, végétatif, en décomposition » et de lumineuses étendues de couleurs.

Bien que résolument abstraites, les œuvres de Megan Rooney contiennent toujours des soupçons de figures anthropomorphes et des références aux mondes urbain et naturel qui l’entourent. Enfouis parmi des traits gestuels et des éclats de couleur, ils émergent pour raconter une histoire, entraînant les visiteurs plus loin dans l’univers visuel de l’artiste.

"Wild Wind Roaming (Night)", 2022-2023 de Megan ROONEY - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

Pour Megan Rooney, « toute peinture est une forme de récit. »

En tant que processus de marquage, sa pratique lui permet de se rapprocher, selon ses propres termes, « aux parties les plus anciennes de l’humanité ». « Raconter des histoires est au cœur de la condition humaine », observe-t-elle. « Cette impulsion de laisser une trace, une marque, de dire que j’étais là. »

Au fil des œuvres réalisées pour l’exposition, l’utilisation prononcée de la ligne semble témoigner de ce désir élémentaire, tout en rappelant les toutes premières estampes de l’artiste. Dans le même temps, la ligne représente une nouvelle expansion du vocabulaire visuel de Megan Rooney, offrant un contrepoint à son traitement atmosphérique de la peinture en inversant son processus habituel et laissant la forme la guider vers la couleur.

« En tant que peintre, on passe sa vie à développer une relation avec la couleur, puis à tester les limites de cette relation », explique Megan Rooney. « Elle est radicale, elle change constamment. Elle peut se soumettre à vous, mais aussi vous trahir. Elle séduit toujours, excite toujours. »

Galerie Thaddaeus ROPAC

7 rue Debelleyme

FR-75003 Paris

https://ropac.net

Jours et horaires d’ouverture ; du mardi au samedi de 10h à 19h.