Ana Maria TAVARES « Sortir du Silence : Au-delà de la Modernité »
Détail "Inventory Control II", 2023 de Ana Maria TAVARES - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA Paris © Photo Éric Simon
Du 14 avril au 14 juin 2023
GALLERIA CONTINUA est ravie de présenter au sein de son espace parisien la première exposition personnelle d’envergure dédiée à l’artiste brésilienne et figure majeure de la scène internationale contemporaine Ana Maria Tavares.
Pensée comme une itération inédite d’œuvres majeures, l’exposition Sortir du silence : au-delà de la modernité présente une réflexion sur les implications politiques, économiques et sociales diverses du mouvement moderniste au Brésil, et met en lumière la dualité entre nature et artifice dans un contraste permanent propre au travail de l’artiste.
"Inventory Control II", 2023 de Ana Maria TAVARES - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA Paris © Photo Éric Simon
Née en 1958 à Belo Horizonte au Brésil, Ana Maria Tavares vit et travaille à São Paulo, où elle est professeure et chercheuse en art depuis 1982.
Sa production interroge le mouvement moderniste né presque un siècle après l’indépendance du pays, caractéristique des grands projets de la capitale brésilienne, en tant que construction idéologique aux effets inattendus.
Ses œuvres confrontent des techniques industrielles et artisanales et recourent à l’ornement – un élément éliminé de l’architecture brésilienne à partir des années 1920 – afin d’interroger le genre, l’origine et l’altérité, des thèmes généralement ignorés par le mouvement moderniste. Ana Maria Tavares développe des mises en scène qui suspendent le temps et invitent le spectateur à prêter une plus grande attention aux oeuvres d’art qui l’entourent.
"Opium. Deviant Double dAY r (from social hieroglyphs series)", 2011 de Ana Maria TAVARES - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA Paris © Photo Éric Simon
En s’immergeant dans une réalité artistique alternative, le spectateur peut véritablement se questionner sur l’essencedes oeuvres et dépasser une compréhension uniquement esthétique de celles-ci.
Ce besoin essentiel chez l’artiste de supprimer la chronologie, que l’on retrouve aussi bien dans ses oeuvres non datées qu’à travers ses installations, qui placent le spectateur dans une autre réalité ; atemporelle ; trouve son origine dans la remise en question du contrôle permanent expérimenté dans nos sociétés modernes, celui-ci les éloignant de l’instant présent.
Avec Inventory Control II, Ana Maria Tavares cherche à déstabiliser le spectateur lorsqu’il passe devant seize miroirs incurvés accrochés au mur, semblables à des dispositifs de surveillance utilisés ,dans les commerces, sur lesquels le mantra« knowing what you’ve got, knowing what you need, knowing what you can’t do without, that’s inventory control » est inscrit.
"Rio Negro Eurialys Amazonica (From the Purus e Negros Rivers series) I", 2023 de Ana Maria TAVARES - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA Paris © Photo Éric Simon
Détail "Rio Negro Eurialys Amazonica (From the Purus e Negros Rivers series) I", 2023 de Ana Maria TAVARES - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA Paris © Photo Éric Simon
L’artiste s’intéresse depuis les années 1990 à la nature tropicale. Entièrement réalisée en crochet par des artisans de Ceará, au nord-est du Brésil, dans le respect d’un savoir-faire traditionnel, l’oeuvre Garden for Burle Marx (2013) propose une alternative au courant moderne, qui prône des lignes droites et épurées et diabolise la nature. Réalisée le long d’un patient travail d’observation et d’analyse, l’oeuvre est une traduction du jardin que le paysagiste Roberto Burle Marx a conçu pour le premier bâtiment moderniste du Brésil, le Palácio Capanema (1943).
En utilisant la technique du crochet, Ana Maria Tavares met en perspective la dureté implacable de la pensée moderne, qui a écarté le travail artisanal de la broderie comme élément superficiel, au même titre que les ornements architecturaux, reniant ainsi une pratique traditionnelle ancienne.
Alors que dans une première version de l’oeuvre, les artisans de Ceará avaient utilisé la couleur, la suite du processus de création a mené l’artiste vers un effacement total des teintes chamarrées d’origine, pour une affirmation centrée non sur une célébration de l’exubérance tropicale, mais plutôt dénonçant la représentation diabolisée de la nature comme impure et contaminée par les modernistes.
"Garden for Burle-Marx (White Room)", 2014 de Ana Maria TAVARES - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA Paris © Photo Éric Simon
Détail "Garden for Burle-Marx (White Room)", 2014 de Ana Maria TAVARES - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA Paris © Photo Éric Simon
Centrale dans le travail de l’artiste, l’architecture est questionnée comme construction idéologique en confrontant le travail de figures modernistes comme Adolf Loos (1870-1933), Le Corbusier (1887- 1965), Oscar Niemeyer (1907-2012) avec des architectes s’éloignant de ce modèle comme Lina Bo Bardi (1914-1992).
L’artiste explore le lien entre nature tropicale et architecture moderniste dans Deviant Topographies from Paxton to Burle Marx II and III (2015), qui comprend une série de supports en verre renfermant des impressions issues de la vidéo Deviating Utopias, et des nénuphars artificiels fabriqués à la main, des Victorias Regias, plante aquatique géante typique de la région amazonienne, symbole de la végétation locale représentant le rôle joué par la flore autochtone dans la construction du monde moderne.
"Éclipse Annulaire", 2023 de Ana Maria TAVARES - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA Paris © Photo Éric Simon
L’oeuvre Desviantes (2011) est une relecture de l’architecture de l’emblématique Oca Building construit en 1951 à São Paulo par Oscar Niemeyer s’inspirant des fenêtres en bande – longues et horizontales – conceptualisées par Le Corbusier dans son manifeste Les cinq points d’une architecture nouvelle (1927).
La nature tropicale ne devient visible qu’à travers les fenêtres ,panoramiques de Le Corbusier ou reflétée dans les miroirs d’Oscar Niemeyer, comme ,tenue à distance par la pensée moderne. Pour cette oeuvre, Ana Maria Tavares construit d’abord une reproduction numérique du Oca Building auquel elle ajoute des miroirs pour déformer radicalement l’image du référent en créant une vision utopique et abyssale.
"Fotoformas. La dynamic de la chute I (to Geraldo)", 2023 de Ana Maria TAVARES - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA Paris © Photo Éric Simon
"Nature Sauvage series", 2023 de Ana Maria TAVARES - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA Paris © Photo Éric Simon
Imprimée sur des panneaux métalliques, cette installation architecturale numérique est structurée par des panneaux coulissants que l’on peut moduler de diverses façons créant une multitude de paysages. L’œuvre est nommée d’après les « love motels », des espaces réservés à la déviance des règles, symbolisant l’inédit, le désordre et le plaisir qui en résulte, en opposition totale à la banalité qui contamine la logique moderniste selon l’artiste.
Le Oca Building est également interrogé dans une œuvre inédite de l’artiste, une représentation miniature et détournée du bâtiment qui crée un jeu de reflets évoquant le principe du cadran solaire tout en brouillant les repères spatiotemporels.
Détail "On Visual Purity YK20 Diptych (From the Artifactual series)", 2022 de Ana Maria TAVARES - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA Paris © Photo Éric Simon
Depuis sa première exposition personnelle « Objets et interférences » en 1982 à la Pinacothèque de São Paulo, l’artiste a participé à quatre éditions de la Biennale de São Paulo (1983, 1987, 1991 et 2000), à la VII Biennale de La Havane (2000), la Biennale de Pontevedra (2000), la Biennale d’Istanbul (2001) et la Biennale de Singapour (2006).
"On Visual Purity YK20 Diptych (From the Artifactual series)", 2022 de Ana Maria TAVARES - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA Paris © Photo Éric Simon
Ana Maria Tavares a participé à de nombreuses expositions collectives internationales, telles que : « Modernidade, Art brésilien du XX Siècle » au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (France, 1987) ; « Ultramodern : The Art of Contemporary Brazil » au National Museum for Women in the Arts, (USA, 1993) ; « Côte à Côte, Art Contemporain du Brésil », CAPC Musée d’art contemporain, (France, 2001); « The Straight or Crooked Way », Royal College of Art (Angleterre, 2003) ; « When Lives Become Form : Creative Power from Brazil », Musée d’art contemporain de la ville d’Hiroshima et Musée d’art contemporain de Tokyo (Japon, 2009) ; « Spots, Dots, Pips, Tiles: An Exhibition About Dominoes », Perez Museum (Miami, 2017). « Against Abstraction, Works from the CGD Collection », (Portugal, en 2018)…
Des oeuvres de l’artistes ont rejoint des collections publiques et privées majeures, comme la Kröller Müller Museum, Pays-Bas ; FRAC-Haute Normandie (Fonds Régional d’Art Contemporain), France ; Fondation Serralves, Portugal ; Culturgest, Portugal ; Fondation Arco, Espagne ; Musée des beaux-arts de Houston, États-Unis ; Pinacothèque de São Paulo ; Musée d’Art Moderne de São Paulo; Musée d’art de Brasilia ; Musée d’art de Pampulha ; Collection d’art de la ville de São Paulo au Centro Cultural São Paulo.
Galleria CONTINUA
87 rue rue du Temple
75003 Paris
https://www.galleriacontinua.com/
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.