07 Jun

Sabrina MEZZAQUI « Di punto in Bianco »

Publié par Eric SIMON - Catégories : #Expo Installation Contemporaine, #Expo Dessin Contemporain

"C'è qui nell'aria la parola - ramo", 2021 de Sabrina MEZZAQUI - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon

Du 14 avril au 14 juin 2023

GALLERIA CONTINUA est ravie de présenter au sein de son espace parisien la première exposition de l’artiste italienne Sabrina Mezzaqui, du 14 avril au 14 juin. Née à Bologne en 1964, Sabrina Mezzaqui cultive l’émerveillement et l’étonnement face à la réalité, à travers des pratiques simples, parfois croisées – enfiler des perles, découper, lire, dessiner ... – en utilisant différents matériaux ( papier, céramique, métal ou verre ) et divers supports ( vidéo, dessin, ou encore installations).

Sabrina Mezzaqui parvient, à travers un processus réflexif de discipline auto- imposée, à revitaliser et à exprimer dans des images et des objets concrets le détachement essentiel des mots. Le principe de distance, cultivé dans les chambres secrètes d’une intimité qui se reflète dans ses choix de vie et ses périodes d’isolement et de « suspension », résonne dans une pratique aussi minutieuse que compulsive, où construction et déconstruction se succèdent.

"Di punto in blu (E.A)", 2023 de Sabrina MEZZAQUI - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon

"Bianco naturale", 2017 de Sabrina MEZZAQUI - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon

Le titre de l’exposition, Di punto in bianco, traduit non seulement le motif du point et la couleur blanche, deux éléments très présents dans le travail de Sabrina Mezzaqui, mais signifie aussi « immédiatement », « directement », « sans avertissement », ce que l’on pourrait traduire en français par l’expression « de but en blanc ». Il fait aussi référence aux premiers goniomètres, systèmes mis en place sur un support fixe solidaire d’un affût de tir ( mortier, canon, ou obusier ), servant à orienter cet affût, afin de pouvoir atteindre son objectif et marquer la cible.

Le temps de création est pour Sabrina Mezzaqui à la fois un espace de solitude qui accompagne l’acte d’inventer, et un espace de partage de gestes à faire ensemble, où le répétitif, domestique et les actions silencieuses qui caractérisent sa recherche – plier des pages de cahiers et de livres, broder, tricoter – définissent le sens de la nécessaire rencontre avec l’autre.

Ainsi, la série de 2021, Niente si perde, tutto affiora, présentée dans l’exposition, comprend des cadres dorés, sommaires, dans lesquels de fragiles chutes de papiers s’épanouissent à l’intérieur et en dehors du cadre en feuilles couvertes de points écarlates, semblant former d’étranges herbiers.

"Di punto in bianco (E.A)", 2023 de Sabrina MEZZAQUI - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon

"L'abilità di mutare con le circostanze", 2023 de Sabrina MEZZAQUI - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon

Étroitement lié à toute possibilité de relation, le verbe est au centre de la pratique artistique de Sabrina Mezzaqui, et apparaît souvent dans ses œuvres, dans diverses déclinaisons : écriture, textes courts, mémoires, références littéraires, livres retravaillés, avec des interventions qui se déroulent de page en page, par des formes et des images dont les symboles sont liés au contenu poétique, littéraire, philosophique de l’auteur avec qui elle dialogue.

Dans l’œuvre Fils ( 2023 ), l’artiste présente une installation composée d’œuvres issues de mediums divers, et notamment un encadrement de lettres de cellulose, qui reprend une citation de la philosophe Simone Weil et qui se lie avec la sérigraphie d’une épaisse forêt d’arbres élancés, dont les silhouettes sombres se détachent sur un ciel blanc, comme des filets d’encre sur les pages d’un livre.

La narration se poursuit hors du cadre par de longs fils noirs ornés de perles, qui descendent délicatement du plafond et qui sont complétés par le livre dont la citation semble être tirée.

"C'è un tacito accordo tra le mie matite e gli alberi là fuori", 2022 de Sabrina MEZZAQUI - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon

Déterminant une incursion dans l’essence profonde de ces auteurs qui composent sa géographie affective, le lent et patient exercice de copie est un procédé important dans le langage pictural de l’artiste, revêtant une dimension spirituelle dans l’exploration de la pensée de l’autre.

Pour l’artiste, cette opération qui permet de s’identifier pleinement aux processus et aux temps de création, matérialise la durée et élargit la pensée.

Avec l’œuvre collective Bianco naturale, réalisée lors d’un symposium artistique en Italie, Sabrina Mezzaqui célèbre la simplicité des valeurs artisanales et leur élévation dans une recherche spirituelle, faite de travail méticuleux et de silence.

Accompagnée de photographies en noir et blanc de Paolo Carraro, l’œuvre restitue deux jours de travail, durant lesquels le groupe réalise un collier en papier de 90 mètres de long, placé dans une sculpture blanche réalisé en argile par Maria Cristina Navacchia, qui s’éclaircit jusqu’à disparaître au cœur d’un tapis fait de poussière de marbre.

"Ciotola", 2019 de Sabrina MEZZAQUI - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon

Ce qui ressort de toute son œuvre, régie par les règles non écrites d’un rapport au monde filtré par une dimension littéraire et diaristique, comme une sonorité de fond constante, c’est le concret magique du faire et d’une manualité très concentrée et itérative qui séduit par son adhésion méticuleuse à l’apparente simplicité d’un signe (ou d’un geste) plongé dans la suspension temporelle du rituel.

L’artiste exorcise l’inéluctabilité imposée par les rythmes externes, extérieurs tout en étant en même temps une référence évocatrice au « ressenti » de la mémoire.

Les expositions personnelles les plus récentes de l’artiste comprennent : “La vulnerabiltà delle cose preziose”, Fondazione Luigi Rovati, Milan, “La capacità di cambiare con le circostanze” sous la direction de Maura Pozzati, Fondazione del Monte en collaboration avec GALLERIA CONTINUA, Oratorio San Filippo Neri, ART CITY Bologna (2021) ; “Terravecchia - Toccacieloscolora”, Una Boccata d’arte, sous la direction de Lidia Berlingieri, Fondazione Elpis en collaboration avec GALLERIA CONTINUA, Pisticci (MT) ; “La vulnerabilità delle cose preziose”, Tenuta dello Scompiglio, Vorno (2019) ; “Autobiografia del rosso”, GALLERIA CONTINUA, San Gimignano (2017) ; “La saggezza della neve”, GALLERIA CONTINUA, San Gimignano (2015) ; “Appel aux méditants“, commissariat de Cristiana Colli et Mariella Utili, Galleria Nazionale Palazzo della Pilotta, Parme (2014) ; “La dormance de la graine“, commissariat de Giorgio Guglielmino, Bengal Art Lounge, Dhaka (2011) ; “ Ce que le printemps fait avec les cerisiers“, GALLERIA CONTINUA, San Gimignano (2011) ; “La realtà non è forte”, Museo Civico, Modena (2010) ; “Equipaje de mano/Hand luggage”, Istituto Italiano di Cultura - MOCA, Buenos Aires (2009) ; “Mettere a dimora”, GALLERIA CONTINUA, San Gimignano (2008) ; “Come acqua nell’acqua”, Castel Sant’Elmo, Naples (2007) ; “C’è un tempo”, sous la direction d’Elena Volpato, GAM, Turin (2006).

Galleria CONTINUA

87 rue rue du Temple

75003 Paris

https://www.galleriacontinua.com/

Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.