Xavier VEILHAN « Portrait MODE »
Du 2 juin au 29 juillet 2023
La galerie Perrotin est heureuse de présenter Portrait Mode, une exposition personnelle de Xavier Veilhan à Paris. Le mode portrait, c’est l’évocation du renouvellement d’un genre historique par l’avènement de sa mutation numérique : le portrait (et l’autoportrait) s’est multiplié sans limite.
Dans l’exposition le portrait est traité en deux dimensions (en combinant les techniques de la marqueterie et de la peinture) et trois dimensions (au travers de la sculpture numérique de bois massif entre autres). Les sujets sont des amis de l’artiste, des membres de l’équipe de l’atelier, des animaux qui nous sont familiers (oiseaux). Ici, l’autocélébration de chacun par l’image est remplacée par la célébration de tous par l’objet.
"Marine", 2023 de Xavier VEILHAN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon
"Alice N°2", 2022 de Xavier VEILHAN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon
"Aure (Carimate)", 2023 de Xavier VEILHAN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon
Des sièges de Vico Magistretti et de Rick Owens qui meublent l’atelier ont été utilisés lors des séances de pose. Ils sont reproduits
plus petits dans les statues mais aussi présents « physiquement » dans l’espace : ils servent de salon pour que l'artiste puisse recevoir confortablement les visiteurs et échanger avec eux dans ses expositions parfaitement scénographiées sous la forme de jardins et de paysages synthétiques.
Présence des passantes et passants qui partagent l’espace urbain avec ses statues d’animaux, d’anonymes, de monstres et d’architectes. Présence des corps en mouvement des performeuses et performeurs, danseuses et danseurs qui apparaissent
souvent dans ses films ou ses spectacles.
"Romy", 2023 de Xavier VEILHAN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon
Plus récemment, c’est la présence physique de Xavier Veilhan en tant qu’artiste qui est apparue comme une nouvelle composante de son œuvre. Il fut très engagé physiquement pendant toute l’exposition Studio Venezia, installation en forme de studio d’enregistrement participatif, qu’il réalisa dans le pavillon français pour l’édition 2017 de la Biennale de Venise.
Et dans Compulsory Figures (2019), spectacle monté avec le patineur Stephen Thompson et conçu avec le scénographe Alexis
Bertrand (avec qui il collabore depuis le début des années 2000), il était sur scène.
"Marine N°4", 2022 de Xavier VEILHAN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon
"L'oiseau N°13", 2023 de Xavier VEILHAN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon
Ce primat de la présence pourra sembler étrange dans le cas d’une œuvre qu’on a souvent identifiée à des processus de production numériques et aux jeux d’échelle qu’ils rendent possibles, ou qu’on a réduite à des surfaces pixélisées et colorées.
Mais la période de pandémie que nous avons traversée ces dernières années, avec le couple présentiel-distanciel qu’elle a instauré comme une réalité quotidienne de nos vies, nous a révélé avec la plus grande clarté que la pensée de la présence est devenue indissociable d’une réflexion sur les technologies de l’information.
"L'oiseau N°14", 2023 de Xavier VEILHAN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon
"L'oiseau N°3", 2023 de Xavier VEILHAN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon
Les imaginaires techniques ont nourri une grande partie du travail de l’artiste depuis ses débuts : il a créé des sculptures de véhicules, de machines et de mécanismes (1) , il s’est inspiré du grand récit moderne de la conquête spatiale (2) , il a accompagné la massification des images numériques, et des logiciels qui permettent de les créer et de les transformer, en produisant d’intrigantes formes génériques qui allégorisaient ce nouvel état des images, fluides, désincarnées et ubiquitaires.
Il a mis en lumière la “transformation du rapport contemporain aux matériaux (3)”, et inventé des surfaces pour donner forme à cette intuition largement partagée (mais pas toujours conscientisée) que les mondes de la matière et ceux de l’information sont désormais engagés dans des processus d’hybridation. Il nous a rappelé que les systèmes que nous utilisons sont, d’abord et avant tout, des systèmes programmables et qu’ils sont des marqueurs du temps.
En organisant à grande échelle, en ligne et par l’image, la circulation de ses sculptures hautement photogéniques, il s’est également saisi des bouleversements de l’espace public induits par la démocratisation du web, dont son œuvre est l’exacte contemporaine.
"Sébastien (Gallic chair)", 2023 de Xavier VEILHAN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon
"Amandine et Sébastien", 2023 de Xavier VEILHAN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon
Mais il serait réducteur d’assimiler son travail à un discours aux accents modernistes et technophiles. Les corps techniques qui peuplent son œuvre sont des corps parmi d’autres. Très tôt, l’artiste, inspiré par la statuaire classique, a fait aussi une place à ceux des animaux – pingouins, pigeons, ours, rhinocéros, requins, chiens – comme à ceux des spectatrices et spectateurs, dont l’existence physique est toujours prise en compte dans les dispositifs d’exposition qu’il conçoit.
Autrement dit, l’œuvre de Xavier Veilhan nous montre que le fantasme glaçant d’un mode d’existence désincarné dans le métavers, d’une productivité inaltérée, rythmée par les réunions Zoom, ou d’un art accessible sous la forme de viewing rooms et de visites virtuelles de musées trouve ses limites dans la réalité biologique des corps humains et animaux, comme dans ceux des œuvres d’art et des machines.
"Alice N°3", 2021 et "Constance", 2023 de Xavier VEILHAN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon
"Constance", 2023 de Xavier VEILHAN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon
Le basculement récent, au sein de son œuvre, des séries de sculptures facettées à celles des sculptures floues, plus organiques, possède ainsi la valeur d’une démonstration. Il est révélateur du passage s’opérant entre deux moments historiques (de la modernité à une autre période, qu’il nous reste à nommer), et de la prise de conscience généralisée – alors que nous traversons une crise du vivant sans précédent et que l’on prend de plus en plus en compte les interactions qui nous lient aux espèces non
humaines – que nous partageons l’espace du monde avec d’autres corps, qui possèdent leur propre agentivité et nous font penser et agir.
Lorsque Xavier Veilhan explique que ce sont les moments d’épuisement de la conversation, et la qualité de la coprésence non verbale qu’offrent “les concerts, les spectacles, les voyages en voiture”, qu’il cherche à restituer dans son travail, il formule ainsi la pensée de l’exposition qui sous-tend sa pratique depuis ses débuts dans les années 1990.
L’exposition est cet outil, cette technologie même (4) qui permet à différents corps de tenir ensemble. Elle constitue un modèle possible pour la cohabitation et la composition des différents mondes (5).
— Jill Gasparina: Critique d’art, curatrice, enseignante à la HEAD – Genève
1. Voir par exemple Le Tour (1996), La Ford T (1999), Les Vélos (2000), Le Coucou (2005) ou La Crocodile (2019).
2. En 2009, à Versailles, l’artiste a exposé un gisant reprenant la silhouette de Youri Gagarine, le premier homme à avoir atteint l’espace en 1961. Il travaille actuellement à la préparation d’un spectacle inspiré de textes scientifiques et de vulgarisation por- tant sur le cosmos et l’infiniment grand.
3. Tristan Garcia, dans un entretien mené avec Rémi Dufay et l’autrice, 2017, non publié.
4. C’est déjà en ces termes que le critique et artiste Brian O’Doherty, théoricien du white cube, évoquait en 1976 l’espace d’exposition d’art contemporain, “un espace dédié à la technologie de l’esthétique” (“a space devoed to the technology of esthetics”), dans Inside the White Cube: The Ideology of the Gallery Space, University of California Press, 1999, p 15.
5. Cf. Philippe Descola, La Composition des mondes. Entretiens avec Pierre Charbonnier, Flammarion, Paris, 2014
Galerie PERROTIN
76 rue de Turenne
Fr - 75003 PARIS
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.
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