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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

23 Jun

Izumi KATO

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Peinture Contemporaine, #Expo Sculpture Contemporaine, #Expo Installation Contemporaine

Détail "Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Détail "Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Du 2 juin au 29 juillet 2023

 

 

 

La galerie Perrotin est heureuse de présenter la troisième exposition personnelle d’Izumi Kato à Paris. À cette occasion, l’artiste présente un ensemble de nouvelles sculptures et peintures peuplées des créatures hybrides issues de son univers singulier.

 

 

Les phénomènes équivoques qui forment l’œuvre d’Izumi Kato, depuis plus de deux décennies, ramènent à tout connaisseur de l’art japonais des souvenirs en mémoire. Rien pourtant qui vienne s’y superposer jusqu’à coïncider parfaitement mais, partout, des échos qui sont le signe distinctif d’un univers d’une expression très singulière.

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Le Japon est un monde d’îles, d’eaux et de myriades de créatures curieuses. Depuis des temps très anciens tout y donne lieu à prolifération, tantôt vivante et joyeuse, tantôt effrayante et morbide. La végétation, les rochers, les monts, les torrents bondissants, les volcans, les cailloux et les choses lorsqu’elles ont passé cent ans, sont le réceptacle ou la source d’une activité bouillonnante.

 

 

Le Japon est un monde peuplé d’esprits ; les kamis du shintoïsme ou d’une religion primitive plus ancienne encore, et les yôkais. « Esprits, fantômes, monstres », ils sont terrifiants ou séduisants, ils investissent de leur infinie variété le territoire du Japon. Tout enfant les a rencontrés et craints, tout adulte en garde le souvenir, d’autant plus qu’ils ont inspiré de nombreuses œuvres aux artistes japonais durant des siècles.

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Les êtres d’Izumi Kato sont-ils de cette terre ou d’un autre monde, comme on l’a parfois écrit, leur attribuant une allure d’extra-terrestre ?

Mais le Japon n’a-t-il pas, en somme, inventé ce monde non-terrestre il y a des siècles, qu’il soit infra ou supra, plutôt qu’extra-terrestre ?

 

L’étrangeté, on le sait au Japon, est chez elle. Aussi les curieuses créatures d’Izumi Kato sont-elles tout à la fois chamaniques et inquiétantes, mélancoliques, bien que burlesques, car proches cousines des créatures sorties du pinceau visionnaire, contestataire et facétieux du grand peintre Kawanabe Kyosai (1831-1889). Et lorsque l’on commence, le jeu des résonnances ne cesse d’éclairer le travail de Kato.

"Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

L’aspect distinctif de ses visages aux yeux agrandis, souvent dépourvus de pupilles, le bloc formé par nez et bouche, l’impression qu’ils donnent souvent d’être grimés par un maquillage rituel, tout cela trouve de nombreux échos dans les estampes fantastiques produites au 19ème siècle, durant la dernière partie de la période d’Edo puis dans le Japon impérial de Meiji (1868-1912).

 

 

C’est aussi dans le droit fil des estampes d’un des maitres du genre, Utagawa Kunyoshi (1797-1861), que l’on pénètre mieux l’œuvre de Kato. Les yôkais des œuvres de U. Kunyoshi exhibent des yeux globuleux, de grandes mâchoires, des faces étranges qui apparaissent comme des masques de théâtres, des hybridités stupéfiantes.

"Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled (Set of 5 works)", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled (Set of 5 works)", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Mais les yôkais sont avant toute chose des êtres équivoques sortis d’un monde dont la germination semble sans fin. En considérant les membres dépourvus de pieds et mains des « personnages » de Kato, je pense à Ichiyusai Kuniyoshi et ses estampes ludiques de « végétaux sous forme démoniaque » (1844-1847). Les créatures d’Izumi Kato se distinguent de toutes ces fanfaronnades plaisantes et gesticulantes par leur silence. Il entre dans son œuvre une gravité distincte des œuvres précédemment évoquées.

 

 

A partir des années 2000, dans des œuvres qui sont toutes « sans titres », sculptures, peintures ou dessins, les figures d’Izumi Kato sont fréquemment hybrides, leurs membres ou leur exhalaison donnant lieu à des pousses végétale ou humaine ; ce sont parfois des fleurs en boutons et l’on y reconnait le plus souvent un lotus, fleur bouddhique par excellence, symbole de transformation purificatrice car ses racines plongent dans la vase ou d’autres êtres : têtes humaines ou homon cules complets pendant comme des grappes de ganglions sur un corps.

"Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled (Set of 2 works)", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled (Set of 2 works)", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled (Set of 2 works)", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled (Set of 2 works)", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled (Set of 2 works)", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled (Set of 2 works)", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

C’est dans ce dernier cas la multiplication qui est « monstrueuse » ; les lotus ne prolifèrent pas. Mais ils naissent de cette exhalaison qui fait encore référence à une catégorie d’œuvres japonaises, les He-gassen emaki (textuellement « rouleau des pets ») dont certains, telle « rouleau de Shinnô » conservé au musée d’histoire de Hyôgo, mettent en scène des yôkais combattus dans une insensée bataille de vents.

 

 

Quant aux curieux petits êtres, jaillissant comme des ganglions de figures plus grandes, ils évoquent aussi des histoires de combat contre des animaux monstrueux ; ainsi au terme d’une lutte héroïque, du cou tranché de la mygale géante Tsuchigumo naissent des milliers de crânes humains. Les jeux de miroirs entre l’œuvre de Kato et l’art japonais créent des perspectives inépuisables.

"Untitled (Set of 2 works)", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled (Set of 2 works)", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2023 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

  "Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Untitled", 2022 de Izumi KATO - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

 

Il n’en demeure pas moins que ses formes et leur mise en espaces produisent une langue bien particulière. Il a parfois réduit ses petites figures à la tête toujours reconnaissable, à des êtres déjetés, abandonnés contre un mur ; sculptées dans le bois il les entasse « sur chant », empilés comme des totems au rebut, il organise des accumulations ainsi que dans un espace déconsacré, des temples sans fidèles, rappelant là encore les crises que connut le Japon sous le gouvernement de Meiji qui s’en prit un temps aux temples bouddhiques afin de favoriser le shintoïsme « autochtone ».

 

La fixité totémique, d’une profonde mélancolie, des œuvres d’Izumi Kato, peintes ou sculptées, nous saisit. Questions sans fin, de ses figures, sans assignation à un lieu ou à un temps, aussi japonaises qu’elles sont nôtres, d’où que nous soyons. Elles interrogent nos regards et nous cueillent là où nous sommes, examinant en les regardant ce qui nous faits mortels.

- Sophie Makariou

 

Galerie PERROTIN

76 rue de Turenne

Fr -  75003 PARIS

 

https://www.perrotin.com

 

Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.

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