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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

12 Sep

Jules LINGLIN « Nul n’est remplaçable »

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Peinture Contemporaine

"Roses", 2017 de Jules LINGLIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C - Paris © Photo Éric Simon

"Roses", 2017 de Jules LINGLIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C - Paris © Photo Éric Simon

Du 31 aout au 23 septembre 2023

 

« … ce point précieux où l’être humain serait ramené à ce qu’il a de plus irréductible : sa solitude d’être exactement équivalent à tout autre. »

Jean Genet, L’atelier d’Alberto Giacometti

 

Cela m’arrive parfois. Comme à vous j’imagine. Des rêves de tendresse. Des rêves de joues posées l’une contre l’autre, dans un temps qu’on voudrait voir durer pour toujours.

Quand j’étais seul dans mon lit d’ado, ou d’enfant, je prenais parfois mon oreiller pour le serrer dans mes bras et lui donner toute la tendresse que j’avais.

J’aurais tellement aimé pourvoir le faire avec le visage d’une fille, quelle qu’elle soit, du moment qu’elle était heureuse de laisser mes doigts caresser ses joues, toutes douces contre les miennes.

"Alma", 2023 de Jules LINGLIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C - Paris © Photo Éric Simon

"Alma", 2023 de Jules LINGLIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C - Paris © Photo Éric Simon

"Stéphanie", 2023 de Jules LINGLIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C - Paris © Photo Éric Simon

"Stéphanie", 2023 de Jules LINGLIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C - Paris © Photo Éric Simon

Comment un visage peut-il être unique ?

 

Des sœurs Bénédictine dans un monastère aux Etats-Unis prient en ce moment même pour une jeune femme qu’elles ne connaissent pas dans une clinique à Paris. Être au monde suppose d’avoir un corps, et pourtant on ne cesse d’avoir notre corps en travers de notre route vers le monde.

 

Je lui chuchote doucement à l’oreille : regarde les iris cette année comme ils sont majestueux. L’eau leur a donné des ailes. Vois aussi cette herbe et son ombre sur le mur. Ou le rouge du coquelicot ou la lumière sur le fleuve. Vois encore les visages s’éclairer de

sourires. Et les larmes coulant de ces mêmes yeux à la mort des leurs. Toute l’humanité passe dans un visage.

"Autoportrait", 2023 de Jules LINGLIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C - Paris © Photo Éric Simon

"Autoportrait", 2023 de Jules LINGLIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C - Paris © Photo Éric Simon

"Alban", 2023 de Jules LINGLIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C - Paris © Photo Éric Simon

"Alban", 2023 de Jules LINGLIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C - Paris © Photo Éric Simon

Je remarque que les rides sur mon front sont exactement comme je les espérais voilà bien des années. Le nouveau-né aussi a des rides. Et il arrive comme une promesse. Mais est-ce parce qu’il a une vie devant lui, ou parce qu’il porte une vie en lui ?

 

Il y a actuellement soixante treize mille cent soixante deux personnes incarcérées en France. Il faudrait des yeux pour les voir. Des yeux comme ceux de Juan Gelman, le poète Argentin. Sur le livre que je garde de mon père, un bandeau traverse la couverture, et l’on y voit le regard de cet homme, d’une tendresse incroyable. Plissés, sombres, vastes, ses yeux sont comme lavés des larmes des siècles – et pourtant la flamme brule.

 "Pavots", 2023 de Jules LINGLIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C - Paris © Photo Éric Simon

"Pavots", 2023 de Jules LINGLIN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie C - Paris © Photo Éric Simon

« Unthinkable Tenderness »(1)

 

Devant l’existence de toute chose - et pour nous en particulier face à un visage - on ne peut pas faire le malin. Il y a un mystère qu’il faut reconnaître. Pour ce qu’il est. Comme un trou noir, où chacun se retrouve, et seul. ,Les rêves agissent en nous comme le vent porte le pollen. nQuel nom vas-tu donner à celui dont tu ne connais pas le visage, et dont pourtant tu fais déjà le portrait ?

 

«J’écris dans l’oubli dans chaque feu de la nuit

chaque visage de toi.

Il y a une pierre alors

je t’y couche en moi,

personne ne la connaît,

j’ai fondé des villages dans ta douceur,

j’ai souffert de tout cela,

tu es hors de moi

étrangère tu m’appartiens.»(2)

 

 

- Yves Berger, Juin 2023

 

1] «Unthinkable Tenderness», Juan Gelman, Selected poems, University of California Press

[2] «Il nous reste la mémoire, Poèmes argentins de l’exil», Juan Gelman, La Découverte

 

Galerie C

6 rue Chapon

75003 Paris

 

 

https://www.galeriec.ch/

 

 

Jours et horaires d’ouverture du mardi au samedi de 11h à 19h.

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