Satoshi SAÏKUSA «À Perte de Vue»
"Marcel la", 2014 de Satoshi SAÏKUSA - Courtesy de la famille de l'artiste et la Galerie DA END © Photo Éric Simon
Du 16 septembre au 28 octobre 2023
Satoshi Saïkusa nous a quittés le 28 septembre 2021.
La galerie Da-End lui rend hommage en présentant une vaste sélection de ses oeuvres. Plusieurs de ses ami-e-s artistes ainsi que sa fille Maï participent elles et eux aussi à cette exposition.*
Dessins et peintures, sculptures et céramiques, portraits et autoportraits, natures-mortes et vanités, boîtes à images et « photographies d'âmes » : à travers un choix d'oeuvres inédites ou iconiques, c'est tout l'itinéraire de Satoshi qui sera retracé dans les salles de la galerie Da-End, ce lieu unique en son genre qu'il avait fondé et imaginé avec son épouse Quynh en 2010.
"No-Zarashi (Weather Beaten)", 2017 de Satoshi SAÏKUSA - Courtesy de la famille de l'artiste et la Galerie DA END © Photo Éric Simon
"Tokonoma Hermaphrodite II", 2017 de Satoshi SAÏKUSA - Courtesy de la famille de l'artiste et la Galerie DA END © Photo Éric Simon
Cette année-là représente un tournant dans l'existence du célèbre photographe de mode. Il perdit sa mère et devint père d'une petite fille appelée Sola, ce qui veut dire ciel en japonais. Les cendres et la sève du renouveau, l'aiguillon de la douleur et le souffle de la joie firent de lui l'artiste, mais aussi le galeriste et le collectionneur toujours avide d'expériences qu'il demeura jusqu'à son dernier jour.
Dans la galerie aux murs de couleurs sombres, où une lumière subtilement tamisée joue avec l'obscurité, on découvrira ou redécouvrira les multiples facettes de son art, placé sous le signe du Mujô-Kan (l'impermanence), d'une beauté fragile hantée par l'érotisme et la spectre de la disparition, où les forces de la vie dansent avec les forces de la mort. (…)
"Ten", 2020 de Satoshi SAÏKUSA - Courtesy de la famille de l'artiste et la Galerie DA END © Photo Éric Simon
"Louise", 2020 de Satoshi SAÏKUSA - Courtesy de la famille de l'artiste et la Galerie DA END © Photo Éric Simon
Lumières nocturnes de la ville irisant la blancheur laiteuse de corps impudiques ; crânes, fleurs en bouquets ou pétales essaimés, papillons et scarabées ; croquis amusants de ses proches ou de vieux maîtres zen ; sculptures hermaphrodites en céramique… À la délicatesse et à la précision de ses compositions minutieusement orchestrées répond la spontanéité presque enfantine de ses croquis intimes dont Satoshi emplissait ses carnets.
Le beau côtoie le bizarre, la préciosité côtoie le dépouillement, les pulsions de l'inconscient côtoient le calme de la méditation tandis que partout affleurent symboles, présages et prémonitions. En effet, quels autres mots employer face à cette photographie de l'artiste où, semblable à un cœur, une pomme rouge transpercée par une balle tient miraculeusement en équilibre sur le bord d'une table, ou encore face à cet autoportrait saisissant où le corps de Satoshi disparaît, tel un voile ou des volutes de fumée ? Comme si son départ devait clore et parfaire son œuvre.
"Peeper Beaster", 2015-2017 de Satoshi SAÏKUSA - Courtesy de la famille de l'artiste et la Galerie DA END © Photo Éric Simon
"Autoportrait", 2019 de Satoshi SAÏKUSA - Courtesy de la famille de l'artiste et la Galerie DA END © Photo Éric Simon
Japonais de naissance et parisien d'adoption, Satoshi a écrit sa vie à la manière d'un poète composant un recueil foisonnant. Le cercle de son histoire s'est refermé le jour, où il cru simplement partir quelques temps au japon pour y travailler. Il choisit de résider à Kyoto, cette ville dont la beauté et la spiritualité l'avait toujours inspiré.
Là il fit ses dernières photos de fleurs qu'il postait sur internet accompagnées de quelques mots anglais — horizon, flowers, life, death, hope, love, intuition, Kyoto —, là son cœur allait cesser de battre alors qu'il était assis en tailleur pour méditer dans sa petite chambre.
"Venus", 2016 de Satoshi SAÏKUSA - Courtesy de la famille de l'artiste et la Galerie DA END © Photo Éric Simon
Sur la vitre de la fenêtre à travers laquelle il observait le paysage alors inaccessible en ces temps démoralisants de confinement généralisé, Satoshi avait scotché un bref texte manuscrit qui disait en substance : « si vous ouvrez les yeux et regardez vers l'avenir, tout est un trésor ».
Peu de temps auparavant, à Paris, il avait photographié la main de sa fille Sola tendue vers une fleur épanouie et avait intitulé la composition : À perte de vue. Ombres du souvenir, couleurs de la présence : cette exposition est une offrande à la mémoire de celui qui pratiqua l'art de la rémanence jusqu'à la perfection.
David Rosenberg Paris, printemps 2023
Galerie DA END
17 Rue Guénégaud
75006 Paris
Jours et horaires d’ouverture du mardi au samedi de 14h à 19h.
Expo Photographie Contemporaine: Satoshi SAÎKUSA "No-Zarashi" - ACTUART by Eric SIMON
"Birth", 2017 de Satoshi SAÏKUSA - Courtesy Galerie Da-End © Photo Éric Simon Du 21 septembre au 11 novembre 2017 La Galerie Da-End présente cet automne 'No-Zarashi', une exposition personnelle...
http://www.actuart.org/2017/09/expo-photographie-contemporaine-satoshi-saikusa-no-zarashi.html
Exposition Photographie Contemporaine: Satoshi SAÏKUSA "Utakata" - ACTUART by Eric SIMON
"Nature Invisible ( black)", 2019 de Satoshi SAÏKUSA - Courtesy Galerie DA-END © Photo Éric Simon Du 5 novembre au 21 décembre 2019 La Galerie Da-End présente pour sa cinquantième exposition ...
http://www.actuart.org/2019/11/exposition-photographie-contemporaine-satoshi-saikusa-utakata.html