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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

13 Oct

Irving PENN « The Bath »

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Photographie Contemporaine

"The Bath (L) (Dancers Workshop of San Francisco)", 1967 d'Irvin PENN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

"The Bath (L) (Dancers Workshop of San Francisco)", 1967 d'Irvin PENN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

Du 23 septembre au 30 novembre 2023

 

 

 

Ce que je retiens, c’est la pureté des relations entre ces jeune et une innocence si différente de celle d’aujourd’hui. En regardant ces images, la façon dont les danseurs se touchent, dont ils s’embrassent [...] il y a une sérénité à laquelle je ne suis pas habitué en tantque photographe.

- Irving Penn, 1995

 

 

 

Cette exposition sera consacrée à une série de photographies rarement vues d’Irving Penn, qui capture le travail révolutionnaire de la chorégraphe américaine Anna Halprin. Prises en 1967, ces images soigneusement composées sont le résultat de la collaboration de Penn avec le Dancers’ Workshop de San Francisco, qu’il a photographié en train d’exécuter la chorégraphie improvisatoire d’Halprin, The Bath.

 

 

Le groupe de quatorze clichés, qui ont été imprimés pour la première fois en 1995, met en avant l’approche pionnière d’Halprin en matière de mouvement et révèle une facette plus expérimentale de la pratique de Penn. Depuis l’exposition à la Maison Européenne de la Photographie en 1997, sous le commissariat de Jean-Luc Monterosso et Pascal Hoël, la série n’a pas été exposée dans son ensemble à Paris.

"The Bath (N) (Dancers Workshop of San Francisco)", 1967 d'Irvin PENN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

"The Bath (N) (Dancers Workshop of San Francisco)", 1967 d'Irvin PENN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

L’été 1967 à San Francisco est connu comme « l’été de l’amour ». Des jeunes de tout le pays ont convergé vers la ville, attirés par sa contre-culture naissante, qui brisait les tabous de la société américaine en prônant la communauté, l’altruisme, le mysticisme et l’amour libre.

 

 

Fasciné par le mouvement, Irving Penn s’est rendu dans la Bay Area dès le mois de septembre suivant pour documenter les participants dans une série de portraits de groupe destinés à être publiés dans le magazine Look. Il voulait « regarder les visages de ces nouveaux habitants de San Francisco à travers un appareil photo dans un studio à la lumière du jour, sur un fond simple, loin de leurs propres circonstances quotidiennes ».

 

 

Au cœur de la scène artistique avant-gardiste des années 1960 se trouvait le Dancer’s Workshop de San Francisco. Leur fondatrice et chorégraphe, Anna Halprin, était une pionnière de la danse postmoderne. Sa pratique basée sur l’improvisation, les gestes rituels et l’interaction au sein d’un groupe, visait à promouvoir une meilleure connaissance de soi et de son corps, ainsi qu’un esprit de communauté. « La danse, c’est le souffle rendu visible », disait Halprin de son approche, qui a radicalement changé la danse moderne.

"The Bath (M) (Dancers Workshop of San Francisco)", 1967 d'Irvin PENN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

"The Bath (M) (Dancers Workshop of San Francisco)", 1967 d'Irvin PENN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

Ses performances audacieuses étaient souvent participatives et se déroulaient rarement sur des scènes traditionnelles. L’une d’entre elles a donné lieu à une convocation pour attentat à la pudeur, quelques mois seulement avant qu’Irving Penn ne photographie la troupe.

 

 

Dans les représentations originales de The Bath, les danseurs nus se baignaient dans des fontaines ou à l’aide de cruches et de seaux d’eau. « La performance de l’action simple, » écrit Halprin dans ses notes sur The Bath, « l’action naturelle, rend tangible ce qui se passe réellement à l’intérieur de l’interprète. » Penn omet les récipients dans ses photographies, bien que de fines gouttelettes d’eau apparaissent ici et là sur la peau des danseurs, et que des taches humides subsistent sur le sol du studio.

 

"The Bath (J) (Dancers Workshop of San Francisco)", 1967 d'Irvin PENN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

"The Bath (J) (Dancers Workshop of San Francisco)", 1967 d'Irvin PENN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

Lorsque Halprin a vu les photos, elle a remarqué que les compositions de Penn mettaient en avant « la pureté absolue d’un garçon et d’une fille qui se lient l’un à l’autre de la manière la plus magique qui soit, et pourtant cela semble réel. Il ne restait plus [aux danseurs] qu’à créer l’essence du bain, mais cela n’avait plus rien à voir avec le bain proprement dit. »

 

 

Bien que la majorité des danseurs ne soient pas nommés, la fille d’Anna Halprin, Daria Halprin, peut être identifiée tout au long des photographies, son regard perçant souligné par Penn dans l’une des images les plus saisissantes de la série. La lumière du jour, qui pénètre latéralement par la fenêtre du côté nord du studio, s’enroule autour des corps des danseurs lorsqu’ils s’entrelacent.

 

 

En redécouvrant les photographies en 1995, Penn a remarqué : « les images représentent principalement des étreintes, belles et touchantes. Ils sont ici ,sans vêtements, il y a de l’amour, les gestes sont tendrement érotiques mais certainement pas pornographiques. »

 

"The Bath (H) (Dancers Workshop of San Francisco)", 1967 d'Irvin PENN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

"The Bath (H) (Dancers Workshop of San Francisco)", 1967 d'Irvin PENN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

Pourtant, les photographies furent jugées trop audacieuses pour être publiée dans l’essai « The Incredibles » paru dans le numéro du 9 janvier 1968 du magazine Look. Selon Vasilios Zatse, directeur adjoint de la Fondation Irving Penn, elles sont restées oubliées pendant près de trois décennies, jusqu’à ce qu’Halprin contacte Penn en 1995 pour lui demander les photographies pour ses archives. Il a sélectionné 14 négatifs et les a imprimés pour elle, en utilisant le procédé de la gélatine argentique. Bien que les deux ne se soient jamais rencontrés, Penn a déclaré à l’époque : « Je ne connaissais pas du tout Ann[a] Halprin, mais je sais, grâce à ces photos, que je l’aime beaucoup. »

 

 

La danse a été un thème récurrent tout au long de la carrière de Penn. De ses photographies des compagnies de ballet américaines en 1946 à sa série de 1999 capturant les mouvements de la danseuse et chorégraphe Alexandra Beller, l’artiste a entretenu un intérêt pour les formes nouvelles et avant-gardistes de la performance.

 

 

 

C’est sans doute grâce à son affinité pour cette forme d’art que Penn a pu capturer The Bath avec une telle acuité. Alors qu’Halprin trouvait que les photographies faisaient ressortir l’essence de son propre travail, Penn a fait remarquer qu’elles lui donnaient un sentiment de « sérénité », auquel il n’était, selon ses propres termes, « pas habitué ». La série représente donc une confluence unique entre la photographie moderne et la danse postmoderne et constitue un document rare de la rencontre de deux esprits artistiques.

"The Bath (F) (Dancers Workshop of San Francisco)", 1967 d'Irvin PENN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

"The Bath (F) (Dancers Workshop of San Francisco)", 1967 d'Irvin PENN - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon

Né en 1917 de parents immigrés à Plainfield, dans le New Jersey, Irving Penn a fréquenté l’école des arts industriels du musée de Pennsylvanie de 1934 à 1938 et a étudié avec Alexey Brodovitch dans son Design Laboratory.

 

Sa première couverture photographique pour le magazine Vogue paraît en octobre 1943 et il continuera à travailler pour la publication tout au long de sa carrière. Dans les années 1950, il fonde son propre studio à New York et commence à réaliser des photographies publicitaires parallèlement à ses travaux privés et expérimentaux.

 

Au début des années 1970, Penn ferme son studio de Manhattan et se consacre au tirage au platine-palladium dans le laboratoire qu’il a construit dans la ferme familiale à Long Island. C’est là qu’il crée sa série novatrice des Cigarettes, présentée lors de sa première exposition au Museum of Modern Art de New York en 1975, ainsi que sa série Street Material, exposée au Metropolitan Museum of Art de New York en 1977.

 

 

La première rétrospective de l’œuvre de Penn a été organisée par le Museum of Modern Art de New York en 1984 et a fait l’objet d’une tournée internationale dans des pays tels que le Japon, la France, l’Espagne, l’Allemagne, la Suède, Israël, l’Italie et le Royaume-Uni. Il a fait don de ses archives à l’Art Institute de Chicago en 1995 et a créé la Fondation Irving Penn en 2005 pour promouvoir la connaissance et la compréhension de son héritage artistique, y compris la diversité des techniques, des supports et des sujets qu’il a explorés. Parmi les expositions récentes de l’artiste figurent Irving Penn : Beyond Beauty au Smithsonian American Art Museum, Washington, D.C. (2015), Centennial au Metropolitan Museum of Art, New York (2017), qui a voyagé à la RMN - Grand Palais, Paris ; C/O Berlin et l’Instituto Moreira Salles, São Paulo et Irving Penn, Chefs d’œuvre de la collection de la MEP aux Franciscaines à Deauville (2023).

 

 

Galerie Thaddaeus ROPAC

7, rue Debelleyme
75003 Paris

 

 

www.ropac.net

 

 

Jours et Horaires d’ouverture : Du mardi au samedi de 10h à 19h

 

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