Mamma ANDERSSON « Adieu Maria Magdalena »
Détail "Quel Bordel", 2023 de Mamma ANDERSSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric Simon
Du 16 octobre au 18 novembre 2023
David Zwirner a le plaisir de présenter dans sa galerie parisienne un ensemble de peinture récentes de l’artiste suédoise Mamma Andersson (née en 1962). Faisant suite à Humdrum Days, importante exposition personnelle présentée en 2021 au Louisiana Museum of Modern Art (Humlebæk, Danemark), Adieu Maria Magdalena est la première exposition personnelle de l’artiste à Paris, et sa cinquième en collaboration avec David Zwirner.
En 2018, l’artiste est lauréate du Prix de dessin de la Fondation d’art contemporain Daniel et Florence Guerlain.
"Willy-nilly", 2023 de Mamma ANDERSSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric Simon
Le travail de Mamma Andersson se distingue par son esthétique composite, si particulière, qui associe une touche matiériste à des lavis subtils, un trait sec et affirmé à des couleurs évocatrices. Ses peintures témoignent d’une approche unique, qui convoque un certain romantisme fin-de-siècle, mais manifeste aussi une affinité toute contemporaine pour des compositions complexes, d’une grande profondeur psychologique.
Souvent traités sur un mode panoramique, ses tableaux s’inspirent en grande partie de photographies d’archive, d’images issues du cinéma, du théâtre et de ses décors, de l’agencement d’intérieur et de son histoire. Une autre influence majeure a trait aux paysages dépouillés du nord de la Suède, où l’artiste a grandi : neige, arbres, chalets en bois et chaînes de montagnes à l’horizon se retrouvent souvent dans ses œuvres.
Mais ces éléments ne fournissent jamais de points de référence spatio-temporels précis : ils contribuent plutôt à exprimer une atmosphère singulière, voire un état d’esprit subjectif, et semblent fréquemment brouiller les frontières entre passé, présent et avenir.
"Lièvre Mort d'Ehrenstrahl", 2023 de Mamma ANDERSSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric Simon
Les œuvres présentées dans Adieu Maria Magdalena abordent des thèmes et des motifs récurrents dans le travail de Mamma Andersson et suggèrent un rapport aussi complexe que central aux affects liés à la perte, à la séparation. « Adieu » métaphorique adressé par l’artiste à une période de sa vie désormais révolue, l’exposition doit son titre à une église du XVIIe siècle située au centre du quartier où elle a longtemps habité.
Dans le tableau éponyme, on voit un paravent dont les panneaux représentent des vues d’intérieurs inhabités, et devant lui, éparpillées par terre, des mains de mannequin en vrac, motif habituel chez l’artiste.
"Amulette", 2023 de Mamma ANDERSSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric Simon
"Vespera", 2023 de Mamma ANDERSSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric Simon
Par un subtil effet de trompe-l’œil, la peintre confère un sentiment claustrophobique à ce huis clos domestique, y combinant d’étranges scènes d’intérieurs vues dans son propre foyer ou tirées de son imagination. Comme d’autres œuvres de l’exposition, cet enchevêtrement d’images et de surfaces met aussi en question l’essence même de la représentation.
Plutôt que les panneaux de bois jusqu’alors privilégiés par l’artiste, celle-ci adopte l’huile sur toile pour les œuvres présentées dans Adieu Maria Magdalena. Ce support lui permet de travailler à plus grande échelle et de démultiplier les possibilités, en termes de composition, dans l’espace du tableau.
Le dépouillement des scènes dépeintes par Mamma Andersson évoque Vilhelm Hammershøi (1864-1916), mais découle surtout d’associations subjectives, intimes, à ce que lui évoquent la domesticité et la quiétude. Ainsi, la peintre inclut des objets et des cadeaux personnels dans les masques aux allures de poupées qui figurent dans Behind the Masks (2023). Dans Armageddon (2023), on peut voir une broderie suzani qui se trouve dans la maison de l’artiste, ainsi qu’un étendoir à linge dans le coin inférieur droit du tableau.
"Speculi Oculo I", 2023 de Mamma ANDERSSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric Simon
"Speculi Oculo III", 2023 de Mamma ANDERSSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric Simon
L’exposition comprend trois œuvres représentant des miroirs, surfaces réfléchissantes qui permettent à Mamma Andersson de suggérer un tout autre monde, ambigu, tourbillonnant, d’une grande profondeur spirituelle et psychologique. Car ce ne sont pas des reflets mais des paysages mystérieux qui apparaissent dans les miroirs aux cadres anciens, comme enchâssés dans leurs dorures sophistiquées.
Plusieurs tableaux prolongent l’étroite relation qu’entretient l’artiste avec l’œuvre de Carl Fredrik Hill (1849-1911), peintre de paysage suédois ayant fait ses études en France. Les ,paysages de Mamma Andersson s’inspirent de la touche souple et de la palette variée de Hill ; en revanche, des éléments d’architecture intérieure y créent des espaces limités, confinés.
"Quel Bordel", 2023 de Mamma ANDERSSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric Simon
Ainsi, le couloir figurant dans Quel Bordel (2023), tapissé d’un papier peint à motif de prairies et montagnes, débouche sur une scénette énigmatique où un petit personnage, le dos tourné au spectateur, partage l’espace restreint avec une étagère abritant une figurine féminine, toute rose, et un cheval.
D’autres références procèdent d’experimentations, contribuant à amplifier une certaine tension dramatique : la peintre a exécuté plusieurs tableaux sur des toiles spécialement apprêtées de noir pour varier les effets entre surface et fond. Et dans Ohh, Deer (2023), elle abandonne la perspective linéaire : une table en bois, un masque et une tête decerf semblent flotter sur un fond noir.
La composition fait indirectement écho à la tradition asiatique de peinture sur paravent, que l’artiste admire depuis de nombreuses années.
"The Misunderstood", 2023 de Mamma ANDERSSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric Simon
Mamma Andersson est née en 1962 à Luleå, en Suède. Elle vit et travaille à Stockholm, où elle a étudié l’art de 1986 à 1993 au sein de la Kungliga Konsthögskolan. Depuis 2004, Mamma Andersson est représentée par David Zwirner. The Lost Paradise, la quatrième exposition personnelle de l’artiste en collaboration avec la galerie, s’est tenue à New York en 2020.
Parmi ses expositions précédentes, on peut noter Behind the Curtain (2015), Who is sleeping on my pillow (2010), en duo avec l’artiste Jockum Nordström, et Rooms Under the Influence (2006), première présentation de son travail aux États-Unis.
En 2022-2023, l’exposition Tal R & Mamma Andersson–About Hill, organisée par le Kunsten Museum of Modern Art d’Aalborg (Danemark), y est inaugurée avant d’être présentée au Konstmuseum de Malmö (Suède) et au Museum MORE à Gorssel (Pays-Bas), en novembre 2023. En 2021, le Louisiana Museum of Modern Art à Humlebæk (Danemark) a accueillil’exposition personnelle Mamma Andersson: Humdrum Days.
En 2018-2019, une exposition personnelle, intitulée Memory Banks, a été présentée au Contemporary Arts Center de Cincinnati (Ohio, États-Unis). En 2011, le travail de l’artiste a fait l’objet d’une exposition ,personnelle au Museum Haus Esters à Krefeld (Allemagne). Sa première exposition muséale personnelle aux États-Unis s’est tenue à l’Aspen Art Museum, dans le Colorado, en 2010 ; sa ,première exposition personnelle en Irlande a eu lieu à la galerie Douglas Hyde à Dublin, en 2009.
En 2018, Mamma Andersson est lauréate de la 11e édition du Prix de dessin de la Fondation ,d’art contemporain Daniel et Florence Guerlain. La même année, lors de la 33e Biennale de São Paulo, elle est commissaire de l’exposition collective Stargazer II, où plusieurs de ses tableaux figurent également.
"Döden Döden Döden", 2023 de Mamma ANDERSSON - Courtesy de l'artiste et de la Galerie David ZWIRNER - Paris © Photo Éric Simon
En 2007, le Moderna Museet de Stockholm a organisé une première rétrospective ,retraçant son travail ; l’exposition a ensuite été présentée à la Kunsthalle d’Helsinki (Finlande) et au Camden Arts Centre à Londres.
En 2006, elle remporte le prestigieux Carnegie Art Award, qui récompense un artiste contemporain originaire des pays nordiques et organise une exposition de son travail : celle de l’artiste a été présentée dans de nombreuses institutions artistiques européennes.
En 2003, lors de la 50e édition de la Biennale de Venise, le pavillon des pays nordiques présente son travail.
Galerie David ZWIRNER
108 rue Vieille du Temple
75003 Paris
Jours et horaires d’ouverture de mardi au samedi de 11h à 19h.