Gaël MASKI « L’Étoffe des Rêves »
Détail "Tour de contrôle", 2023 de Gaël MASKI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie ANGALIA - Paris © Photo Éric Simon
Du 10 novembre au 23 décembre 2023
La galerie Angalia présente L’étoffe des rêves, la première exposition individuelle de Gaël Maski. Né en 1990 à Kalemie en République démocratique du Congo, Gaël Maski a 7 ans lorsque sa famille s’installe à Kinshasa, capitale d’un pays alors en guerre. Son père, militaire dans l’armée congolaise, perd la vie peu après. La famille entame alors un long combat pour se reconstruire, dans un pays qui s’enfonce durablement dans la crise.
Après ses humanités à l’Institut des beaux-arts (2009), il entre en 2010 à l’Académie des beaux-arts de Kinshasa en section peinture. Il en sort diplômé en 2014. Après une tentative en peinture sur toile, il s’oriente vers le collage, à partir de photos extraites de magazines, et la peinture sur bois. Il récupère des panneaux usagés sur lesquels il réalise des œuvres figuratives et symboliques à la tonalité surréaliste et aux accents humanistes, mêlant collage et peinture.
Fin 2016, il rejoint pour trois ans le Kin Artstudio (KAS) à Kinshasa, une structure créée par l’artiste Vitshois Mwilambwe dans le but d’offrir un espace d’atelier aux jeunes artistes et de favoriser leurs échanges.
"Le Baptème", 2018 de Gaël MASKI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie ANGALIA - Paris © Photo Éric Simon
"Between even II", 2017 de Gaël MASKI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie ANGALIA - Paris © Photo Éric Simon
Il participe en 2017 à l’atelier-résidence Picha, coordonné par Samy Baloji à Lubumbashi, et expose à la biennale de Lubumbashi.
À son retour, il décide de travailler de façon systématique à partir de photos qu’il réalise lui-même, afin de mieux capturer les instantanés de la vie de ses personnages et leur environnement. Il s’intéresse particulièrement aux marginalisés, aux sans voix. Il les interviewe, les photographies, imprime les photos et les découpe. Puis vient l’étape de la « recréation », désormais sur toile : il recompose les fragments du réel pour créer des scènes nouvelles.Le propos artistique se met en place. Maski entend transcender les réalités sociales des « déclassés » par la magie de l’imagination.
Admiratif de la force mentale des plus démunis, il les met en scène dans leur environnement, qu’il nourrit d’allégories et de symboles. Il s’agit d’offrir aux sans voix la possibilité de s’exprimer, de dire leurs frustrations, leurs colères, leurs révoltes, mais aussi leurs aspirations et leurs rêves. L’artiste se propose de les porter sur une œuvre. Il entend ainsi témoigner sans culpabiliser, montrer la dure réalité sans susciter l’apitoiement.
"Old équilibre", 2023 de Gaël MASKI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie ANGALIA - Paris © Photo Éric Simon
"KLV", 2021 de Gaël MASKI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie ANGALIA - Paris © Photo Éric Simon
La mise en scène colorée dans des environnements reconstruits à partir de décors réels facilite la rencontre avec les personnages. En cela, Maski se fait médiateur. Avec un grain de surréalisme, il barre la route à une confrontation plus directe avec la misère. Sans l’imaginaire, l’accès à la réalité serait à la fois plus rude et moins pénétrant.
Imaginaire et réel se combinent donc, le premier venant compléter ou renforcer le second via des symboles et des allégories. Cette dualité n’est pas fortuite, elle se relie à l’expérience personnelle de Gaël Maski : « dans la vie kinoise, beaucoup de gens, y compris moi, ont besoin de s’évader dans un monde imaginaire pour survivre ».
Il aime d’ailleurs à penser que son travail suscite chez le public un même élan intérieur, une introspection, et que le spectateur pourra y trouver lui-même, le cas échéant, un remède à ses maux. Dans toute l’œuvre de Gaël Maski circule la notion de récit et de mémoire. C’est par le récit de leur histoire personnelle que Maski établit le contact premier avec les protagonistes de ses tableaux, et dans ce récit qu’il puise la matière de ses réalisations.
"Jumeaux", 2023 de Gaël MASKI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie ANGALIA - Paris © Photo Éric Simon
"On kinetoscope", 2016 de Gaël MASKI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie ANGALIA - Paris © Photo Éric Simon
"Tour de contrôle", 2023 de Gaël MASKI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie ANGALIA - Paris © Photo Éric Simon
Son travail consiste ensuite à produire un autre récit, qui se nourrit de la réalité en même temps qu’il s’en affranchit pour créer un univers de rêve, une histoire parallèle. Ce faisant, la temporalité s’invite comme une composante centrale. Les personnes qu’ils rencontrent lui racontent beaucoup de souvenirs. Ceux-ci renvoient aussi à la mémoire collective, que Maski aborde dans certaines œuvres récentes en rapport avec l’héritage colonial.
En 2021-2022, Gaël Maski a été exposé à la galerie Jeffrey Deitch (Los Angeles), dans l’exposition collective Self-Addressed curatée par Kehinde Wiley.
En 2023, il a présenté à l’Institut français de Brazzaville l’exposition Entre deux mondes, en duo avec Alexandre Kyungu.
Un catalogue est édité à l’occasion de la présentation de L’étoffe des rêves.
Galerie ANGALIA
10-12 rue des Coutures Saint Gervais
75003 Paris
Jours et horaires d’ouverture : Le mardi de 12h à 19h, du mercredi au samedi de 11h à 19h.
Entretien avec Gaël Maski | octobre 2020
Gaël Maski, artiste de Kinshasa, dévoile ses sources d'inspiration, explique sa démarche artistique et son goût pour l'imaginaire et le symbolisme.