Alejandro CAMPINS « SUCEDÁNEOS »
"Sol naciente", 2023 de Alejandro CAMPINS - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon
Du 19 janvier au 19 mars 2024
GALLERIA CONTINUA / PARIS est ravie de présenter l’artiste Alejandro Campins (Manzanillo, Cuba, 1981) au sein de son espace. L’exposition Sucedáneos réunit des toiles peintes spécifiquement pour cette occasion, issues de différentes séries, que l’artiste confronte pour la première fois les unes aux autres dans un seul espace.
Originaire de Cuba, Alejandro Campins vit et travaille entre Madrid et la Havane, développant une pratique picturale et photographique inspirée par différents lieux visités au cours de ses voyages. Son île natale, par son histoire, son architecture et ses paysages emblématiques, imprègne depuis toujours l’imaginaire de l’artiste.
Oniriques, les paysages qu’il en fait, mêlent des temporalités différentes, brouillant les pistes entre souvenirs et imagination. L’absence de représentation humaine confère une atmosphère énigmatique aux lieux représentés.
"Labios, from the series "Lethargy", 2023 de Alejandro CAMPINS - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon
Le titre de l’exposition, Sucedáneos, que l’on peut traduire par « substituts » ou « succédané », révèle pour l’artiste les liens étroits entre la politique et la religion, et renvoie directement à l’histoire de son pays. En effet, suite à la Révolution cubaine et l’interdiction de pratiquer toute religion, Cuba vit surgir
un peu partout des amphithéâtres destinés à promouvoir l’idéologie du parti communiste. Pour l’artiste, ces espaces devinrent des lieux de substitution pourvus d’une liturgie propre, où le culte de la religion fut remplacé par celui de la politique – comme l’artiste le représente dans les œuvres récentes de sa série Public Statement, débutée en 2015.
"Hipopotamo, from the series "Lethargy"", 2023 de Alejandro CAMPINS - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon
Ces lieux, aujourd’hui vides et privés de leur fonction, sont devenus les décorums d’une histoire passée. Bien que peints d’après des photographies, et des croquis réalisés sur place, la représentation architecturale détaillée des amphithéâtres contraste fortement avec celle presque évanescente des paysages d’arrière-plan, questionnant ainsi la réalité de l’image et la temporalité.
"Grano de arena, from the series "Badlands", 2023 de Alejandro CAMPINS - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon
"the series "Lethargy", 2023 de Alejandro CAMPINS - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon
La série Lethargy, débutée la même année, s’articule quant à elle autour du motif du bunker, élément architectural constitutif de périodes historiques tourmentées pendant la Seconde Guerre Mondiale et la Guerre Froide.
À travers ses différents voyages en Europe, aux États-Unis ou à Cuba, Alejandro Campins est frappé par l’aspect intemporel de ces constructions.
"Brote, from the series "Tibet" ", 2023 de Alejandro CAMPINS - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon
"Patio comun, from the series "Altars"", 2023 de Alejandro CAMPINS - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon
Ainsi,un univers commun se créé autour de l’idée de systèmes de défense entre les bunkers de la série Lethargy et les amphithéâtres cubains représentés dans la série Public Declaration. Ces architectures diamétralement opposées en apparence, se révèlent servir toutes les deux le même mécanisme de défense face à la peur du changement, une volonté de contrôle en réponse à l’instabilité.
Développée par Alejandro Campins à la suite d’un voyage au Tibet en 2018, les œuvres de la série Tíbet, entreprise à partir de 2020, sont une porte d’entrée vers l’une des géographies les plus impressionnantes et probablement méconnues du monde contemporain : le plateau septentrional de l’Himalaya, connu sous le nom de «Toit du monde ».
Prenant pour origine conceptuelle le phénomène d’acculturation, les œuvres capturent non seulement le paysage grandiose, mais également le conflit caché derrière leur beauté envoûtante: l’impact de la révolution culturelle chinoise sur le bouddhisme tibétain. Les ruines des stupa, monuments de culte sacrés dans la religion bouddhiste, représentées dans les peintures de la série Tíbet explorent les liens – formels ou officieux – entre religion et politique.
"Valle de voces, from the series "Tibet"", 2023 de Alejandro CAMPINS - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon
"Tummo, from the series "Tibet"", 2023 de Alejandro CAMPINS - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon
Deux nouvelles séries sont également présentées: Altars qui explore l’idée de monuments à Cuba, Sans Titre dédiée à l’exploration d’espaces cubains transformés en parcs dont la fonctionnalité se trouve altérée par l’absence de critères architecturaux et urbanistiques. Ces différentes séries sont ainsi caractéristiques de la pratique de l’artiste, mettant en lumière la modification structurelle de paysages par le prisme de l’action humaine.
Alejandro Campins appréhende le lieu, l’espace et le paysage qui font l’objet de son travail en utilisant la photographie, les dessins et parfois la vidéo. Dans le cadre de travaux préparatoires, ces différents mediums guident l’artiste dans son processus d’élaboration de l’essence qui fera sa peinture.
"Untitled, from the series "Altars"", 2023 de Alejandro CAMPINS - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon
Alejandro Campins Fleita (Manzanillo, Cuba 1981)
vit et travaille entre La Havane et Madrid. Il a étudié à l’Académie professionnelle des beaux-arts “El Alba“ à Holguin (2000) et à l’Institut supérieur des arts (ISA) à La Havane (2009). Les peintures, dessins et photographies de Campins explorent le genre du paysage et des lieux avec une forte charge émotionnelle qui défie notre perception de l’espace et du temps. En 2019, il fait partie du Pavillon cubain de la 58e Biennale de Venise et de la XIIIe Biennale de La Havane.
Le travail d’Alejandro Campins fait partie de nombreuses collections internationales publiques et privées : Fondazione Giuliani, Italie ; Musée national des beaux-arts de La Havane ; Musée Voorlinden, Wassenaar, Hollanda ; Maison européenne de la photographie (MEP), Paris ; Collection Pizzuti, Columbus, Ohio, États-Unis ; Daros – Latinamerica Collection, Zurich; Ella Cisneros Fontanals Collection; AMA Foundations. Chili ; Jorge Pérez Collection, Miami ; entre autres.
Galleria CONTINUA
87 rue rue du Temple
75003 Paris
https://www.galleriacontinua.com/
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.