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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

05 Apr

Youcef KORICHI «Le bleu du ciel»

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Peinture Contemporaine, #Expo Solo Show

 "Pantin #3", 2022 de Youcef  KORICHI  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"Pantin #3", 2022 de Youcef KORICHI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

Du 16 mars au 27 avril 2024

 

 

Youcef Korichi connait trop bien l’histoire de l’art, la manière de fabriquer un tableau classique et la littérature pour ne pas s’être appuyé sciemment pour sa nouvelle série sur trois immenses créateurs à qui il rend ainsi hommage.

 

L’un des maîtres de l’artiste est Francisco Goya pour sa peinture mais aussi pour sa vision critique du monde. Dans la série Le bleu du ciel, c’est lui que Youcef Korichi évoque comme une évidence.

 

 

Francisco Goya et son pantin « El Pelele » peint en 1792 pour le roi. C’est une dérive du sens académique, un coup de pied à l’ordre établi, une rupture. Parce qu’un pantin, figure carnavalesque par excellence, est par nature même désarticulé.

 

"Pantin #4", 2022 de Youcef  KORICHI  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"Pantin #4", 2022 de Youcef KORICHI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

Pour cinq tableaux d’une touche plus expressionniste, l’artiste regarde la série de gravures de 1524 d’Hans Holbein La danse de la mort où la mort intervient directement dans des scènes de la vie quotidienne.

 

Enfin, en 1935, Georges Bataille écrit Le bleu du ciel, ce roman publié en 1957 avec quelques retouches de son auteur. Un texte assez sombre, récit inclassable d'une modernité étrange, force de déraison ouvrant un ciel bleu.

 

"Holbein 3", 2023 de Youcef  KORICHI  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"Holbein 3", 2023 de Youcef KORICHI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"Holbein 2", 2023 de Youcef  KORICHI  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"Holbein 2", 2023 de Youcef KORICHI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"Goya", 2023 de Youcef  KORICHI  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"Goya", 2023 de Youcef KORICHI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

La série

En reprenant comme titre de ses nouvelles créations Le bleu du ciel, Youcef Korichi veut-il à son tour interroger le présent en se plongeant dans l’histoire de l’art ?

La série est composée de sept tableaux de grand format (six de 200 par 200 et un de 195 sur 130…). Deux d’entre eux sont directement inspirés de Goya. Sur le premier, la tête floutée en gros plan du pantin occupe tout l’espace. Sur l’autre, reprenant la peinture originale, le pantin est jeté en l’air.

 

Les quatre jeunes femmes ont disparu. Mais la critique demeure. Si le pantin est bien symbole masculin, il est là mis à mal.

 

"Goya 2 (El Pelele)", 2024 de Youcef  KORICHI  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"Goya 2 (El Pelele)", 2024 de Youcef KORICHI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"Pantin #1", 2022 de Youcef  KORICHI  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"Pantin #1", 2022 de Youcef KORICHI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

Les cinq suivants sont des corps sans tête. Habillés d’un costume gris anthracite, tirant vers le violet, ils flottent en apesanteur dans un ciel de nuages. L’artiste évoque telle ou telle partie du costume jusqu’à n’en représenter qu’un détail. Tous se dérobent au rationnel, dans une position suspendue, figée, position intermédiaire entre l’horizontal et le vertical. Leur étrangeté précède le récit, le catapulte dans un ailleurs incertain, chancelant.

 

 

Arrachées à leur origine de simple vêtement, les toiles retrouvent leur fonction plastique, elles interrogent. Il faut alors déceler la nuance, l’image fragmentaire tisse un langage. Si ces figures créent le décor, elles deviennent presque un monde à part et c’est dans ce contour qu’on en trouve le sens.

 

Les autres tableaux, plus petits ou d’un format moyen, se focalisent sur un motif - un drap jeté sur l’herbe ou dans les buissons - une paire de chaussures, appartenant à l’artiste…

 

"Drap sur herbes 2", 2023 de Youcef  KORICHI  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"Drap sur herbes 2", 2023 de Youcef KORICHI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"Forfait Oncle/ Tio Paquete", 2024 de Youcef  KORICHI  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"Forfait Oncle/ Tio Paquete", 2024 de Youcef KORICHI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

Avec cette série, Youcef Korichi triture l’art du basculement. Entre l’envol et la chute, la blessure et la convalescence, la lumière et l’ombre, ses toiles se situent dans un au-delà, sorte de dialogue de l’artiste avec la folie du monde. Il aime jouer avec des formes aventureuses.

 

 

Sa méthode est patiemment mise au point : recours à la photographie comme simple document de travail, regard porté sur des objets réels – une veste, un pantalon dont le bourrage systématique remémore des parties du corps, usage de la peinture à l’huile déposée couche après couche sur les œuvres et du vernis, mise au carreau. Si son travail est pleinement figuratif, ce rattachement présente des caractéristiques bien autonomes par une synthèse formelle et d’idées d’une indiscutable originalité.

 

"Chaussures", 2023 de Youcef  KORICHI  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"Chaussures", 2023 de Youcef KORICHI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"In situ", 2023 de Youcef  KORICHI  - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

"In situ", 2023 de Youcef KORICHI - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne TARASIEVE © Photo Éric Simon

Car, sous leur apparente simplicité, les tableaux de Youcef Korichi ont plusieurs entrées. Pour mieux les décrypter, il faut apprendre les règles du détour : pourquoi ce citoyen sans tête se plait dans les nuages ?

Veut-il échapper à la réalité souvent abrupte ?

 

A la manière de certains surréalistes belges, Youcef Korichi suggère l’importance du regard.

 

 

Sa peinture est un espace libre, animée sous une apparence froide de pulsions, de questionnements, de violence avec ces corps en morceaux. Et si avec ces œuvres à la fois présentes et toujours insaisissables, Youcef Korichi voulait nous dire que nous ne pouvons les rejoindre que dans le rêve ?

Ou mieux, dans quelle mesure, la peinture participe-t-elle au dévoilement historique de la vérité ?

Quel est le pouvoir de l’art aujourd’hui dans le devenir du monde ?

 

- Françoise Docquiert

 

 

Galerie Suzanne TARASIEVE

7, rue Pastourelle

 75003 Paris

 

 

https://www.suzanne-tarasieve.com/

 

 

Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.

 

 

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