Nohemí PÉREZ « El Jardín de Amado »
"Amado en su jardin", 2023 de Nohemí PÉREZ - Courtesy de l'artiste et de la Galerie MOR CHARPENTIER © Photo Éric Simon
Du 16 mars au 11 mai 2024
Le travail multidisciplinaire de Nohemí Pérez s’intéresse au relations complexes entre l'homme et la nature, et aux effets, conflits et tensions qui découlent de cette friction constante.
Dans ses œuvres, l’artiste choisit de mettre en avant et de réinterpréter certains territoires colombiens qui partagent un écosystème naturel et socioculturel très particulier.
De l'époque de la Conquête à nos jours, ces régions de jungle ont été le théâtre de multiples conflits qui se sont transformés pour créer un réseau complexe de situations anachroniques, caractéristiques de l'Amérique latine contemporaine.
Aujourd’hui, ces forêts primaires abritent à la fois des groupes armés illégaux aux idéologies opposées, des tribus indigènes, des missionnaires évangéliques, ou encore de grandes multinationales agricoles et minières et des trafiquants de drogue.
"La casa del Bejuco", 2023 de Nohemí PÉREZ - Courtesy de l'artiste et de la Galerie MOR CHARPENTIER © Photo Éric Simon
"El senor del Cielo", 2023 de Nohemí PÉREZ - Courtesy de l'artiste et de la Galerie MOR CHARPENTIER © Photo Éric Simon
Détail "El senor del Cielo", 2023 de Nohemí PÉREZ - Courtesy de l'artiste et de la Galerie MOR CHARPENTIER © Photo Éric Simon
En étudiant cette terre à laquelle elle est intimement liée, et en recueillant les voix de ceux qui y ont vécu et qui l’habitent encore, Nohemí Pérez rend hommage à ses origines autant qu’elle les explore. Une des particularités de son travail est de dessiner de nouvelles cartes symboliques et géographiques qui englobent les multiples réalités de la Colombie, pour lui permettre de devenir un lieu de reconstruction et de paix.
Bien qu’elle examine l’histoire à partir de sa propre expérience et de ses liens affectifs, elle intègre aussi des préoccupations écologiques en dénonçant l’impact de l’activité humaine sur une biodiversité de plus en plus fragilisée. Dans ses peintures ou ses dessins au fusain rehaussés de broderies, Nohemí Pérez célèbre des écosystèmes menacés par les incendies, la surexploitation, et les conséquences du réchauffement climatique.
Si elle alerte sur la situation, l’artiste laisse aussi entrevoir un espoir ; les ajouts d’animaux brodés, en couleurs et parfois inachevés, sont une métaphore du risque réel de disparition qui pèse sur eux, autant qu’ils évoquent la possibilité d’une réparation.
"La morada del Tigre", 2023 de Nohemí PÉREZ - Courtesy de l'artiste et de la Galerie MOR CHARPENTIER © Photo Éric Simon
"El senor de los Pajaritos", 2023 de Nohemí PÉREZ - Courtesy de l'artiste et de la Galerie MOR CHARPENTIER © Photo Éric Simon
Pour sa première exposition personnelle en Europe, Nohemí Pérez a choisi de se concentrer sur la figure d'Amado et son jardin de plantes médicinales, qui résiste comme une oasis de biodiversité au milieu des jungles dévastées : "Dans le Putumayo, sur les rives du fleuve, vit Amado, un médecin traditionnel, fils d'une Indienne et d'un Santandereano, un métis comme la plupart des Colombiens.
Autour de lui, la forêt a été ravagée. Lui s'occupe d'un morceau de jungle dense, où la plupart des plantes ont des propriétés médicinales, pour les poumons, la prostate, la mémoire, ainsi que sept variétés de Yagé, considérée comme la plante maîtresse. C'est un médecin dans sa pharmacie ; c'est ce que j'ai ressenti. La sagesse de ce que nous appelons la nature y est palpable, son offrande. Il la reçoit et la fait macérer ou bouillir, la mélange à ses prières et à ses chants pour guérir.
"El senor del Trueno", 2023 de Nohemí PÉREZ - Courtesy de l'artiste et de la Galerie MOR CHARPENTIER © Photo Éric Simon
Détail "El senor de los Pajaritos", 2023 de Nohemí PÉREZ - Courtesy de l'artiste et de la Galerie MOR CHARPENTIER © Photo Éric Simon
"El senor de la Suerte", 2023 de Nohemí PÉREZ - Courtesy de l'artiste et de la Galerie MOR CHARPENTIER © Photo Éric Simon
Cela nous rappelle l'importance de ces êtres qui semblent statiques et nous invitent à changer notre façon de voir et de nous comporter les uns avec les autres, car nous faisons également partie de « la nature ».
Dans la série El jardín de Amado, je m’intéresse à l’idée de réinterprétation et j’aime à penser que les paysages que je dessine et peins sont des portraits. Des portraits d'êtres conscients. De leurs branches, de leurs troncs, de la communion entre eux, de leurs liens pour habiter et survivre, branche sur branche, feuille sur feuille".
Nohemí Pérez
"El bejuco de los Secretos", 2023 de Nohemí PÉREZ - Courtesy de l'artiste et de la Galerie MOR CHARPENTIER © Photo Éric Simon
"El laboratorio de Amado", 2023 de Nohemí PÉREZ - Courtesy de l'artiste et de la Galerie MOR CHARPENTIER © Photo Éric Simon
Nohemí Pérez est née en 1964 à Tibú, en Colombie. Elle vit et travaille à Bogota.
La pratique multidisciplinaire de Nohemí Pérez se concentre sur la cohabitation entre l’être humain et son environnement, mettant en lumière une friction constante entre homme et nature, une relation de conflits et de tensions autour des notions de pouvoir, d’exploitation et de richesses.
A partir de l’architecture, du cinéma et de la sociologie, l’artiste propose une relecture du territoire du Catatumbo ; une région à la frontière entre la Colombie et le Vénezuéla, avec un écosystème naturel et socioculturel très particulier. De la conquête coloniale à nos jours, le Catatumbo a été le théâtre de multiples conflits qui se sont transformés pour composer une trame complexe de situations anachroniques caractéristiques de la contemporanéité latino-américaine.
Des groupes armés illégaux, des tribus indigènes, des missionnaires évangéliques, des multinationales de l’industrie minière et des trafiquants de drogue coexistent dans cette région de jungle.
Galerie MOR CHARPENTIER
61 rue de Bretagne
75003 Paris
https://www.mor-charpentier.com/fr/
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.