Hernan BAS « The First and The Last »
"The last screening", 2024 de Hernan BAS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
Du 13 avril au 1er juin 2024
La galerie Perrotin est heureuse de présenter The First and the Last, la sixième exposition personnelle d’Hernan Bas à la galerie. À travers une combinaison de peintures et d’œuvres sur papier, l’artiste explore les frontières floues entre réalité et fiction, invitant les spectateurs dans un monde où l’extraordinaire et le banal se rejoignent.
Son travail incite à réfléchir sur la fragilité de la vie et les nuances des relations humaines. En prenant, entre autres, comme point de départ la récente affaire d’un touriste surpris en train de graver son nom sur le Colisée à Rome, Bas nous entraîne dans une exploration captivante des absurdités de l’existence et de la beauté poignante qui en émerge.
"His first taste of Absinthe", 2024 de Hernan BAS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
"Life-drawing (his first male subject)", 2024 de Hernan BAS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
« Même si cet acte était loin d’être admirable, il m’a rappelé le genre de lieux auxquels les gens ressentent le besoin d’attacher leur nom (parfois littéralement). Il s’agit d’un acte de tentative d’immortalité à une échelle mineure. »
- Hernan Bas
Les premiers et les derniers ?
Mais de quelle absurde compétition ?
Ou bien de quel royaume divin, et avec quel renversement des rôles ?
Sur le ton de l’humour noir, le sujet de l’exposition The First and the last est tout simplement venu à Hernan Bas en référence à l’arrivée des Jeux Olympiques à Paris cet été. Après une exposition intitulée The Conceptualists, au Bass Museum à Miami, il souhaitait s’engager sur une voie plus légère, et rendre hommage aux loosers magnifiques qu’il affectionne particulièrement.
"The first and last pet on Mars", 2024 de Hernan BAS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
"His first and last job (the carnie"), 2024 de Hernan BAS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
Pour lui, une peinture ou un dessin commence avec des listes de titres qu’il élabore par écrit, puis il en choisit un, et le traduit en images par des montages photographiques. Lorsqu'il commence à peindre, il les projette sur la toile, qu’il attaque en général directement à l’acrylique.
Dans cette nouvelle exposition, il présente pour la première fois une majorité de dessins, qu’il considère comme des œuvres à part entière. Il s’est approprié le transfert qu’affectionnait Paul Gauguin, une pratique délicate qui consiste à enduire d’encre des feuilles au recto, à les retourner sur un support, et à dessiner sur leur verso pour laisser l’empreinte des traits sur le support – un simple geste trop appuyé peut ruiner l’ensemble en un instant. Il a ajouté à ce processus jusqu’à 8 ou 10 couches de gris apposées en sérigraphies. Sur ses peintures, alors qu’il utilise en général l’acrylique, il a expérimenté des rehauts à l’huile, par exemple pour des lames d’argent ou des fragments d’uniformes.
"His first and possibly last performance (the knife thrower)", 2024 de Hernan BAS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
"The last museum guard at the last museum on Earth", 2024 de Hernan BAS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
Tout un peuple de personnages aux profils éclectiques apparait dans cette série inédite. A quoi ressemblerait le gagnant de l’un de ces concours de danse hebdomadaires qui conduisaient les participants à s’épuiser jusqu’à l’évanouissement pendant la Grande Dépression ? « Ils tuent les chevaux, n’est-ce pas ? », est-il écrit sur le t-shirt de l’un d’eux.
Ce buveur semble bien mélancolique devant sa première gorgée d’absinthe, dans un café aux décors d’autrefois. Et ce poisson rouge serait-il le premier animal sur Mars ?
On peut en douter. Un jeune homme qui taille des branches dans une forêt bucolique semble surtout occupé à des réalisations ésotériques dans une atmosphère de Blair Witch Project. Depuis quelque temps, Hernan Bas voulait mettre un point final à plusieurs ensembles d’œuvres, par exemple celles représentant des flamants roses. Finding the first flock of flamingos to return to Florida in a century pourrait bien en être une conclusion.
"Making poor marks", 2024 de Hernan BAS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
Cette œuvre sur papier évoque le retour récent de troupeaux de flamants roses en Floride où Hernan Bas habite, après leur disparition en raison de la chasse dont ils ont fait l’objet – ils sont importés de Cuba, dont sa famille est originaire.
A l’idée de la compétition vaine, Hernan Bas associe l’intention – peut-être non moins vaine – de laisser une trace dans l’histoire. Il nous montre des traces fantomatiques au plafond du bar The Eagle, à Cambridge. Elles ont été réalisées dans la fumée, pendant la Seconde Guerre mondiale, à la flamme des briquets et avec des tubes de rouge à lèvres.
Dans un autre dessin, un élève assis à une table d’écolier laisse à son tour des mots gravés dans le bois, devant des équations de mathématiques au tableau noir, comme autant d’énigmes poétiques : « the end doesn’t even matter », « his own name », « I want pizza », peut-on lire. Et dans un autre dessin encore, un personnage a gravé des lettres dans les feuilles de plantes grasses curieusement intitulées tourist tree.
"The last Saint", 2024 de Hernan BAS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN © Photo Éric Simon
Il y a quelque chose d’une fin du monde, dans cette exposition – une fin du monde qui voudrait parfois faire rire. Dans The last day that tower was standing, la tour de Pise semble résister à la main d’un touriste avant son effondrement, comme dans les photos de touristes. Un homme est attablé pour un dernier repas pantagruélique avant l’arrivée d’un astéroïde.
Un malade, sur un lit d’hôpital s’apprête à prononcer ses derniers mots, ou à les recevoir par une carte postale... Dans le grand tableau The last museum guard at the last museum on Earth, le Guernica de Picasso que l’on voit en arrière-fond est bien trop sérieux pour réussir à nous faire seulement sourire. Hernan Bas ne montre pas l'accident, il suggère plutôt les catastrophes à venir à travers des intermèdes ambigus.
Anaël Pigeat, Critique d’art
Galerie PERROTIN
76 rue de Turenne
75003 Paris
France
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.
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