16 May

Katarzyna WIESIOLEK « Écho »

Publié par Eric SIMON - Catégories : #Expo Peinture Contemporaine

Détail "Echo VIII", 2024 de Katarzyna WIESIOLEK - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric Simon

Du 27 avril au 26 mai 2024

« Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon, Se traîner le soleil jaune d’un long rayon. »

- Stéphane Mallarmé, Soupir, 1866 [poème inclus à l’origine dans un ensemble intitulé « Atonies »

La galerie Éric Dupont est heureuse de vous présenter l’exposition « écho » de Katarzyna WIESIOLEK. Ce sera l'occasion de découvrir son passage du noir et blanc vers la couleur, avec une nouvelle thématique et de nouveaux formats afin de se plonger dans un univers dédié à la nature et à l'eau, avec des variations de couleurs aux pigments secs et pastels secs.

"Echo VII", 2024 de Katarzyna WIESIOLEK - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric Simon

"Echo V", 2024 de Katarzyna WIESIOLEK - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric Simon

"Echo VIII", 2024 de Katarzyna WIESIOLEK - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric Simon

Les dessins de Katarzyna Wiesiolek sont paradoxaux à plus d’un titre. Sa nouvelle exposition à la galerie Éric Dupont en est une nouvelle fois la preuve. Mais c’est moins le changement de thématique et de format, le petit nombre de dessins, le passage du noir et blanc à la couleur, le choix d’un papier asiatique plutôt qu’européen et l’utilisation unique de pigments purs et de pastels secs qui en témoignent, qu’une fixité impérieuse au cœur ce que l’on a à voir sous les yeux.

Tout y est, en effet, saisi, arrêté, comme précipité à l’intérieur d’un thème qui devrait nous inviter, tout à l’inverse, à l’appréciation du temps qui passe et à l’éphémère des situations comme des circonstances : des aplats d’eau. Et ces derniers n’ont jamais autant qu’ici mérités leur caractère de « platitude ».

"Echo VI", 2024 de Katarzyna WIESIOLEK - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric Simon

"Echo-M-1", 2024 de Katarzyna WIESIOLEK - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric Simon

"Echo-S-7", 2024 de Katarzyna WIESIOLEK - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric Simon

Il est vrai que cette série inédite a été initiée d’un côté juste après le confinement, cet arrêt du temps qui a figé la planète presque toute entière, laissant parfois même la nature reprendre ses droits dans les territoires mêmes où on l’avait exclue ; de l’autre après une visite au jardin de Monet à Giverny, lieu par excellence dédié à la nature et à l’eau, à la couleur dans ses multiples variations, ainsi qu’à une certaine idée de la vue générale et du détail le plus infime.

Aussi, n’est-il pas innocent que l’artiste ait intitulé son exposition « Écho », comme si le silence du confinement ricochait à la surface d’étangs – d’étants ? – solitaires et abandonnés ; comme si les étendues d’eau les plus ordinaires et profanes – les bords de Loire, les environs de Toulouse, Berlin... – se confrontaient à celles esthétiquement et culturellement plus célèbres de Giverny ; comme si son propre travail rebondissait dans l’ombre de celui de Claude Monet.

"Echo-S-6", 2024 de Katarzyna WIESIOLEK - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric Simon

"Echo IX", 2024 de Katarzyna WIESIOLEK - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric Simon

"Gaara", 2021 de Katarzyna WIESIOLEK - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric DUPONT © Photo Éric Simon

Mais l’écho est ici assourdi, matifié, quasi neutralisé. L’utilisation de pigments purs et de pastels secs passés à l’éponge, à l’estompe, au pinceau ou au doigt le souligne. Là où chez Monet, quelles que soient les heures du jour ou la saison, tous les éléments du paysage se fusionnait entre eux, chez Katarzyna Wiesiolek ils se détachent comme s’ils n’appartenait pas au même plan, voire comme s’ils n’existaient pas dans le même temps.

Certes l’exploration est bien celle de la surface, de la profondeur et de la lumière de ces plans d’eau dont la sensibilité le dispute à la matérialité, mais ils sont saisis aux premières ou aux dernières heures du jour, à ce moment décisif où les choses expriment leur exténuation à émerger au monde ou leur fatalité à s’épuiser et à se défaire du monde. À cet instant précis où notre vision se doit de « « crever » la surface des choses afin d’y extraire une nature, une substance et une clarté sous-jacentes.

Autrement dit : tout y incarne le temps d’après. Mais cet « après coup », cet « après monde », ne peut-il pas exprimer tout autant une forme d’ouverture, de réconciliation, sinon de résilience ?

- Marc Donnadieu

Galerie Eric DUPONT

138 rue du Temple

75003 Paris

http://www.eric-dupont.com

Jours et Horaires d’ouverture : Du mardi au samedi de 10h à 19h.