Alain BUBLEX "Landscaping"
"The 105X135 series", 2024 de Alain BUBLEX - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon
Du 6 juin au 20 juillet 2024
Voilà plus de trente ans qu’Alain Bublex s’applique à mieux rendre visible l’ordinaire dans des procédés ingénieux qu’il propose au public. L’exposition Landscaping (en coréen) vient s’adosser aux treize autres expositions que l’artiste a déjà présentées avec la Galerie GP & N Vallois, en une forme d’emboîtement de son travail qui se complète et se nourrit en partie de lui-même.
Ainsi, fidèle à sa pratique de photographe, Alain Bublex déploie une série intitulée «105 x 135» qui consiste en des photographies accidentelles : représentation d’un paysage dont l’horizon n’est pas droit ou encore images complètement roses, seule couleur qui a résisté au dysfonctionnement de l’obturateur de son appareil photo - images à la fois « drôles et tragiques » comme le fait remarquer l’artiste. Autour, des cadres dessinés viennent ancrer l’œuvre d’art dans un imaginaire qui lui est propre, accentuant la ressemblance avec un tableau que le regardeur connaît.
Car, précise Alain Bublex, l’appréciation d’un paysage se fait vis-à-vis d’un lieu dont nous avons connaissance d’abord et cette comparaison entre les deux est la condition première de notre regard.
"The 105X135 series", 2024 de Alain BUBLEX - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon
"The 105X135 series", 2024 de Alain BUBLEX - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon
Il s’inspire en cela de la réflexion de l’anthropologue Philippe Descola qui explique qu’un paysage ne se crée qu’à partir de l’expérience que nous avons d’un paysage représenté.
C’est pour interroger cette façon de voir qu’Alain Bublex puise dans le procédé du trompe-l’œil et invite à feuilleter des magazines qu’il a réalisés à partir des maquettes de magazines gratuits existants : le magazine du TGV, celui de M Le magazine du Monde et celui de l’entreprise Hermès.
L’artiste y a glissé ses photographies, s’appropriant la pagination des magazines et remplaçant les textes par des blocs de couleur afin de mieux percevoir la structure d’un tel objet.
"The 105X135 series / White sands 03 XL", 2024 de Alain BUBLEX - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon
Pour Alain Bublex, il est, en effet, essentiel de révéler le processus de fabrication, y compris celui de son propre ,travail, afin d’offrir des « possibilités de regards futurs » comme il le dit lui-même.
D’où l’inachèvement de certaines formes dans les tableaux de son œuvre. Il s’agit non pas d’aboutir à une image trompeuse - qui pourrait être aujourd’hui facilement générée par l’intelligence artificielle – mais d’offrir une vision à celle ou celui qui la regarde.
Vision qui émane aussi de sa vidéo Paysage 20 minutes, déambulation véhiculée sur une autoroute américaine, non loin de New York, où se précise peu à peu la vue d’un magnifique coucher de soleil, le ciel flamboyant en des teintes orangées et roses, et qui vient questionner la poésie du quotidien dans un décor prosaïque. Il se trouve, en plus, que ce film a été tourné dans les lieux où vivait le peintre américain Frederic Edwin Church justement célèbre pour ses couchers de soleil rougeoyants, comme un clin d’œil temporel à la vidéo d’Alain Bublex.
"The 105X135 series", 2024 de Alain BUBLEX - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon
"The 105X135 series", 2024 de Alain BUBLEX - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon
L’artiste poursuit aussi son travail sur le trompe-l’œil en proposant des meubles revisités où ne subsiste que l’image de l’objet sur une forme prédéfinie. D’une vieille radio des années 1950 à une chaise type Eames, il interroge notre façon d’accepter l’image d’une chose sans qu’elle n’existe réellement devant nous, provoquant notre réflexe de regardeur et suscitant chez nous la mesure d’un objet même dans son vide fonctionnel.
Un trompe- l’œil qui permet de mieux saisir les conditions de fabrication d’une chose et sa présence dans nos vies.
- Jean-Bapiste Gauvin
Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS
36, rue de Seine
75006 Paris
http://www.galerie-vallois.com/
Jours et horaires d'ouverture du lundi au samedi de 10h30 à 13h et de 14h à 19h.