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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

12 Jul

JR « Dans la lumière »

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Dessin Contemporain, #Expo Installation Contemporaine, #Expo Photographie Contemporaine, #Expo Street Art

Détail  "Génome #1", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Détail "Génome #1", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Du 7 juin au 27 juillet 2024

 

 

 

La galerie est heureuse de présenter Dans La Lumière, la quatrième exposition de JR à la galerie de Paris et sa treizième avec Perrotin.

 

 

L’exposition présente une série d’œuvres récentes inspirées du projet CHIROPTERA – un ballet-performance unique en son genre, fruit d’une collaboration entre JR, Damien Jalet et Thomas Bangalter – mené sur la façade de l’Opéra de Paris en novembre 2023.

 

 

"Dans la Lumière #11", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Dans la Lumière #11", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Dans son Histoire Naturelle , Pline l’Ancien rapporte un récit grec plus ancien sur l’origine de l’œuvre d’art. La jeune corinthienne Callirrhoé, fille du potier Butadès de Sicyone (Dibutade), triste de voir son bien-aimé partir en voyage, décide d’en conserver à jamais le souvenir. Celle-ci trace alors le contour de son ombre projetée directement sur le mur de sa chambre grâce à la lumière d’une lanterne.

 

 

Et son père d’en faire ensuite le relief en appliquant de l’argile sur l’ensemble du dessin, puis en le durcissant au feu. Aussi, réalisent-ils conjointement le premier portrait de l’histoire à plat et en relief, d’une part en représentant exactement la silhouette d’une personne donnée, d’autre part en la sculptant à la même taille.

 

 

De ce fait, l’œuvre d’art se substitue tout à la fois à la réalité matérielle de l’être humain, à la mémoire que l’on en a et à son fantôme qui pourrait venir hanter notre esprit. Elle conjure dès lors le réel, le temps et l’espace.

 

 

"Dans la Lumière #4", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Dans la Lumière #4", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Ce récit n’est évidemment pas sans rappeler celui, beaucoup plus célèbre, de l’« Allégorie de la caverne » que développe Platon dans le Livre VII de La République. Celui-ci met en scène des êtres humains enchaînés et immobilisés depuis leur naissance dans une caverne.

 

 

Tournant irrémédiablement le dos à l’extérieur et à la lumière naturelle, ils ne peuvent observer tout ce qui passe devant l’entrée de la caverne, mais en percevoir seulement l’ombre portée projetée – là encore – sur le mur auxquel ils font face. Aussi, croient-ils voir la réalité, alors qu’en vérité ils n’en visualisent que la projection.

 

Au-delà, ce texte inscrit tout particulièrement une distinction entre un monde d’en bas, sans soleil, ténébreux, chaotique et rempli d’hallucinations, d’illusions et de faussetés, et un monde d’en haut, lumineux, harmonieux, organisé, et traversé par la connaissance, la clairvoyance et la vérité des choses.

 

 

"Dans la Lumière #7", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Dans la Lumière #7", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Dans le premier comme dans le second, tout est donc affaire de lumière et d’ombre, mais surtout de perspective et de regard. Autrement dit : la lumière se trouve à l’intérieur des ténèbres pour peu que l’on retourne son esprit et sa vision vers son point d’origine ou de jaillissement, vers la source de toute chose. C’est ce qui est justement à l’œuvre dans le projet Retour à la caverne, Acte I et II que JR a tout spécialement développé, à l’automne 2023, pour l’Opéra Garnier à Paris.

 

 

 

Profitant de la présence rarissime d’un échafaudage couvrant la façade d’un des plus importants monuments culturels de la capitale, l’artiste l’a métamorphosé, pour un premier acte qui a pris place durant le mois de septembre, en caverne de pierre grande ouverte sur l’avenue de l’Opéra. Quoiqu’en noir et blanc, le trompe-l’œil était si parfait que certains passants ont pu croire que les travaux entrepris dans le bâtiment avait mis à jour une grotte géologique tapie au plus profond de l’architecture de Charles Garnier.

 

 

"Dans la Lumière #13", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Dans la Lumière #13", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Pour autant, pour le second acte du mois de novembre, cette caverne ne s’est pas refermée, mais bien au contraire a révélé son point d’origine et de jaillissement, la source de son identité et de de son existence au monde. Sa paroi extérieure s’est ainsi constellée d’empreintes de mains humaines, telles celles de l’art pariétal. Puis, le dimanche 12 novembre, de 19h00 à 21h00, plus de vingt-cinq mille spectateurs ont été conviés à venir place de l’Opéra, chacun apportant avec lui une source lumineuse afin de faire vivre, vibrer et scintiller ce qui allait se dérouler devant leurs yeux éblouis : CHIROPTERA, un ballet-performance unique en son genre, fruit d’une collaboration entre JR, Damien Jalet et Thomas Bangalter.

 

 

 

Tout d’abord, l’ombre géante du corps de la danseuse étoile Amandine Albisson a démultiplié des contours si intenses et puissants que Callirrhoé n’aurait pu les saisir ni Butadès de Sicyone les figer.

Ensuite 153 danseurs venus de toute l’Europe, telles des chauve-souris, ont métamorphosé l’échafaudage en écran de pixels géants, chacun alternant successivement une face sombre et une face réfléchissante. Et ce kaléidoscope de 30 mètres de haut de transmettre, in fine, ce message au monde : « Darkness holds the grace of the light [L’obscurité retient la grâce de la lumière] ».

 

"Génome #2", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Génome #2", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Mais il ne s’agissait pas là que d’un événement exceptionnel qui marquera la mémoire d’un public venu en nombre, mais surtout de l’expérience d’un être ensemble producteur d’images, de mouvements, de sons, de lumières, d’émotions, de vibrations, d’énergies positives et inoubliables.

 

 

Et la face noir profond et absorbant et l’autre blanc réfléchissant du tissu inédit des danseurs/chauves-souris de renvoyer à la lampe torche frontale ou au smartphone sur mode lumière de la foule des spectateurs massés dans l’ombre de la nuit. Chacun, de par sa volonté, illumine cet autre qui lui fait face. Chacun est unique et tous sont complémentaires. Chacun possède sa propre identité et tous forment la communauté du monde.

 

 

"Génome #1", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Génome #1", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Il fallait donc, pour l’exposition dédiée à ce projet à la galerie Perrotin à Paris, non seulement produire des œuvres spécifiques mais renouveler leur mode de représentation afin de traduire avec la même intensité ce que les personnes présentes avaient ressenti in situ.

 

 

Si on y retrouve, bien évidemment, films et tirages photographique uniques qui reproduisent les différents moments du projet CHIROPTERA à l’échelle de la ville, JR y a surtout expérimenté la fusion inédite de plusieurs techniques singulières : le transfert de photographie, l’encre noire sur bois avec des rehauts de fusain. L’Ombre de la caverne restitue ainsi le ballet entre la danseuse étoile de l’Opéra de Paris Amandine Albisson et sa propre ombre projetée.

 

 

La série Génome développe, elle, la vue globale des différentes configurations réalisées par les 153 danseurs juchés sur un échafaudage de plus de trente mètres de haut, alors que « Chromosome » singularise, sous la forme de « close-up », certains d’entre eux.

 

 

 

"Dans la Lumière #9", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

"Dans la Lumière #9", 2024 de JR - Courtesy de l'artiste et de la Galerie PERROTIN - Paris © Photo Éric Simon

Quant à la série Dans la lumière, elle s’attache à leur silhouette irradiante, mais symbolise surtout la libération des prisonniers enchaînés dans la Caverne de Platon et leur retour difficile mais victorieux vers la lumière. Ce que renforce l’utilisation du bois comme support : celui-ci fait en effet tout à la fois référence aux palissades qui obstruent et cachent les chantiers urbains, aux inscriptions que l’on peut y trouver, véritables écritures urbaines indisciplinées, et à une vie renaissante à travers les veines et les nœuds encore perceptibles du bois.

 

« On ne chasse pas les ténèbres par les ténèbres » m’a confié JR.

 

Pour autant, chacun d’entre nous peut sortir de « sa » caverne, quitter l’ombre et s’ouvrir à la transmission et à la connexion à partir de cette part de lumière que nous portons tous en nous. Contre l’obscurité du monde, comment agir ?

En étant soi-même l’acteur lumineux de ce monde que nous avons en partage…

 

— Marc Donnadieu

 

 

Galerie PERROTIN

76 rue de Turenne

75003 Paris

France

 

 

https://www.perrotin.com/

 

 

 

Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.

 

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