PEYBAK « Abrakan Collapse »
Détail "Collapse", 2024 de PEYBAK - Courtesy des artistes et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon
Du 7 juin au 20 juillet 2024
Des bêtes redoutables qui s’agitent autour de femmes nues et affolées. Un serpent-totem, au milieu, qui catalyse cette étrange nuée et paraît prêt à déployer son venin. Des diablotins, mi-animaux mi-hommes, qui veulent mordre des peaux au cœur d’une orgie noire et horrifique.
Bienvenue dans l’univers du duo Peybak, contraction de Peyram Barabadi et Babak Alebrahim Dehkordi, deux artistes iraniens qui font surgir des profondeurs des créatures inouïes et effrayantes dans la pure veine des figures bizarres du Jardin des délices de Jérôme Bosch. Ici un visage qui hurle de douleur, là un bec d’oiseau prêt à en faire une bouchée, ici le regard halluciné d’un bouc en train d’étouffer…
"Collapse 54", 2024 de PEYBAK - Courtesy des artistes et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon
Nombreuses sont les variations autour des bêtes curieuses et mordantes qui proviennent de l’imaginaire des deux artistes. Sans doute disent-elles qu’il y a quelque chose de trouble en notre âme, comme un chant désespéré et sombre au fond de nous.
En témoignent plus particulièrement certaines peintures qui font penser, dans la finesse de leur réalisation, aux fresques de Pompéi. Les deux amis, qui se sont rencontrés à l’école d’art à Téhéran dans les années 2000 et exposent régulièrement depuis près de dix ans à la Galerie GP & N Vallois, utilisent leurs quatre mains pour donner vie à ces figures envoûtantes et ténébreuses, sortes de génies de l’ombre, petits dieux- vagabonds de l’au delà, habitants d’un territoire que nous ne pouvons atteindre complètement, qui est dans le domaine des âmes et de la poésie.
"Collapse", 2024 de PEYBAK - Courtesy des artistes et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon
"Collapse", 2024 de PEYBAK - Courtesy des artistes et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon
Ainsi, selon le mot de Charles Baudelaire qui se prête bien à cette aventure artistique et sensorielle : « La Poésie est ce qu’il y a de plus réel, c’est ce qui n’est complètement vrai que dans un autre monde. » La porte de ce dernier nous est grande ouverte avec le duo Peybak qui navigue allègrement dans cet océan parallèle, dans cette terra incognita que représente leur domaine d’exploration.
La noirceur des œuvres rappelle Les Caprices de Goya tout autant que les personnages macabres de Zoran Mušič, et porte aussi une dimension spirituelle.
Les créatures inventées par Peybak font écho à celles de la mythologie de la Perse antique et de la religion zoroastrienne. Qu’il s’agisse de goules, monstres qui déterrent les cadavres pour s’en nourrir ou bien l’Al, esprit démoniaque du Caucase attaquant les femmes enceintes pour leur voler leur bébé ou encore le Simorgh, oiseau mythique et fabuleux capable de transporter un éléphant, nombreuses sont les références que nous pouvons associer aux bêtes du duo Peybak.
"Collapse", 2024 de PEYBAK - Courtesy des artistes et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon
"Collapse 50", 2024 de PEYBAK - Courtesy des artistes et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon
Tantôt dangereuses, tantôt bienfaitrices, elles hantent la terre de notre inconscient et viennent se loger au fond de notre mémoire. Elles disent beaucoup du sentiment de sacré que nous pouvons ressentir, notamment dans les douleurs les plus fortes que nous pouvons rencontrer.
Car ces créatures semblent maudites, chétives et toutes rendues à leur cruauté. Elles font et défont la vie. Elles paraissent être à l’aube des choses ou à leur mort. Psychopompes sortis tout droit des limbes les plus profondes.
Le poète anglais William Blake, qui a notamment écrit le recueil de poèmes intitulé Le Mariage du Ciel et de l’Enfer - qui ferait d’ailleurs un très beau titre pour l’œuvre de Peybak - écrit ceci qui résonne infiniment avec les peintures du duo et les bêtes qui les peuplent :
« Ma mère gémissait ! Mon père pleurait. Et je bondis dans ce monde dangereux : Impuissant, nu et criard ; Comme un démon caché dans un nuage. »
- Jean-Bapiste Gauvin
Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS
33, rue de Seine
75006 Paris
http://www.galerie-vallois.com/
Jours et horaires d'ouverture: Du lundi au samedi de 10h30 à 13h et 14h à 19h
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