Thomas STRUTH « Nature & Politics »
Détail "ProtoDUNE, EHN 1, CERN, Prévessin-Moens", 2023 de Thomas STRUTH - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN - Paris © Photo Éric Simon
Du 25 mai au 26 juillet 2024
« Mon travail porte sur le théâtre de la vie en différents chapitres. »
Thomas Struth, 2023
La Galerie Marian Goodman a le plaisir de présenter à Paris une nouvelle exposition personnelle de Thomas Struth. Nature & Politics est la première exposition en France dédiée à ce vaste corpus éponyme débuté par l’artiste en 2007.
L’exposition se concentre sur une sélection de photographies prises ces dernières années au sein de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) et de l’Institut Leibniz pour la recherche sur la faune sauvage et de zoo (IZW), deux des plus prestigieux centres de recherche scientifique au monde dont l’ampleur et la complexité des expérimentations restent méconnues du public.
"ProtoDUNE, EHN 1, CERN, Prévessin-Moens", 2023 de Thomas STRUTH - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN - Paris © Photo Éric Simon
À travers les photographies de Nature & Politics, Thomas Struth explore notre relation à la science et à la technologie, notre obsession collective à défier la nature et notre désir inextinguible de repousser les limites de la connaissance humaine.
Reconnu mondialement depuis les années 1970 pour son œuvre photographique, Thomas Struth est animé par l’idée que l’art a pour vocation de « montrer ce que les autres ne voient pas ». Avec Nature & Politics, il a développé un ensemble unique d’œuvres prises dans des lieux de technologie avancée, rarement accessibles, tels que des instituts de physique, des usines pharmaceutiques, des stations spatiales, des arsenaux, ou encore des salles d'opération.
"Beam Line Zone 2, EHN 1, CERN, Prévessin-Moens", 2021 de Thomas STRUTH - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN - Paris © Photo Éric Simon
"Container 7, CERN, Meyrin" 2023 de Thomas STRUTH - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN - Paris © Photo Éric Simon
Depuis 2019, il a pu pénétrer à l’intérieur du CERN, le plus grand centre de physique des particules au monde, situé de part et d'autre de la frontière franco-suisse, près de Genève.
Au rez-de-chaussée de la galerie, quatre photographies de plusieurs mètres de long dévoilent des infrastructures monumentales abritées par le CERN sur ses sites de Prévessin-Moëns et de Meyrin. Beam Line Zone 1, Beam Line Zone 2 et ProtoDUNE détaillent chacune des installations du Hall EHN1 (Experimental Hall North area 1), le plus grand bâtiment de l’organisation. Ces vues panoramiques et immersives montrent des structures complexes et visuellement inintelligibles qui s’apparentent à d’immenses « paysages » technologiques.
Leurs caractéristiques plastiques ainsi que leurs couleurs évoquent presque des installations sculpturales. Dénuées de toute présence humaine – à l’instar des rues désertes de New York que Struth photographiait dans les années 1970 – ces constructions sont néanmoins le produit de l’esprit humain. Telles les cathédrales de leur époque, elles représentent l'une des plus grandes réalisations technologiques de l'humanité, nous permettant d’étudier les origines de l'univers.
"Decay Station, ISOLDE, CERN, Meyrin", 2019 de Thomas STRUTH - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN - Paris © Photo Éric Simon
"Container 5, CERN, Meyrin", 2023 de Thomas STRUTH - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN - Paris © Photo Éric Simon
Au niveau inférieur de la galerie, des œuvres rendant compte d’autres installations du CERN, telles que Magnet 2 et X-Ray Telescope , sont montrées en contrepoint avec la série des Containers, figurant des conteneurs de recyclage dispersés dans les différents halls du CERN, ayant récemment attiré le regard de l’artiste. Contrastant avec les infrastructures imposantes présentées au rez-de-chaussée, ces photographies sont de taille plus réduite.
À l'intérieur des conteneurs, des matériaux et des objets sont superposés, après avoir été temporairement mis au rebut, en vue d'une réutilisation potentielle pour de futures expérimentations. Chaque accumulation créée de manière aléatoire, sortie de leur contexte par Struth, devient une composition ordonnée et encadrée, comme s'il s'agissait d'une œuvre en soi.
"Container 4, CERN, Meyrin", 2023 de Thomas STRUTH - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN - Paris © Photo Éric Simon
"Container 3, CERN, Meyrin", 2023 de Thomas STRUTH - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN - Paris © Photo Éric Simon
Dans la dernière salle de l’exposition, les œuvres du CERN laissent place à un autre groupe de photographies, Animals, réalisées à l’Institut Leibniz pour la recherche sur la faune sauvage et de zoo (IZW) de Berlin, où Thomas Struth se rend régulièrement depuis 2016. L’IZW a pour mission d’étudier la diversité et l’évolution de la faune mondiale, vivant en liberté ou en captivité, et en particulier l’impact anthropique sur les espèces et leurs écosystèmes.
Une nouvelle fois, Struth pointe son objectif sur des activités méconnues du grand public : les chercheurs du laboratoire procèdent régulièrement à des dissections d’animaux quelques heures à peine après leur mort naturelle afin d’en analyser les causes précises. Chacune des images donne à voir, sur un fond gris foncé d’une grande solennité, la dépouille d’un animal avant la dissection, comme le prélude d’une sorte de rituel.
"X-ray Telescope, CAST, CERN, Ferney-Voltaire", 2021 de Thomas STRUTH - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN - Paris © Photo Éric Simon
Ces photographies post-mortem, à l’esthétique picturale, s’inscrivent dans la continuité de la longue tradition du memento mori : « J'ai essayé de représenter les animaux d'une manière belle et digne. Je m'intéresse à l'idée d'abandon : une fois que l'on meurt, tout le cirque et le théâtre que l'on s’active à mettre en place, s'arrête complètement.
Ces images ont vocation, comme des coups de poing, à nous remettre la mort en mémoire, comme une alarme ». Mais le sujet de la série n’est pas uniquement la mort ; et comme le souligne la présence du cerveau, photographié juste après avoir été prélevé, c’est la manière dont la science de l’Anthropocène s’empare de cette mort à des fins d’étude qui est au cœur de la réflexion de Struth.
"Sumatra-Tiger (Panthera tigris sumatrae), Leibniz IZW, Berlin", 2022 de Thomas STRUTH - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Marian GOODMAN - Paris © Photo Éric Simon
Thomas Struth, né en 1954 à Geldern en Allemagne, vit et travaille à Berlin. Il a étudié à la Kunstakademie de Düsseldorf. Parmi les dernières expositions exhaustives de son travail, on peut citer Figure Ground, sa plus grande exposition à ce jour qui a été présentée à Haus der Kunst en 2017 à Munich avant de voyager au Musée Guggenheim de Bilbao en 2019, ainsi que Nature & Politics présentée successivement au Musée Folkwang d'Essen, au Martin-Gropius-Bau de Berlin, au High Museum d'Atlanta, au Moody Center for the Arts de Houston, au St. Louis Museum of Art et à la Fondation MAST à Bologne entre 2016 et 2019
Les œuvres de Thomas Struth font partie des collections de l'Art Institute of Chicago, du Centre Pompidou à Paris, du Dallas Museum of Art, de la Hamburger Bahnhof à Berlin, du Kunsthaus Zürich, du Los Angeles County Museum of Art, du Metropolitan Museum of Art de New York, du Museum of Contemporary Art de Los Angeles, du Solomon R. Guggenheim Museum de New York, du Museum of Modern Art de New York, de la Tate à Londres et du Walker Art Center à Minneapolis, entre autres.
Galerie Marian GOODMAN
79, rue du Temple
75003 Paris
Jours et horaires d’ouverture : Du mardi au samedi de 11h à 19h