Jeff Koons, Laurie Simmons and Hank Willis Thomas « Sport and Beyond »
Détail "Strip Ins" de Laurie SIMMONS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie ALMINE RECH - Paris © Photo Éric Simon
Du 27 juin au 17 aout 2024
À l’occasion des Jeux Olympiques de Paris, Almine Rech est heureuse de présenter Sport and Beyond, une exposition collective rassemblant des œuvres de Jeff Koons, Laurie Simmons et Hank Willis Thomas. L’exposition Sport and Beyond réunit trois artistes américains reconnus dont l’œuvre fait référence au sport comme l’un des fondements majeurs sociaux et culturels de notre société.
Jeff Koons a spécialement conçu pour l’exposition une sculpture, faisant partie de sa fameuse série des Gazing Ball, inspirée du Gladiateur Borghèse du Louvre (vers -110 av. J.-C.) Jeff Koons crée une rencontre anachronique entre l’antique et ses gazing balls, sphères de verre symbole du cosmos au XIXe siècle, qui se trouvaient auparavant dans des palais (notamment celui de Louis II de Bavière), puis sphères décoratives au XXe dans les jardins aux États-Unis, entre la question du décoratif et les canons du nu masculin de l’antiquité grecque.
"Gazing Ball " de Jeff KOONS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie ALMINE RECH - Paris © Photo Éric Simon
Cette union de deux objets incarnant la perfection, dans laquelle le kitsch ultime et l’art le plus noble s’équilibrent dans une harmonie transcendante, font écho, comme souvent chez Jeff Koons, aux travaux de Duchamp et de Warhol.
Première Gazing Ball déclinant plusieurs sphères et couleurs — les antérieures ne possédant qu’une boule d’un bleu profond —, le gladiateur Borghèse imaginé par Jeff Koons est fait d’un plâtre de synthèse, très résistant car additionné de résine , d’une teinte plus blanche que le marbre, mis au point dans son studio. Chez Koons, comme pour nombreuses de ses sculptures, la réflexion est essentielle. Celle sur les sphères, en renvoyant l’image de l’œuvre antique, du spectateur et de l’environnement de l’œuvre, rappelle le principe duchampien selon lequel c’est aussi le regardeur qui fait l’œuvre.
En associant chefs-d’œuvre de la sculpture antique (l’Hercule Farnèse, l’Ariane endormie des musées du Vatican ou Diane parle d’autres ) et pureté formelle issue de la culture pop, en reprenant la mode des copies de sculptures antiques du 17e et 18e siècles, Koons projette le spectateur dans une sorte de faille spatio-temporelle kaléidoscopique, où s’imbriquent l’histoire de l’art et celle de la reproductibilité de l’artéfact manufacturé, dans une vision séculaire de l’art dans laquelle embellissement et élévation de l’âme s’épousent.
"Gazing Ball " de Jeff KOONS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie ALMINE RECH - Paris © Photo Éric Simon
Dans ses peintures récentes, Laurie Simmons utilise l’intelligence artificielle comme un outil lui permettant de composer de nouvelles scènes, réelles ou imaginaires. Sa troupe de nageuses synchronisées s'inspire d'une scène d'archive sous-marine des Jeux olympiques de Los Angeles de 1984. Offrant un instantané de leur routine chorégraphiée, ces nageuses incarnent le summum de la grâce et leur mouvement combiné reflète celui des olympiques.
Conçues pour l’exposition, ces images d’abord réalisées avec l’assistance des plateformes génératives Dall-E et Stable Diffusion, que Laurie Simmons nomme "ses collaborateurs", ont ensuite été transformées numériquement et physiquement : imprimée sur de la soie et du lin, étirée puis transformée par des ajouts appliqués à la main.
"Strip Ins" de Laurie SIMMONS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie ALMINE RECH - Paris © Photo Éric Simon
Ses nageuses coiffées de fleurs et ses danseuses de ballet fantasques font référence à ses séries photographiques précédentes Water Ballet et Strip Ins . L'œuvre de Simmons continue de présenter des dualités : poupée/humain, réalité/fantaisie, intérieur/extérieur, etc. Embrassant les possibilités et les limites de la technologie de l'intelligence artificielle, Simmons "corrige" les œuvres à l'aide de matériaux photographiques non traditionnels, devenant ainsi la couturière de chaque toile - à l'aide de bonnets de bain, de maillots de bain et de strass.
S'inspirant de ses séries précédentes de figurines et de poupées miniatures, ces éléments sont appliqués à la main, contredisant ainsi les origines 2/2 | Almine Rech | Sport and Beyond IA de l'œuvre et invitant les spectateurs à découvrir chaque détail unique.
"The only bond worth anything between human beings is their humanness" de Hank Willis THOMAS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie ALMINE RECH - Paris © Photo Éric Simon
L’identité raciale, le consumérisme ou encore les systèmes médiatiques de masse sont au cœur de l’œuvre de Hank Willis Thomas. Ses récents collages rétroréfléchissants, un médium que l'artiste expérimente et perfectionne depuis une dizaine d'années, révèlent deux scènes distinctes transfigurées à la fois par l'éclairage ambiant et par l'éclairage au flash. S'adaptant à la lumière ambiante, les œuvres sont dotées de différents modes et profondeurs, où la proximité du spectateur et l'utilisation de la photographie au flash révèlent les couches apparemment cachées de l'image.
Dans "The only bond worth anything between human beings is their humanness", Thomas représente Jesse Owens, le légendaire athlète américain d'athlétisme, quatre fois médaillé d'or aux Jeux olympiques de Berlin en 1936, défiant le régime en pleine expansion d'Hitler. Cette œuvre illustre la manière dont Thomas, qui se décrit lui-même comme un archéologue de la photographie, s'intéresse à ce qui reste camouflé ou dissimulé ou, à l'inverse, délibérément visible dans l'écriture de l'histoire.
Avec une formation en photographie, Thomas prend des publicités commerciales et des coupures de presse, recadrant et recentrant leurs contextes d'origine, Hank Willis Thomas est depuis longtemps fasciné par Martin Luther King et le mouvement culturel de la Renaissance de Harlem, dont la philosophie, dans l'entre-deux-guerres, prônait la désobéissance civile non violente comme moyen d'élever le statut moral et social des Afro-Américains. Ces références à l'histoire et au néocolonialisme, ainsi qu'à la culture et à l'industrie du sport, dans leurs deux états, cachent ou mettent en lumière de nouvelles couches d'images, d'idées et de significations qui sont cachées à la vue de tous pour mettre en évidence la dynamique du pouvoir qui façonne la société.
"Endless Column III", 2017 de Jeff KOONS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie ALMINE RECH - Paris © Photo Éric Simon
La sculpture Endless Column III (2017), forme un trophée statuaire sur un socle construit sur un empilement de ballons de football en fibre de verre qui rend hommage à l'œuvre éponyme de Brancusi. Peinte avec une peinture corporelle " caméléon " , ses teintes changent en fonction de la position et de la perspective du spectateur. L'œuvre, érigée comme un totem, souligne l'esprit collectif et combatif du sport, l'héroïsme athlétique et la victoire, ainsi que les questions esthétiques et sociales que la culture pop soulève.
- Charles Barachon, critique d'art
Galerie ALMINE RECH
64, rue de Turenne
75003 Paris
Site officiel
Jours et Horaires d’ouverture : Du mardi au samedi de 11h à 19h.