14 Nov

Adel ABDESSEMED & Giorgio MORANDI « Guerre et Paix »

Publié par Eric SIMON - Catégories : #Expo Peinture Contemporaine, #Expo Dessin Contemporain, #Expo Duo Show

"Nature morte", 2023-2024 de Adel ABDESSEMED - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon

Du 14 octobre au 30 novembre 2024

“ Ces œuvres sont des objets orphelins. Leur esprit n’est pas d’être satisfait d’être exposé. Ils sont au monde en témoins fatals... Où qu’ils soient, c’est leur destin, ils ne peuvent pas se taire. Témoins de leur propre exil ils n’ont pas de maison. Ils n’ont pas de pays, ils errent. Rebelles, ils ne se laissent pas exposer. Ils sont posés. Ils s’exposent et, ce faisant, ils exposent Adel Abdessemed ”.

- Jean Nouvel

GALLERIA CONTINUA / Paris Matignon met en lumière un dialogue transhistorique entre Adel Abdessemed et Giorgio Morandi. Cette sélection d’œuvres illustre leurs liens et leurs différentes perspectives, avec la complicité de Jean Nouvel pour la scénographie.

Giorgio Morandi a développé pendant des décennies un univers poétique unique par sa recherche patiente d’une harmonie silencieuse, de plus en plus radicale au fil des années, transformant quelques bouteilles, vases, bols, pichets et autres objets simples retirés de leur usage quotidien en de puissantes énigmes sur toile.

Adel Abdessemed, lui, est un artiste de la réalité, un sismographe du monde qui l’entoure et qu’il métamorphose par des gestes créatifs et spectaculaires en chocs émotionnels, en cris porteurs d’une force explosive et poétique.

"Natura morta", 1930 de Giorgio MORANDI - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon

"Nature morte", 2023-2024 de Adel ABDESSEMED - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon

Ces deux artistes que tout oppose en apparence, ont pourtant tous deux trouvé leur voie vers le genre séculaire de la nature morte par des chemins très différents. Ce point de convergence inattendu met en lumière une similitude fondamentale au cœur de leurpratique : la recherche de la radicalité – tant picturale que conceptuelle - traduisant une obsession partagée de la vérité.

Dans l’œuvre de Morandi, cette quête semble se manifester par la rigueur, l’équilibre et la nuance : les formats se resserrent tandis que la représentation se réduit progressivement à des formes géométriques. À l’inverse, Abdessemed affronte la réalité dans toute sa banalité et sa violence : le geste est instinctif, parfois même brutal, les formats dépassent les limites conventionnelles du dessin et le trait de fusain, loin d’être schématique, est d’une précision virtuose.

Si l’un semble appliquer les codes traditionnels ,du dessin à sa peinture, l’autre imprégne ses dessins de l’éloquence spectaculaire généralement associée à la peinture. Grâce à leurs recherches plastiques, les deux artistes ont transcendé leur médium de prédilection et repoussé les limites de la représentation, exprimant l’essence des objets et des paysages.

"Nature morte", 2023-2024 de Adel ABDESSEMED - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon

"Natura morta", 1941 de Giorgio MORANDI - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon

Né à Constantine, en Algérie, en 1971, Adel Abdessemed utilise une grande variété de mediums. Son travail, empreint de littérature classique et de poésie, aborde souvent les thèmes de la guerre, de la violence et de la religion et se caractérise par une imagerie brutale qui tente de dépeindre la violence inhérente au monde contemporain.

Mémoire, traumatisme, conflagration, ivresse et lucidité : l’artiste français d’origine berbère construit depuis plus de trente ans une œuvre engagée et incandescente qui a rapidement trouvé un écho sur la scène internationale. Il a fui l’Algérie après le début de la guerre civile de 1992, emportant avec lui la mémoire de la guerre et le cortège d’atrocités. Arrivé en France, il étudie à l’École des Beaux-Arts de Lyon. Imprégné de culture classique, de littérature et de poésie, passionné de musique, Abdessemed s’est approprié différents médias et langages pour faire de l’art le lieu où une société expose sa violence et sa fragilité.

Le travail d’Adel Abdessemed sera présent à la Biennale de Bangkok en Octobre 2024, et à celle de Dakar en Novembre. Il a été exposé à la Biennale de Venise à trois reprises (2003, 2009, 2015), à la Biennale d’Istanbul (2017), de La Havane (2009), de Gwangju (2008), de Lyon (2007) et de Saõ Paulo (2006).

"Natura morta con bottiglia e brocca", 1915 de Giorgio MORANDI - Courtesy de l'artiste et de la Galleria CONTINUA - Paris © Photo Éric Simon

Giorgio Morandi (1890-1964) est un artiste italien majeur. Au cœur de son travail, ses natures mortes représentent des objets ordonnés avec soin sur une table dans l’atelier, pour être observés et peints. Ces objets reconnaissables de toiles en toiles sont des moulages en plâtre d’objets du quotidien débarrassés de toutes marques de fabrique.

À partir de 1913, Morandi s’intéresse de plus en plus au Futurisme suite aux rencontres de plusieurs peintres futuristes italiens tels que Balilla Pratella, Marinetti, Boccioni et Russolo. Il réalise par ce biais, plusieurs expositions avec ces derniers. Son service militaire écourté, l’artiste continue sa vie paisible à Bologne, avec ses trois sœurs célibataires comme lui, où il donne des cours de dessin.

En 1919, il fait la connaissance de Giorgio de Chirico et de Carlo Carra, grâce au critique Giuseppe Raimondi, avec qui il se lie d’amitié. Il découvre grâce à eux la peinture métaphysique et commence à les suivre avec une touche plus poétique. Brandi considère que les natures mortes de Morandi relèvent d’une “ intégrité impénétrable comme un corps céleste ”. Par la suite, il participe à des expositions du Novecento à Milan et expose dans plusieurs villes italiennes ainsi qu’à l’international.

En 1930, on lui assigne, pour célébrité reconnue, la chaire de professeur de techniques de la gravure à l’Académie des Beaux Arts de Bologne. En 1948, il reçoit le premier prix de peinture de la Biennale de Venise ; en 1953 le Grand Prix de gravure de la IIe Biennale de São Paulo, et en 1956 il gagne le Grand Prix de peinture de la IVe Biennale. L’estime portée au travail de Morandi en Italie se reflète dans La Dolce Vita de Federico Fellini (1960) dans lequel ses peintures sont évoquées comme le paroxysme de la sophistication culturelle. Giorgio Morandi s’éteint à Bologne le 18 juin 1964. Un musée dédié à son travail voit le jour en 1993, dans sa ville natale.

Galleria CONTINUA

108 rue du Faubourg Saint-Honoré

75008 Paris

https://www.galleriacontinua.com/

Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 11h à 19h.