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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

25 Nov

Francis MARSCHALL « Objets des passions infernales et peintures des horizons tristes »

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Solo Show, #Expo Installation Contemporaine

"Sir James Clark Ross", 2011 de Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS  © Photo Éric Simon

"Sir James Clark Ross", 2011 de Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon

Du 9 novembre au 14 décembre 2024

 

 

 

On entre dans l’univers de Francis Marshall comme au seuil d’un monde total en forme de labyrinthe. Et ce n’est pas tant par la profusion grouillante qui pourtant y règne en maitresse, que par les impasses, les fausses pistes, les portes dérobées et les galeries tortueuses qu’elle déploie en son sein. Y chercherait-on une expression qu’on en trouverait une foule, un sens qu’on en trouverait une multitude !... Se faisant, au cœur cette pagaille apparente, Francis Marshall nous rappelle que l’œuvre est une sentinelle face à un monde au bord du gouffre.

 

 

Ce qu’expriment à leur façon ses wagons laissés quasi à l’abandon, ses hôtels faits de cagettes superposées où des couples enlacés et encordés dans tous les deux sens des termes se blottissent si fort qu’ils semblent s’embryonner, ou ses stèles en planches de bois récupérées qui abritent au plus profond de leurs placards ou de leurs tiroirs des tableaux à valeur d’ex-voto. Il en reste, persistante, dans ses peintures particulièrement, quelque chose d’une sourde menace, sans pouvoir pour autant ni la situer, ni la caractériser vraiment.

 

Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS  © Photo Éric Simon

Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon

"Hotel", 2011 de Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS  © Photo Éric Simon

"Hotel", 2011 de Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon

Car, depuis près de cinquante ans, la production de l’artiste se caractérise en premier lieu par une volonté tenace de s’affranchir de toute règle et de toute contrainte obligées, en particulier celles du beau, du vrai et du juste, voire celles du temps et de l’espace.

 

Aussi l’intranquillité qui la constitue – et qui n’est pas sans rappeler celle d’un Camille Bombois ou d’un André Bauchant, pour n’en citer que quelques-uns –, n’est que l’expression singulière d’échappées permanentes hors des (auto)routes balisées de la vie comme de l’art. On la parcourt donc par des chemins de traverse, on y prend des trains en marche, on s’y installe dans des hôtels d’infortunes, on y vit l’humain différemment, on y voit de la peinture autrement…

 

"Soleil couchant", 2011 de Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS  © Photo Éric Simon

"Soleil couchant", 2011 de Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon

"Sunset", 2011 de Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS  © Photo Éric Simon

"Sunset", 2011 de Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon

On y croise surtout quelques figures tutélaires et téméraires, de Mauricette – « Pourquoi Mauricette ?

Je crois que j’ai eu envie de raconter l’histoire d’une petite fille et pas d’un garçon. La petite fille subit davantage, le petit garçon ça deviendra un petit homme, il aura un certain nombre de privilèges, alors que la petite fille subit vraiment. » – à une jeune fille anonyme, vagabonde et espiègle en jupe écossaise et chemiser blanc – le grand- père de l’artiste est britannique d’origine –, en passant par un apprenti photographe et un homme élégant en costume cravate mais quelque peu emprunté – qui pourrait être l’artiste lui-même et qui semble tout aussi perdu que nous regardeurs au cœur d’aventures qui le/nous dépassent…

 

 

Car, au-delà d’une sauvagerie désordonnée et protéiforme – « Nous sommes tous rembourrés » souligne un artiste qui intitule certaines de ses sculptures « Bourrage » –, chaque figure y possède une existence et une parole en soi, même si celles-ci nous déroutent et nous bouleversent ; chaque chose une nécessité immédiate au sein de l’ensemble ; chaque élément un rôle précis à jouer et à déjouer, y compris vis-à-vis de l’artiste lui-même !

 

"Sculptures (bourage)" de Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS  © Photo Éric Simon

"Sculptures (bourage)" de Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon

"Institut Meuriot - Pavillons des orphelines"  de Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS  © Photo Éric Simon

"Institut Meuriot - Pavillons des orphelines" de Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon

Ce dernier prend donc soin de titrer précisément son travail, d’en qualifier les personnages, d’en définir les lieux et les espaces, voire d’amorcer des récits quasi filmiques comme pour mieux les signifier et les faire rentrer dans le réel du monde comme on entre dans le moule de l’existence sociale avant de le déborder : « Il y avait une volonté, sur les objets en particulier, de les perturber.

 

J’aimais quand même bien écrire, et puis au départ j’étais fasciné par les panneaux d’interdiction que l’on trouve à la campagne ; même les publicités... Et la force de l’écriture me frappait. C’est pourquoi je me suis mis à le faire. […] Je ne me sentais pas du tout écrivain, mais je voulais que les mots participent de cette histoire-là. »

 

"Les jours heureux" de Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS  © Photo Éric Simon

"Les jours heureux" de Francis MARSCHALL - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS © Photo Éric Simon

Il est dit que les artistes se sont vu confier un rôle dès lors que l’on a commencé à brûler les sorcières et les hérétiques. Disons que la liberté d’expression reconquise des seconds s’est gagnée sur les cendres muettes des premiers.

 

Face à ce que nous propose aujourd’hui Francis Marshall, il y a quelque chose d’excessif, d’insensé et d’insupportable, d’injuste, d’injustifié et d’injustifiable, mais devait-il en passer par là pour le marmonner et le rachâcher, pour l’exprimer et l’imager, pour le déclarer et le porter à ce niveau d’intensité bouillonnante. Comme s’il fallait trouer, ici et maintenant, et de toutes ses forces, les espaces impénétrables des images pour mieux s’en sortir et s’en sauver, lui, toutes ses œuvres et tous celles et ceux qu’y sont envisagé.e.s.

 

- Marc Donnadieu

 

Galerie Georges-Philippe et Nathalie VALLOIS

36, rue de Seine

75006 Paris

 

 

 

http://www.galerie-vallois.com/

 

 

 

 

Jours et horaires d’ouverture : du lundi au samedi de 10H30 à 13H et de 14h à 19h.

 

 

 

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