STURTEVANT « ZIP ZAP ! »
Du 12 Octobre au 21 Décembre 2024
À l’occasion du centenaire de la naissance de Sturtevant, cette exposition célèbre l’œuvre de l’artiste américaine pionnière, qui s’étend sur cinq décennies. L’exposition est centrée sur la répétition par Sturtevant, en 1995, de l’œuvre Untitled (Go-Go Dancing Platform) de Felix Gonzalez-Torres (1991), et retrace l’évolution de sa pratique, depuis une peinture présentée lors de sa première exposition en Europe en 1966 à la Galerie J à Paris, jusqu’à une importante installation vidéo qui témoigne de son intérêt ultérieur pour l’imagerie en mouvement frénétique qui caractérise notre époque post-moderne.
L’exposition est conçue pour commémorer une artiste dont la pratique révolutionnaire continue de nous confronter à une remise en question audacieuse et provocante de l’art, et pour célébrer l’art en soi.
"Felix Gonzalez-Torres Untitled (Go-Go Dancing Platform)", 1995 de Elaine STURTEVANT - Courtesy de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris
"Felix Gonzalez-Torres Untitled (Go-Go Dancing Platform)", 1995 de Elaine STURTEVANT - Courtesy de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon
Ses répétitions, de mémoire, d’œuvres d’art de ses contemporains ne sont pas des copies, ni « une question de citation distanciée et allusive ». Au contraire, comme l’a écrit Anne Dressen, conservatrice du Musée d’Art Moderne de Paris, à l’occasion de l’exposition majeure de Sturtevant au musée en 2010, il s’agit « d’outils [...] qui permettent de s’éloigner de la surface pour susciter la réflexion ». À travers son processus, Sturtevant crée des études rigoureuses sur les œuvres d’art qu’elle répète : sur leur fabrication, leur canonisation, leur valorisation. En ce sens, son travail se situe à la jonction où le visuel cède la place au conceptuel. Comme l’explique Sturtevant : « La poussée de l’œuvre est le saut de l’image au concept. La dynamique de l’œuvre réside dans son rejet de la représentation ».
Sturtevant a commencé à répéter manuellement des œuvres d’autres artistes en 1964, s’intéressant d’abord aux artistes Pop américains tels que Andy Warhol, Jasper Johns, Frank Stella et James Rosenquist. Des œuvres de ces quatre artistes, qui deviendraient des icônes à part entière – Sturtevant avait un instinct exceptionnel pour sélectionner des œuvres qui seraient plus tard reconnues comme des chefs-d’œuvre – sont représentées par des répétitions dans l’exposition.
"Study for Rosenquist Spaghetti Grass", 1966 de Elaine STURTEVANT - Courtesy de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon
Parmi les œuvres exposées figure une répétition de 1966 de Spaghetti and Grass de Rosenquist (1965). Cette œuvre faisait partie de la toute première exposition de l’artiste en Europe, désormais historique, qui s’est tenue en 1966 à la Galerie J à Paris. Bien que certains de ses contemporains aient été réfractaires à la méthode de Sturtevant, Andy Warhol, qui jouait lui-même avec les notions de répétition et d’originalité dans son propre travail, l’a accueillie, à tel point que, interrogé sur sa propre technique, il aurait répondu : « Je ne sais pas. Demandez à Elaine [Sturtevant] ». Warhol lui a même donné l’une de ses sérigraphies Flowers afin qu’elle la reproduise. Les œuvres qui en résultent sont parmi les plus connues de Sturtevant, et un exemplaire monumental de 1990, qui figurait dans sa toute première exposition à Thaddaeus Ropac Paris Marais en 1991, est à nouveau exposé dans ZIP ZAP !
"Double Marilyn", 2004 de Elaine STURTEVANT - Courtesy de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon
À partir du début des années 1980, Sturtevant s’est de plus en plus intéressée ,à la nouvelle génération d’artistes. Sa répétition en 1995 de l’œuvre Untitled (Go-Go Dancing Platform) de Felix Gonzalez-Torres (1991) consiste en une grande plateforme bordée d’ampoules électriques, qui sert de scène à un véritable go-go danseur.
Sturtevant reprend exactement le concept de l’œuvre originale de Gonzalez-Torres : le visiteur rencontre le danseur par hasard, voyant le plus souvent la plateforme vide, ses lumières encore allumées. La performance elle-même est donc moins importante que le fait que l’œuvre confronte le spectateur à son absence.
"Stella Tomlinson Court Park (First Study)", 1988 de Elaine STURTEVANT - Courtesy de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon
En réaffirmant la centralité de l’absence dans le travail de Gonzalez-Torres dans sa propre répétition, Sturtevant réitère l’intérêt pour les absences, les lacunes et la différence qui sous-tend sa pratique. Son approche résonne avec les théories avancées par le philosophe français Gilles Deleuze dans son œuvre maîtresse Différence et répétition (1968) : l’imperfection inévitable d’une répétition établit une différence, une distance qui la sépare et la relie simultanément à ce qu’elle répète.
En répétant les œuvres d’autres artistes, Sturtevant crée de la différence, au sens deleuzien du terme. Les disparités entre les versions encouragent les spectateurs à regarder au-delà de leurs similitudes superficielles pour faire, comme le dit Sturtevant, « le saut de l’image au concept » : l’œuvre devient un catalyseur pour considérer la « sous-structure » de l’art. En attirant notre attention sur ce qui n’est pas, Sturtevant nous fait réfléchir à nouveau à ce qui est.
"Elastic Tango: A three act play", 2010 de Elaine STURTEVANT - Courtesy de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon
À partir des années 1990, le travail de Sturtevant s’est éloigné des répétitions en tant que telles, s’engageant plutôt dans « le zip zap de notre monde numérique avec sa puissance dangereuse ». Ses œuvres vidéo interrogent et court-circuitent l’imagerie sans cesse répétée de la vie post-internet d’une manière qui, aujourd’hui, semble plus pertinente que jamais. Dans Elastic Tango (2010), neuf écrans empilés diffusent des clips des œuvres précédentes de Sturtevant, ainsi qu’un mélange hétéroclite de fragments qu’elle a enregistrés à la télévision : des documentaires sur la nature de la BBC avec des dessins animés ; le sinistre nuage en champignon d’une explosion avec des publicités.
Dans ses premières œuvres, comme l’a écrit Eugene M. Schwartz, Sturtevant a été « la première à inverser la direction moderniste du flux créatif – non pas de l’idée à l’objet, mais de l’objet à l’idée ». Dans le monde post-internet, comme l’explique Sturtevant, « on est passé de l’objet au-dessus de l’image [...] à l’image au-dessus de l’image ». En réponse à cet ensemble d’impositions très contemporaines, l’objectif de Sturtevant dans ses œuvres vidéo est le même que toujours : « confronter, [...] susciter la réflexion », et affirmer le pouvoir de la pensée elle-même.
"Duchamp Fresh Widow", 1992-2012 de Elaine STURTEVANT - Courtesy de la Galerie Thaddaeus ROPAC - Paris © Photo Éric Simon
Née en 1924 à Lakewood, dans l’Ohio, Elaine Sturtevant a obtenu une licence à l’université de l’Iowa et a étudié la philosophie à l’université de Zurich. Elle a ensuite obtenu une maîtrise en psychologie à l’université de Columbia.
En 1990, elle quitte les États-Unis pour s’installer à Paris, où elle a vécu et travaillé jusqu’à sa mort en 2014. Elle a reçu le Lion d’Or pour l’ensemble de sa carrière lors de la 54e Biennale de Venise en 2011, et a été nommée Chevalier de la Légion d’honneur en France en 2013. Son travail a fait l’objet d’expositions monographiques dans des institutions telles que le Museum of Contemporary Art, Los Angeles (2015) ; The Museum of Modern Art, New York (2014) ; MMK Museum für moderne Kunst, Francfort (2014) ; Albertina, Vienne (2014) ; Hamburger Bahnhof, Berlin (2014) ; Serpentine Galleries, Londres (2013) ; Kunsthalle, Zürich (2012) ; Moderna Museet, Stockholm (2012) ; Musée d’Art Moderne de Paris (2010) ; Le Consortium, Dijon (2008) ; Museum für Moderne Kunst, Francfort (2004) ; École Régionale des Beaux-arts de Nantes (2000) ; MAMCO, Genève (1999) et Villa Arson, Nice (1993). Ses expositions collectives récentes incluent Inheritance au Whitney Museum of American Art, New York (2023-24) ; Carte blanche à Anne Imhof, Natures Mortes au Palais de Tokyo, Paris (2021) ; et She-Bam Pow POP Wizz ! Les Amazones du POP au MAMAC, Nice (2020). Son œuvre est actuellement présentée dans le cadre de l’exposition La Répétition au Centre Pompidou-Metz jusqu’au 27 janvier 2025.
Une exposition monographique consacrée à Sturtevant sera inaugurée au Centro Andaluz de Arte Contemporáneo, à Séville, en février 2025.
Galerie Thaddaeus ROPAC
7 rue Debelleyme
75003 Paris
Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 10h à 19h.
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