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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

28 Feb

Expo Collective Contemporaine: Berlinde DE BRUYCKERE et Philippe VANDENBERG "Il me faut tout oublier"

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo groupée Contemporaine

 Du 13 février au 11 mai 2014

 

Cette exposition réunit le travail de deux artistes belges de générations différentes : une sculpteur, Berlinde De Bruyckere (née en 1964 à Gand) et un peintre, Philippe Vandenberg (1952, Gand -2009, Bruxelles), quasiment jamais exposé en France.

Philippe Vandenberg, Aimer c'est flageller, 1997-1998

Philippe Vandenberg, Aimer c'est flageller, 1997-1998

Berlinde De Bruyckere a choisi d'assurer exceptionnellement le commissariat de l'exposition

"Il me faut tout oublier". Elle a sélectionné des tableaux et dessins de Philippe Vandenberg en écho à son propre travail, instaurant un dialogue intense entre les deux œuvres. Une sculpture imposante de cire et de chiffons, réalisée spécialement pour la Maison Rouge, fait suite à celle présentée au Pavillon Belge à la dernière Biennale de Venise.

Philippe Vandenberg, Il faut tout oublier, 2005

Philippe Vandenberg, Il faut tout oublier, 2005

Berlinde De Bruyckere, "After" Cripplewood
Berlinde De Bruyckere, "After" Cripplewood

Berlinde De Bruyckere, "After" Cripplewood

Le temps et la distance qui séparaient le moment où je fermais ma porte et mon arrivée à l'atelier de Philippe m’aidaient à me préparer à la tâche. Une lente progression, à pied, en tram, en train, en taxi, entrecoupée d’attentes. Tout ce temps m'était nécessaire pour faire le vide en moi, m'ouvrir à ce que je recherchais.

Expo Collective Contemporaine: Berlinde DE BRUYCKERE et Philippe VANDENBERG "Il me faut tout oublier"
Berlinde De Bruyckere, "After" Cripplewood I, II, III, 2013-2014

Berlinde De Bruyckere, "After" Cripplewood I, II, III, 2013-2014

Je me souviens de chacune des visites à l'atelier. Particulièrement de l'appréhension « d'avoir le droit d'observer », de « devoir observer » la totalité de l'atelier d'un autre artiste. Que penserais-je si, après ma mort, un autre artiste était autorisé à traîner dans mon atelier et à feuilleter mes livres? Etais-je vraiment la bonne personne pour ça? Ces questions me hantaient alors que je m'attelais au travail, passant en revue l'intégralité des 30 000 dessins,

chronologiquement, la plupart d'entre eux rassemblés en carnets de croquis ou en épais dossiers. Au cours de ces visites, alors que je rencontrais l’un après l’autre les signes d’une âme sœur, tous mes doutes et mes questions s'effacèrent.

Philippe Vandenberg, N'est pas oeuvre facile, jamais n'est oeuvre facile I, II, 1998
Philippe Vandenberg, N'est pas oeuvre facile, jamais n'est oeuvre facile I, II, 1998

Philippe Vandenberg, N'est pas oeuvre facile, jamais n'est oeuvre facile I, II, 1998

Le choix que j’ai fait est intuitif. L'enchaînement des séries fonctionne comme une « vaste » narration, au fil de laquelle il devient clair qu'il y a peu de différences dans les cruautés perpétrées par les hommes. Nos peurs les plus profondes et les plus anciennes, celles auxquelles guère personne n'ose penser, ou celles que nous rejetons simplement en frémissant, il les confie au papier.

Berlinde De Bruyckere, Actaeon III, 2013
Berlinde De Bruyckere, Actaeon III, 2013

Berlinde De Bruyckere, Actaeon III, 2013

Je m'y suis souvent retrouvée: Philippe Vandenberg est une âme sœur. Comme Gustave Flaubert, il refuse toute distinction entre la tête et le cœur, entre le fond et la forme. Chez les personnes, tout est relié. En outre vient s'ajouter notre amour partagé pour les maîtres anciens.

Philippe Vandenberg, D'après l'ennemi intérieur, 2003

Philippe Vandenberg, D'après l'ennemi intérieur, 2003

Qu'est-ce qui rend les figures antiques si belles? Leur originalité. Quel degré d'étude et d'effort est nécessaire pour s'en libérer, pour créer quelque chose qui soit entièrement vôtre?

Philippe Vandenberg nous a laissé une énorme quantité de dessins. Il en émane une force irrésistible;  il n'avait d'autre choix que de dessiner.

Cela est palpable dans le souvenir d'enfance que Philippe Vandenberg décrit dans

On the way in a cage is a man, his hands red. Philippe a cinq ans et est assis sous la table, il

dessine. Sa mère repasse sur la table. Son père arrive et setient près de la table. Ils commencent à se disputer.

La douleur s’infiltre dans le dessin.

Berlinde De Bruyckere, Rodt, 6 Janyari, VII, 2013

Berlinde De Bruyckere, Rodt, 6 Janyari, VII, 2013

Berlinde De Bruyckere, Rodt, 6 Janyari, VIII, 2013

Berlinde De Bruyckere, Rodt, 6 Janyari, VIII, 2013

Expo Collective Contemporaine: Berlinde DE BRUYCKERE et Philippe VANDENBERG "Il me faut tout oublier"
Expo Collective Contemporaine: Berlinde DE BRUYCKERE et Philippe VANDENBERG "Il me faut tout oublier"
Berlinde De Bruyckere, Romeu' my deer, 2010

Berlinde De Bruyckere, Romeu' my deer, 2010

Philippe écrit:

« Je comprends le Piège pour la première fois, et le Piège se referme en claquant. La table est la cage, je suis assis dans la cage. Une cage avec un toit rouge brûlant et des barreaux de jambes humaines.

J'étends le dessin au milieu de la cage. Je rampe autour en cercles. Désormais, c'est ce que je ferai toute ma vie, essayer de capturer l'image et son motif ou le motif de l'image sous un autre angle. [...]

Je pousse le dessin vers l'extérieur à travers les barreaux de la cage, où il disparaît sous la semelle de mon père. Je suis assis dans le Piège et maintenantje sais : le dessin – l'image – sera un langage.

Je ne dois jamais m'arrêter de dessiner. Le dessin transmettra l'inexprimable et me protégera.

L'image a tout pouvoir. » À côté de cela, je peux replacer un de mes souvenirs d'enfance. Les draps séchant sur le bord de mon box dans le dortoir du pensionnat. L'image est indélébile. Même si je ne pouvais pas le voir de l'extérieur, je savais à quoi ressemblait le tableau. Exposé à la vue de tous les autres enfants. Et lorsque je n'avais pas uriné dans mon lit la nuit, je rêvais tout de même que je l'avais fait. J'ai commencé moi aussi à dessiner à cinq ans, pour m'échapper. Dans le dessin, tout était possible.

Berlinde De Bruyckere, Amputeren, Zei je, 2008

Berlinde De Bruyckere, Amputeren, Zei je, 2008

Philippe Vandenberg, Sans titre, 1997

Philippe Vandenberg, Sans titre, 1997

Berlinde De Bruyckere, Met tere huid I, 2013

Berlinde De Bruyckere, Met tere huid I, 2013

Mon imagination était mon salut, là je réussissais, mais j'étais aussi très seule.

A l’âge de cinq ans, je suis allée en pension ; j’étais gauchère de naissance, ce qui à l'époque était considéré comme quelque chose à rectifier. J'ai commencé à bégayer. Selon les sœurs, un symptôme temporaire de mon désapprentissage de gauchère. Mais ensuite, j'ai commencé à mouiller mon lit.

Une honte et une humiliation encore plus grandes. Tout cela a abouti à une grande solitude, irréparable, mais qui m’a probablement conduite vers la création.

Je suis assise, à parcourir les carnets de croquis.Je n'ai jamais recherché ce qui serait pour moi le meilleur dessin, je les parcourais plutôt comme j'aurais lu un journal intime. Dans chaque dessin, je ressens sa façon de chercher seulement pour parvenir à la même conclusion.

« Nous sommes incapables de changer, nous sommes condamnés à être les prisonniers du mal. »

Chaque série est le témoin de conflits intimes et intérieurs. Ce n'est que par le dessin qu'il semble les contrôler. »

Berlinde de Bruycker

Philippe Vandenberg, Les carnets de l'Indonésie, 1996

Philippe Vandenberg, Les carnets de l'Indonésie, 1996

Philippe Vandenberg, Les carnets d'Indonésie, 1996

Philippe Vandenberg, Les carnets d'Indonésie, 1996

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10 boulevard de la bastille
75012 Paris


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