Expo Collective Contemporaine: THE END
Zineb Andress Arraki - Sylvain Baumann - Benoit Billotte - Jean-Baptiste Caron - Charlotte Charbonnel - Susanna Lehtinen - Muriel Leray - Audrey Martin - Alexandre Maubert - Naziha Mestaoui - Laurent Pernot - Magali Sanheira – Vaan.
Du 28 novembre 2013 au 22 février 2014
« La fin, c’est l’univers absurde et cette attitude d’esprit qui éclaire le monde sous un jour qui lui
est propre, pour en faire resplendir le visage privilégié et implacable qu’elle sait lui reconnaître. »
A. Camus, Le Mythe de Sisyphe.
L’exposition The End est un environnement où se croisent différents regards sur le caractère fragile et éphémère de l’existence. C’est la conscience de la finitude, comme expérience existentielle liée au temps et à l’espace, comme sentiment d’absurdité lié à notre devenir. Cette conscience peut prendre différents chemins, nous accompagner ou nous perdre. C’est une question d’attitude : l’homme qui a saisi l’absurdité peut toujours choisir de regarder son horizon avec résignation, indifférence ou con- viction. Albert Camus décrit l’homme absurde comme un individu capable d’accepter le caractère éphémère de la vie et de transformer cette acceptation en créativité. C’est la proposition des artistes invités à cette exposition collective par le laboratoire DERIVA : arracher au mot de la fin son pessimisme, pour le transformer en révolte, ironie, mystère ou légèreté. C’est ainsi que l’histoire ambiguë de The End a pris forme, entre noirceur et lueur, dans les sous-entendus privés de chaque artiste.
L’exposition s’articule autour de trois moments : conscience, disparition, renaissance.
Conscience
Quelque chose va arriver ou est déjà arrivé. Un préambule après la fin, puisque toujours, ça
recommence. Face à l’horizon perdu (Susanna Lehtinen) et aux fossiles contemporains (Vaan), la conscience de notre absurdité. Et toujours ça recommence, comme un cycle qui se consomme en laissant à chaque tour, la trace de l’usure, de l’énergie, des efforts acharnés, comme le bruit d’un départ toujours en cours (Magali Sanheira). Sur le chemin de l’oxymore (Zineb Andress Arraki), entre l’individuel et l’universel, la vie comme un souffle (Jean-Baptiste Caron), poussière stellaire et découverte du cosmos (Benoit Billotte)
Disparition
Nombreuses, les destructions qui dévorent le temps et l’espace (Alexandre Maubert), ironie du sort (Audrey Martin). Mais la vie reste figée dans la glace (Laurent Pernot), imprimée dans la terre (Charlotte Charbonnel). Des images ancestrales dépassent la réflexion sur la condition humaine vers les interrogations universelles d’une histoire sans fin. La disparition devient mémoire.
Renaissance
Retour, réflexion sur soi, passage (Muriel Leray). Renaissance d’une conscience libérée, résonance du corps avec la matière (Naziha Mestaoui), jusqu’à retrouver l’origine aquatique de cette existence éphémère.
Magali Sanheira, Making circle #4, 2013
Lors de la performance Making Circle, Magali Sanheira trace l’empreinte visuelle et acoustique de son effort qui se consomme, tour après tour. Le corps en mouvement forme un tout avec l’image du cercle et le bruit du charbon, dans une dimension totalisante, où coexistent plusieurs strates perceptives.
La monotonie de la répétition incessante du même geste est brisée par les accidents du support : la direction est toujours la même mais le cheminement n’est jamais exactement identique les événements du parcours changent.
Après la performance, l’action est perpétuée par son enregistrement sonore qui prolonge la répétition du geste à l’infini. La matière du charbon ne disparaît pas mais, se transforme en poussière de l’effort et débris de sa couleur. D’origine française et portugaise, Magali Sanheira est née en 1977. Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy, aujourd’hui elle vit et travaille à Paris.
Zineb Andress Arraki, L’homme trace, 2013.
L’homme Traceouvre le chemin de la nuance radicale, là où il n’est jamais question de choisir entre les oppositions, là où la condition existentielle intègre ses plus profondes contradictions. L’homme qui répond à sa vérité peut interroger les évidences et les faire vaciller. Les oracles auront cessé de l’étonner puisque l’espoir n’est pas tellement plus intéressant que la vraie vie. Par une association énigmatique d’images, dans cette œuvre le regard de Zineb Andress Arraki traverse la blessure et devient force.
Zineb Andress Arraki est née en 1984 à Casablanca où elle vit et travaille, après avoir poursuivi ses études d’architecture à Marseille puis à Paris.
Vaan, Fosse septique, 2012.
Oeuvre mystérieuse née au travers de multiples transformations, Fosse septique, un objet émergé du sous-sol, fossile contemporain ou habitation du futur. Mausolée d’une époque plastique, coléoptère silencieux.
D’abord projet paradoxal pour un habitat expérimental, ensuite découpée, sectionné pour devenir sculpture. Par l’absence d’une partie d’elle même, Fosse Septiquepréserve un rapport particulier avec le sol d’ou elle provient.
Architecte de formation, Vaan a entrepris la voie des arts plastiques, de la photographie et de la sculpture, considérées comme des formes de construction à part entière, pouvant soulever des réflexions sur la ville, à partir de problématiques apparemment marginales et pourtant essentielles. Une ville observée comme ensemble de phénomènes, résultat d’une négociation entre l’humain et le construit. Longtemps intéressé par les questions liées à l’habitat expérimental, ses projets pour les cellules d’habitation se résolvent parfois en sculptures, manifestations de l’impossibilité d’une réalisation concrète du projet dont elles sont porteuses.
Benoît Billotte, Apollo / Futuro,2012-2013.
Apollo / Futuroest un montage photo reprenant les trois astronautes de la mission Apollo 1en train de prier devant leur module lunaire. Ce dernier est ici remplacé par la Maison Futuro conçue par Matti Suuronen, connue pour ses formes circulaires proches d’une soucoupe volante.
La finitude de la vie face à la découverte de l’espace. L’homme face à l’univers et au progrès technologique, l’homme infiniment petit et héroïque. Fin ou commencement, telle n’est plus la question puisque tout est fin et commencement. L’élan de la découverte est fait d’un courage qui dépasse les craintes de la condition humaine.
Benoit Billotte est né à Metz en 1983, depuis 2009 il vit et travaille à Genève, après avoir obtenu son diplôme de la Haute Ecole d’Art et de Design de Genève.
Laurent Pernot, série Nature morte, , 2013
Still Lifeou Nature morte, c’est l’ambiguïté subtile des glaciations de Laurent Pernot, évocatrices d’une vie d’autant plus resplendissante, puisque saisie dans sa couleur, et pourtant figée dans la glace, en suspension, proche de son inexistence. Et soudain, l’enchantement de quelque chose de précieux et fragile dans cette vie en équilibre, cristal chaud et froid.
Né en 1980, Laurent Pernot vit et travaille à Paris.
Les Phonoglyphes, série de vinyles en terre, sont un hommage aux recherches sur l’archéologie sonore de Charpak, prix Nobel de physique. Son projet consistait à explorer électroniquement les sillons gravés par les artisans néolithiques sur des tessons de poterie dans l’espoir d’en extraire un jour un bruit ambiant, un chant ou une parole sculptés par l’outil dans la terre. De la même façon les Phonoglyphes, ont une empreinte imprimée de matrice de vinyle qui pourra être lue par nos descendants si la machine de Charpak est réalisée un jour.
Charlotte Charbonnel, Phonoglyphes, 2012.
Des objets à destination du futur, lesPhonoglyphes,par leur dimension ancestrale et futuriste traversent les époques et dépassent la question de la finitude, s’inscrivant dans une optique optimiste où la fin devient mémoire sonore d’une ambiance, d’un moment qui est le nôtre.
Charlotte Charbonnel est née en 1980, elle vit et travaille à Paris.
Galerie SEE STUDIO
7, rue Saint-Claude
75003 Paris
http://seestudio.fr
Horaires d’ouverture : Du mardi au samedi de 14h00 à 19h00.