Expo Dessin Contemporain: Massinissa SELMANI « L'usine ne fait pas les nuages »
« Longtemps pendant mon jeune âge, je pensais que l'usine faisait les nuages »,
Oxmo Puccino
Du 13 décembre 2013 au 25 janvier 2014
Massinissa Selmani est né en 1980 à Alger. Il vit et travaille Actuellement à Tours en France.
L'enfant Oxmo Puccino pensait que les nuages étaient fabriqués à l'usine. C'est sur le vers du rappeur que l'artiste Massinissa Selmani a choisi de s'appuyer pour définir d'un titre son exposition individuelle. Si l'usine ne fait pas les nuages, elle fabrique un voile dans l'air qui leur ressemble fort.
Les images de Massinissa Selmani révèlent l'ambiguïté des signes en poussant leur juxtaposition jusqu'à provoquer une situation absurde et bien sûr éloquente : un dessin qui présente deux scènes incompatibles qu'il faut relier en les regardant, ou encore une image dédoublée par un papier calque. Ce dédoublement vient brouiller ou corriger l'image. Les nuages que l'usine fabrique bien, sont les doubles toxiques des vrais nuages…
A-t-on besoin des ombres pour se souvenir ? 2013
Série 3 dessins 40x50cm au crayon et couleur
Les dessins A-t-on besoin des ombres pour se souvenir ? au trait réaliste visent à créer des scènes plausibles qui ont cependant peu de chances de se produire. Ce qui éloigne de la réalité est l'orientation de la lumière. Les ombres contradictoires font verser la scène dans la dramaturgie.
Les Métamorphes, 2013
série de 6 dessins sur papier calque. 3 dessins de 30x40cm et 3 de 40x50cm
Dans la série Les Métamorphes, le point de départ est les images d'uniformes que le plasticien a recueillies dans la presse. Il les a mélangés de manière arbitraire et créé des mises en scène étranges. S'interrogeant sur les raisons qui déterminent tel uniforme, souvent historiques et elles-mêmes perçues comme arbitraires au fil du temps, il a restitué son étonnement devant certains modèles. En les « prélevant » des images de presse, il a combiné ces uniformes pour en rendre davantage l'étrangeté. Le dessin sur papier calque présentent ce brouillard comme les nuages voilent la lumière. Ce voilement des corps et des visages dépouillent presque les uniformes de leurs supports, comme s'ils étaient autonomes. C'est l'absurdité de ce qu'on vit qui est mis en scène par l'artiste. Absurdité qui, dans un cercle, passe de la comédie à la tragédie.
Merouane, 2009
photographie, tirage numérique sur papier, 115 x 60 cm
Sans titre, 2012
Merouane est le prénom d'un jeune algérien, premier kamikaze qui se fit exploser au centre d'Alger en avril 2007. La multiprise représentée près de la voiture, est une réalité matérielle de ce terrorisme. Cet objet ordi- naire a pu être détourné en objet de destruction : un détonateur. Ce travail photographique est proche du documentaire, l'intervention par le dessin crée une mise en scène fictionnelle d'une reconstitution relative à ces événements.
2 dessins sur papier agenda
C'est la vie, 2013.
La démarche de Massinissa Selmani a comme fil conducteur les multiples expérimentations qu'offre le dessin. Les sujets de ses oeuvres trouvent souvent leur origine dans les actualités politiques et sociales et les cou- pures de presse. Les images qu'elles contiennent, ayant subi des processus de sélection, de traitement, de cadrage et obéissant à des codes du documentaire, de l'archive et parfois de mise en scène/narration, offrent un champ d'expérimentation particulier pour l'artiste.
Les oeuvres de Massinisa Selmani se caractérisent par une extrême simplicité. Ce sont des montages d’images et de dessins ou de courtes animations dans lesquels se mêlent l’humour, l’ironie, et parfois même un sentiment de révolte. L’univers de la presse écrite, notamment les dessins et photographies, est très présent. Massinissa Selmani dessine et filme avec discrétion, sans bruit. Il se méfie de la grandiloquence de certains propos et répond à ceux-ci par des gestes mesurés et pausés. Cette économie de moyens dont il fait preuve est un choix : contre la violence médiatique, la prégnance des images, il oppose délibérément la fragilité de l’exécution et la discrétion du signe. Au volontarisme et à l’affirmation, il oppose la candeur et la sobriété. C’est une posture d’artiste que l’on croise assez rarement ; elle est une expérimentation de la pensée par la simplicité du dessin.
Jérôme Diacre, 2012
Galerie TALMART
22, rue du Cloître St Merri
75004 Paris
Horaires d’ouverture : Du mardi au samedi de 11h00 à 19h00.