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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

20 Feb

Expo Groupée Contemporaine: Sous influences "Arts plastiques et produits psychotropes"

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo groupée Contemporaine

 

 

Du 15 février au 19 mai 2013

 

Depuis la nuit des temps ou plutôt l’aube de l’humanité, nos semblables ont croisé sur leurs chemins des substances psychoactives, plantes, champignons, macérations diverses et ces rencontres ont entrainé stupéfaction, intoxication, dépendance, accès mystique, soulagement, mort, voire illumination.

Les artistes, toujours à la recherche d’accès à la création, de passages, de déclencheurs, de transgressions,

de stimulations, de routes vers des imaginaires transmissibles, ne pouvaient guère éviter d’en tenter les effets.

 

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Hors de tout jugement moral, de prises de position socio-juridique, d’interprétation psychologique ou de choix esthétiques prédéterminés, l’exposition proposera des exemples, évidemment non-exhaustifs, de rapprochements entre les processus créatifs et l’utilisation de produits à effets psycho-dynamiques.


L’aspect le plus directement accessible est celui de la représentation plastique de produits ou de leur usage. Cette iconographie dépend beaucoup de l’état des moeurs et des rapports de force entre les expériences transgressives et les législations adoptées par la société. La grille de lecture des oeuvres varie donc entre le documentaire historique et le critère esthétique. On y joindra les affiches psychédéliques américaines des concerts de pop-musique, la publicité et une sélection de livres et publications sur ce sujet.

 

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Un deuxième champ sera celui d’oeuvres, qui, sans ou avec l’intention de leurs concepteurs, produisent pour les spectateurs des effets approchant ceux des psychotropes (installations, environnements, dispositifs psycho-sensoriels).


Le troisième corpus, au coeur de cette problématique, est celui des oeuvres réalisées de façon volontariste ou en concomitance avec des prises de produits psychoactifs : usagers de drogues produisant des oeuvres plastiques ou artistes expérimentant des modificateurs de la pensée à des fins de recherches créatives.

Films et vidéos prennent une part importante dans l’exposition, car ils semblent permettre, par la prise en compte du temps dans l’expression plastique, des tentatives originales de transcription et de documentation des modifications de pensée ou de perception.

 

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Anciennes et nouvelles substances psychotropes ont de fait servi à certains artistes de déclencheurs de créativité, de vecteurs de voyage vers des « folies » qu’elles aient été parfois non maîtrisables ou productrices de souffrances. Leur traduction dans le champ esthétique ici présenté permettra à chacun d’en ressentir la constante complexité des effets.

 

Antoine Perpère

La exposition Sous influences présente plus de 250 oeuvres réalisées par 90 artistes.

 

Artistes présentés :

Adel Abdessemed (1971), Pablo Amaringo (1943-2009), Antonin Artaud (1876-1948), Art Orienté Objet (1991), Jean-Baptiste Audat (1950), Aurèle (1963), Martine Balata & René Jullien (1947 et 1947), Edson Barrus (1961), Jean-Michel Basquiat (1960-1988), Charles Baudelaire (1821-1867), Hans Bellmer (1902-1975), Bruno Botella (1976), Lil ian Bourgeat (1970), Tania Brassesco et Lazlo Passi-Norberto (1986 et 1984), Jean-Louis Brau (1930-1985), Nathal ie Brevet_Hughes Rochette (1976 et 1975), Mathieu Briand (1972), David Brognon & Stéphanie Rollin (1978 et 1980), Jiri Černický (1966), les Frères Chapuisat (1972 et 1976), Jean-Philippe Charbonnier (1921-2004), Jean-Martin Charcot (1825-1893), Larry Clark (1943), Lucien Clergue (1934), Jean Cocteau (1889-1963), François Curlet (1967), Luc Delahaye (1962), Hélène Delprat (1957), Jeroen de Rijke & Willem De Rooij (1969 et 1970-2006), Hervé Di Rosa (1959), Léo Dohmen (1929-1999), Jean Dupuy (1925), Miguel Egaña (1952), Erró (1932), Esther Ferrer (1937), Robert Fill iou (1926-1987), Henri Foucault (1954), Michel François (1956), Alberto Garcia-Al ix (1956), Nan Goldin (1953) Raymond Hains (1926-2005), Gary Hill (1951), Damien Hirst (1965), Carsten Höller (1961), Irvin Penn (1917-2009), les Iconoblastes, Mati Klarwein (1932- 2002), David Kramer (1963), Yayoi Kusama (1929), Arnaud Labelle-Rojoux (1950), Joris Lacoste (1973), Isabelle Le Minh (1965), Jean- Jacques Lebel (1936), Pierre Leguillon (1969), Claude Lévêque (1953), Guy Limone (1958), Eli Lotar (1905-1969), Robert Malaval (1937-1980), Alberto Martini (1876-1954), Batan Matta (1943-1976), Philippe Mayaux (1961), Fiorenza Menini (1970), Henri Michaux (1899-1984), Takashi Murakami (1963), Youssef Nabil (1972), Helio OIticica (1937-1980), Nam June Paik (1932-2006), Frédéric Pardo (1944-2005), Antoine Perpère (1949), Francis Picabia (1879-1953), Gabriel Pomerand (1926-1972), Daniel Pommereul le (1937-2003), Frédéric Post (1975-), Markus Raetz (1941), Arnul f Rainer (1929), Martial Raysse (1936), Eugène Richards (1944), Gianfranco Rosi, Ben Russell (1976), Bernard Saby (1925-1975), Bryan Lewis Saunders (1969), Jeanne Susplugas (1974), Fred Tomaselli (1956), herman de vries (1931), Stanislaw Ignacy Witkiewicz (1885-1939), Tony Bouilhet, Pierre Leguillon (1969).

 

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                                                                                    Basquiat

 

1. Formes sous Influences d’Antoine Perpère [extraits]

Morphée est, dans la mythologie grecque, le fils de Nyx (la Nuit) ou le fruit de l'union de Nyx et d'Erèbe (les Ténèbres), ou encore, selon Ovide, l'un des mille enfants d'Hypnos (le Sommeil). Pour se présenter aux mortels dans leurs rêves et leur permettre ainsi de sortir, l'espace d'un instant, des machinations des dieux, il se transforme en êtres chers (d'où son nom signifiant « forme »). Morphée est souvent représenté tenant des fleurs de pavot.

 

Depuis la nuit des temps, ou plutôt l’aube de l’humanité, nos semblables ont croisé sur leurs chemins des substances psychoactives, plantes, champignons, macérations diverses, et ces rencontres ont entraîné stupéfaction, intoxication, dépendance, accès mystique, soulagement, mort ou illumination.

Les artistes, toujours à la recherche d’un accès à la création, de passages, de déclencheurs, de transgressions, de stimulations, de routes vers des imaginaires transmissibles, ne pouvaient guère éviter d’en tenter les effets.

L’artiste serait quelqu’un qui imagine qu’il y a un ailleurs au monde, qui pense voir le monde autrement et qui a le désir ou éprouve le besoin de mettre en forme son ressenti et ses pensées pour les communiquer à autrui.

 

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La drogue – des drogues

On s’accorde à distinguer les psychotropes en trois grandes catégories selon l'effet qu'ils produisent sur la conscience :

 

- Les psycholeptiques, qui abaissent le niveau de conscience et d’activité et qui procurent un apaisement des sensations douloureuses, physiques et psychiques, associé à une composante onirique importante.

Ces substances, principalement de la famille pharmaceutique des dérivés opiacés (opium, morphine,héroïne,…) sont très addictogènes et le surdosage peut entraîner le décès.

 

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- Les psychoanaleptiques, qui stimulent le niveau de conscience sans en modifier la qualité (cocaïne, crack, amphétamines, café…). Produits de la performance, du dopage, de l’excitation psychique et physique, ils sont eux aussi très addictogènes, plus sur un plan psychologique que somatique, et leur usage régulier entraîne un épuisement psychosomatique caractérisé.

 

- Les psychodysleptiques, qui perturbent qualitativement la conscience. Quasiment synonymes d’« hallucinogènes », ils entraînent des « états modifiés de conscience » (plantes et champignons hallucinogènes, cannabis, molécules de synthèse, LSD,…). Ils ne sont que très peu addictogènes, mais peuvent révéler des troubles mentaux sous-jacents.

 

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La plupart des drogues n'ont pas de caractéristiques aussi tranchées. L’alcool en est le plus évident exemple, qui peut être tour à tour et selon le dosage, désinhibiteur, excitant, calmant, onirogène voire hypnotique. L'effet de tel ou tel psychotrope est étroitement lié à la personnalité de l’usager, à son état physique, à ce qu’il attend ou présume pouvoir attendre de son absorption, au contexte historique et social et, bien sûr, aux éventuelles autres substances associées.

 

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Alors que le toxicomane a souvent recours à une drogue pour s’isoler des rapports de langage et, à tout le moins, ne cherche pas à rendre compte de l'altération de son état (si ce n’est à un thérapeute, et dans l’espoir alors de sortir de sa souffrance ou de sa dépendance), l'artiste – et c'est ce qui le distingue a priori du premier – vise à mettre en forme ce qu’il aperçoit de la réalité autre à laquelle un psychotrope lui ouvre l'accès ; si les drogues sont des clefs, encore faut-il trouver les serrures et portes correspondantes, et surtout avoir l'ambition de sortir, ou d'entrer, en tout cas le désir d'ouvrir. 

 

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Tous les problèmes ont leur source là, mais aussi toutes les solutions, aussi diverses qu'elles seront,imparfaites, magiques, traîtresses, incroyables, dérangeantes ou merveilleuses.

Les oeuvres que présente l'exposition Sous influences exemplifient trois positions de l'artiste face à la drogue ou aux drogues, trois tactiques de création que l'on peut caractériser par trois mots : Traduire /Simuler / Représenter.

 

Traduire

L'artiste retranscrit ou tente de retranscrire grâce aux moyens plastiques dont il dispose ou qu'il invente

cette « autre pièce » où il est allé, coeur du réacteur, arrière-scène.

Beaucoup s’y sont essayés, pour faire la plupart du temps ce constat qu’exprime de façon si touchante Jean Cocteau : « L’opium permet de donner forme à l’informe ; il empêche, hélas ! de communiquer ce privilège à autrui. Quitte à perdre le sommeil, je guetterai le moment unique d’une désintoxication où cette faculté fonctionnera encore un peu, par mégarde, avec le retour du pouvoir communicatif. » (Opium, 1930)

De fait, tous les artistes-expérimenteurs sont unanimes : il est très difficile de transcrire et/ou faire partager ce qui a été vu, ressenti, ce qui a été compris sous l’effet de produits psychotropes ; cela va trop vite, trop loin, la main, le corps sont trop lourds, trop réels, trop inhibés…

 

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Supposés les plus simples et rapides à mettre en oeuvre, le papier, la toile, le crayon, l'encre, l'aquarelle sont les supports et techniques graphiques par excellence de ces essais de traduction. On constate aussi que l'utilisation de méthodes longues ou compliquées (huile, collages,…) correspond à une transcription différée des effets consécutifs à la prise de produits : les artistes reconstruisent alors l'expérience par un assidu et intentionnel exercice de remémoration. Il faut enfin souligner la quasi-absence de la sculpture dans ce champ des rapports arts plastiques / produits psychotropes

 

 Les médecins expérimentent avec les peintres et les écrivains, les musiciens jouent sous produits et/ou cherchent à en faire vivre les effets, les sculpteurs restent en dehors. Si la sculpture ne semble jamais avoir été convoquée pour traduire ces états de conscience altérée, faut-il en chercher la raison dans un rapport corps-matériaux propre à la sculpture, dans la temporalité distendue du passage du plan de l’image à la tridimensionnalité ? Dans l'aphorisme fulgurant de Jacques Lacan : « Le réel, c’est quand on se cogne », qu'on rapprochera d’une célèbre définition de la sculpture attribuée à Barnett Newman :« la sculpture, c’est ce contre quoi l’on se cogne quand on recule pour mieux regarder la peinture ! » ?)

 

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Simuler

Les drogues psychoactives réactualisent le vécu archaïque de la correspondance entre le tactile et le visuel, à partir de laquelle l’être humain a construit ses symbolisations ultérieures. Cette tactilité des images semble interdire leur symbolisation, et si l'on peut décrire l’éprouvé sensoriel lié à l’immersion dans ces images sans bornes, leur contenu reste insaisissable. L’absence d’écart entre l’oeil et les images interdit leur lisibilité et les maintient inintelligibles.

Considérant les limites d'une description seulement graphique de son expérience sous influence, l'artiste, afin de donner à ressentir cette autre perception du monde, recourt à des dispositifs ne s’appuyant pas seulement sur la vision mais mobilisant d’autres sens, cinesthésie, synesthésie.

Ces tentatives de produire pour ou sur le récepteur de l’oeuvre des effets se rapprochant de ceux ressentis par son producteur, de faire vivre à travers des dispositifs multisensoriels (pénétrables, en mouvement, interactifs) l'éprouvé de tel ou tel état modifié de conscience, supposent une implication des acteurs pour que le merveilleux apparaisse. Elles ne sont efficaces qu’à la condition que l'artiste-producteur ne considère pas sa proposition comme magistrale et univoque et que le regardeur abandonne lui aussi toute prétention à la maîtrise, desserre ses préjugés, accepte qu'il se crée du jeu dans son univers subjectif.

 

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                    Champignon halucinogène                                     Cocaine

 

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                                            Cannabis


Etude d'auto-portrait de l'artiste Bryan Lewis Sanders sous  l'effet de différentes drogues ou psychotropes.

 

 

Représenter

Le troisième positionnement de l'artiste face aux drogues consiste à témoigner, de l'extérieur, sans expérimenter soi-même les produits, de l’état, des comportements, du mode de vie de ceux qui passent et repassent les frontières, ou vivent de « l’autre côté ». Relativement à certains choix législatifs qu'on pourra juger liberticides, montrer ou mettre en scène les substances psychoactives et leurs outils, filmer ou photographier les corps bouleversés, en extase ou en souffrance, peut paraître un choix provocateur. Bien davantage, c'est affirmer que « ce » monde fait partie de « notre » monde, que les consommateurs de substances interdites, qu'elles présentent ou non un danger pour leur santé, sont membres à part entière de la communauté. C'est aussi, dans certains cas, rendre hommage, préserver le souvenir de ceux qui sont restés de l'« autre côté » ou y ont laissé la vie.

 

 

 

 

La Maison Rouge
10 boulevard de la bastille
f - 75012 paris

http://www.lamaisonrouge.org



horaires d'ouverture: du mercredi au dimanche de 11h à 19h
nocturne le jeudi jusqu’à 21 h

 


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