Expo Photographie: Laure Albin guillot (1879-1962) : "L'enjeu classique"
Du 26 février au 12 mai 2013
Née à Paris en 1879, Laure Meifredy épouse en 1901 le Dr Albin-Guillot, chercheur scientifique spécialiste des préparations microscopiques, dont elle photographie les préparations en créant des compositions abstraites qu’elle appelle les « Micrographies décoratives ». D'abord influencée par le pictorialisme, Laure Albin Guillot reçoit en 1922 la médaille d’or au concours de la Revue française de photographie et joue un rôle important dans la Nouvelle Photographie des années 1930 et l'avènement de la Nouvelle Vision.
Portraitiste reconnue, elle photographie André Gide, Paul Valéry, Jean Cocteau… et participe à la revue Arts et métiers graphiques dirigée par Charles Peignot. Son activité se prolonge dans les domaines de la photographie publicitaire et la photographie de mode. Nommée archiviste en chef du service des Archives photographiques des Beaux-arts en 1932, elle organise la Cinémathèque nationale au palais de Chaillot l’année suivante.
En 1933, elle écrit et publie Photographie publicitaire, ouvrage définissant le rôle de la photographie dans la publicité moderne. Membre du jury de l’Exposition internationale de la photographie contemporaine au pavillon de Marsan au palais du Louvre en 1936, elle obtient la création d’une section photographique pour l’Exposition internationale des arts et techniques de 1937. Laure Albin Guillot meurt à Paris en 1962.
Laure Albin Guillot, un ”nom sonore qui devait devenir fameux”, peut-on lire au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Le paysage photographique français de ce milieu de siècle est en effet singulièrement marqué par la signature et par l’aura de cette artiste qui, de son vivant, fut certainement la plus exposée et reconnue, non seulement pour son talent et sa virtuosité mais aussi pour son engagement professionnel. Organisée en quatre sections, l’exposition de Laure Albin Guillot permet de découvrir son art du portrait et du nu, son rôle actif dans le domaine de la publicité, son œuvre imprimée et enfin un ensemble conséquent de ses “micrographies décoratives”, stupéfiantes photographies de préparations microscopiques qui firent sa renommée en 1931.
L’exposition présentée par le Jeu de Paume réunit un ensemble conséquent de 200 épreuves et de livres originaux de Laure Albin Guillot (Paris, 1879–1962), ainsi que des magazines et documents
d’époque issus de collections privées et publiques comme la Parisienne de Photographie, le Musée national d’Art moderne, la Bibliothèque nationale de France, le musée Nicéphore Niépce
(Chalon-sur-Saône), le musée français de la Photographie (Bièvres), etc.
Une grande partie des tirages originaux et documents exposés proviennent des collections de l’agence Roger-Viollet qui fit l’acquisition du fonds d’atelier Laure Albin Guillot en 1964. Ce fonds,
appartenant aujourd’hui à la Ville de Paris, a été récemment rendu accessible après un long travail d’inventaire. Composée de 52 000 négatifs et 20 000 épreuves, cette source a permis de
questionner l’œuvre et la place que la photographe occupe réellement dans l’histoire.
Dans le paysage artistique français des années 1920 à 1940, où la modernité et la production d’avant-garde connaissent les faveurs de notre regard et de notre goût contemporains, la photographie
de l’artiste pourrait sembler relever d’une tradition à contre–courant. C’est pourtant cette photographie, incarnant le classicisme et un certain ”style français”, qui fut largement célébrée à
l’époque.
Si la photographie de Laure Albin Guillot est incontestablement l’une des plus en vogue dans l’entre-deux-guerres, sa personnalité reste aujourd’hui une énigme. Car, paradoxalement, peu d’études
ont été consacrées à l’œuvre et à la carrière de cette artiste.
Ses premières œuvres apparaissent dans les salons et les publications au début des années 1920, mais c’est essentiellement au cours des années 1930 et 1940 que Laure Albin Guillot, artiste, professionnelle et figure institutionnelle, occupe et domine la scène photographique. Photographe indépendante, elle se consacre à des genres variés comme le portrait, le nu, le paysage, la nature morte et, dans une moindre mesure, le reportage. Technicienne hors pair, elle élève la pratique jusqu’à un certain élitisme. Photographe de son temps, elle utilise les nouveaux modes de diffusion de l’image et fournit à la presse et à l’édition des illustrations et des créations publicitaires.
Elle est notamment l’une des premières en France à envisager l’application décorative de la photographie par ses recherches formelles avec l’infiniment petit. Avec la photomicrographie, qu’elle
renomme “micrographie”, Laure Albin Guillot offre ainsi de nouvelles perspectives créatrices combinant science et arts plastiques.
Enfin, à la fois membre de la Société des artistes décorateurs, de la Société Française de Photographie, directrice des archives photographiques de la Direction générale des Beaux-Arts (ancêtre
du ministère de la Culture) et premier conservateur de la Cinémathèque nationale, présidente de l’Union Féminine des Carrières Libérales, elle apparaît comme l’une des personnalités les plus
actives et les plus conscientes des enjeux photographiques et culturels de son époque.
Le Jeu de Paume
1 place de la Concorde
75008 Paris
Horaire et jour d’ouverture : Du mercredi au Dimanche de 11h00 à 19h00.
Le mardi de 11h00 à 21h00.