Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

08 Nov

Expo Sculpture Contemporaine: Alina SZAPOCZNIKOW " Oeuvres Lumineuses "

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Sculpture Contemporaine

 

Du 22 octobre au 7 décembre 2013


Alina, montrez-nous ce sexe que l’on voudrait ne pas voir !


Alina Szapocznikow est née le 16 mai 1926 à Kalisz (Pologne) et est décédée le 2 mars 1973 à Passy (Paris). Elle fut l'une des plus importante sculpteur du 20ème siècle .

 

f653741ea6c0220970423e08874da370.jpg

Photo de Piotr Stanislawski

 

Le principe de base, appelons-le de Tartuffe (celui de Molière, mais pas seulement), par-delà les siècles et les cultures (Femen de tous les pays tout reste à faire !) : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir. » Le sexe a mauvaise répu- tation, on le sait, lorsqu’il est explicite : affreux, sale ou méchant ! Laissons-le donc à la pornographie et à ses basses œuvres ! Plus suggestif, du bout des lèvres, si j’ose dire, il est moins disqualifié par les tenants du bon goût, mais précisément ne mange alors pas de pain. Pourtant, certes, l’art ne s’est pas privé de le représenter, souvent de façon brutale (de Courbet à Nauman, en passant par Picasso, Man Ray, Molinier, Louise Bourgeois ou Lebel), cela avec ou sans « délectation » pour les « regardeurs », pour reprendre les qualificatifs em- ployés par Duchamp.

 

 

Sculpture2-1247.jpg

 

Alina_19_04_11_100250_original_large.jpg

 

Mais manifestement, à l’instar de la littérature de « second rayon », nous serions, encore, toujours, en présence, même quand il s’agit de formats imposants, de « curiosités », façon d’en faire des œuvres mi- neures. L’exposition du centre Georges-Pompidou, imaginée il y a plus d’une quinzaine d’années maintenant par Marie-Laure Bernadac et Bernard Marcadé, Fémininmasculin avait démontré que le sexe n’était pas un sujet anecdotique ou scabreux, mais qu’il avait partie liée (oh, pardon !) avec le processus de l’art lui-même. Qu’il en exprimait plus en somme que ce qu’il révélait sous une forme en apparence close dans sa figuration ; qu’il l’éclairait, pourrait-on dire, de l’intérieur. J’avais regretté à l’époque, et surtout m’étais étonné, qu’Alina Szapocznikow ne fût pas présente dans ce qui demeure par ailleurs une date importante dans l’approche (française) du « genre », connaissant en particulier ses sculptures en résine associant sexe masculin en érection, sein et bouche, produisant un sentiment proche de ce qu’il n’y a pas si longtemps Mike Kelley a nommé The Uncanny — à partir de la formule freudienne d’ « inquiétante étrangeté ». J’en ai parlé ailleurs, autant me citer : « [ces sculptures] revêtent une beauté perverse, érotique, vénéneuse — un côté Fleurs du mal –, sur un mode esthéti- que empreint d’une bizarrerie hallucinatoire très fin de siècle […] mais revisitée par une culture Pop à la fraîcheur trompeuse.

 

Sculpture2-1243.JPG

 

Sculpture2-1249.JPG

 

Sculpture2-1244.jpg

 

Ainsi les Lampes-bouches tirant vers un décoratif bourgeonnant aux couleurs de sucre d’orge d’une beauté ful- gurante n’en sont pas moins marquées d’un humour anxiogène et caustique, un peu à la façon de la plante carnivore de La Petite Boutique des horreurs de Roger Corman gavée de morceaux de corps humains — une main, un pied… Alina Szapocznikow exploite l’ambivalence de l’intimité, du désir et du dégoût, de l’informe, et de l’insaisissabilité du vivant. Le polystyrène et le polyuréthane, mais aussi la cire, matérialisent par leurs tonalités acidulées, leur transparence gélatineuse ou leur opacité, une fluidité transorganique, produisant, com- me le sommeil de la raison, des monstres séducteurs en forme de seins agglutinés, de bouches à l’éternel sourire, de ventres dodus. »

 

Sculpture2-1246.jpg

 

Sculpture2 1248


J’avais alors omis, tout simplement parce que je n’y avais pas pensé, de préciser que ces sculptures « éclairaient » : littéralement , et de façon attendue (elles sont intitulées pour la plupart Lampe — Bouche ou Fesse — ou Sculpture-Lampe), mais aussi, plus subtilement, parce qu’elles jettent une lumière acide sur l’obscurantisme tenace qui domine notre monde. Alina, montrez-nous encore ce sexe que l’on voudrait ne pas voir !

Arnaud Labelle-Rojoux

 

 

 

 


 

Galerie Loevenbruck  

6, rue Jacques Callot
75006 Paris

 

www.loevenbruck.com

 

 

 Horaires d'ouverture: Du mardi au samedi de 11h à 19h.

 

Archives

À propos

L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS