Expo Sculpture contemporaine: Fritz Panzer "Doubles"
Du 8 September au 20 octobre 2012
À propos du travail de Fritz Panzer.
Une étagère, un évier, un coin d'atelier, une chaise, un piano, quelques objets familiers.
Un repas frugal, un moment silencieux. Tout se réduit à l'apparition d'un contour précis : une série de traits noirs tendus dans l'espace, comme des incisions.
Le contour enserre la forme et marque à lui seul la présence de l'objet. La surface est délimitée sans être matérialisée. À l'instar d'une note de musique, l'oeuvre emplit l'espace sans l'encombrer.
C'est un travail de bâtisseur qui s'affranchirait de toute pesanteur, de toute matérialité pour ne plus se concentrer que sur le vide et la manière dont une forme surgit et se tient en lui.
L'oeuvre de Fritz Panzer demeure encore aujourd'hui étonnamment peu connue en France. Et pourtant, ce parcours artistique débuté au milieu des années 1960 en Autriche mérite amplement que l'on prenne le temps de la découverte et que l'on s'y attarde ; ce à quoi nous invite aujourd'hui la galerie Alberta Pane, au travers de la toute première exposition personnelle de l'artiste à Paris.
Artiste voyageur (il a vécu à New York, Rome, Berlin et aujourd'hui Vienne) Fritz Panzer est né le 14 mars 1945 à Judenburg, une petite ville du Land de Styrie en Autriche. Il débute son apprentissage à l'âge de quinze ans à l'École des arts et métiers de Graz.
Très loin de ce qu'on lui enseigne alors, il se passionne pour la peinture abstraite gestuelle, l'art informel et le tachisme qu'il découvre à Vienne à l'occasion d'un happening du peintre Mathieu. Il poursuit ses études à l'université de Linz avant d'intégrer l'académie des beaux-arts de Vienne où il étudie jusqu'en 1971.
À l'occasion d'un séjour de trois mois à New York — où il travaille dans un atelier de sérigraphie —, il découvre l'oeuvre de Warhol, de Rauschenberg, d'Oldenburg et de Segal.
À son retour à Vienne, il ouvrira un petit atelier de sérigraphie installé dans une cave. C'est là, entre autres, qu'il réalisera des impressions pour Attersee et Schwarzkogler. À cette même époque, il découvre le travail d'Hermann Nitsch. Il fréquente aussi le cinéaste expérimental Peter Kubelka et le poète Reinhard Priessnitz et se rend souvent à la Galerie Nächst St. Stephan.
Au début des années 1970, Panzer commence à réaliser ses premières installations sculpturales avec du carton, parfois réalisées en direct à l'occasion d'événements-performances. Incluant de temps à autre des personnages, son travail d'alors n'est pas sans évoquer celui du sculpteur George Segal. Que ce soit un autel d'église, de banals éléments de mobilier, une enseigne, tout est traité avec la même simplicité, le même caractère direct et allusif, telle la reconstitution directe à l'échelle 1/1 du monde qui l'entoure. À l'opacité du matériau répond la transparence de ses toiles qu'il lui arrive d'inclure dans ses installations.
Un lavabo, une étagère, une table, etc. L'objet chez Panzer ne revêt aucun sens particulier. L'expérience de la perception prime, induisant l'entrelacement de ces différentes approches que constituent la peinture, le dessin et la sculpture.
Tirer, agencer, courber, déployer : seule l'épaisseur d'une feuille de papier sépare encore le travail du dessin de celui de la sculpture. Au bout de quelques mois, l'artiste passe de la mine de plomb au fil de fer. Ses structures (dessins-sculptures) se déploient dorénavant dans un espace
vide, aussi vierge et blanc qu'une toile tendue sur châssis.
Il se sert de fils métalliques noir mat épais autour desquels il enroule de petits brins de métal délicats, dont les pics ou les rainures rappellent ses traits d'encre ou de crayons hachurés. C'est à la fois graphique, topographique et photographique. Les lignes parfois se dédoublent, suggérant le passage d'un point de vue à un autre. Certains fils laissés libres, oscillent ou vibrent délicatement.
Dans le vocabulaire technique de la sculpture, « l'âme » désigne l'armature métallique permettant d'agglutiner et de soutenir la matière. Ici, l'âme est nue.
David Rosenberg
Paris, août 2012
http://www.galeriealbertapane.com
Galerie Alberta Pane
14 rue Saint-Claude
75003 Paris
Tel : +33 1 43 06 58 72
Mobile: +33 6 11 29 40 94
info@galeriealbertapane.com
Mardi − Samedi 11h −19h
et sur RDV