Expo Solo Show: Myriam MIHINDOU "La Mandragore"
Du 16 novembre au 4 janvier 2014
Myriam Mihindou est Née en 1964 à Libreville au Gabon. Elle vit et travaille à Paris et à l’étranger.
Mihindou les travaille. On dirait que cette forme pourrait se défaire au premier geste trop appuyé: la menace de sa disparition est inscrite en elle et donc le temps.
Courtesy Myriam Mihindou, Galerie Maïa Muller
Le temps: le temps du corps, le temps de la perception, le temps de la contemplation. C’est là ce qui rend l’œuvre de Myriam Mihindou si intense. On y perçoit, on y vit plusieurs temps différents, particulièrement dans ses photographies. Il y a la suggestion d’un instant ou d’un moment bref, qui serait celui de la douleur, quand les aiguilles s’enfoncent sous la peau, quand les muscles des doigts et du poignet se crispent, quand une blessure a été infligée à un bras ou une jambe. Un bandage ou un pansement la dissimule, mais on l’éprouve néanmoins.
Dechoucaj '9
Haïti 2004/2006
Copyright Myriam Mihindou
Courtesy Myriam Mihindou, Galerie Maïa Muller
Cet instant semble annoncer la destruction: bien au-delà de la fragilité, une menace qui ne pourra être évitée puisqu’elle est celle de la mort. Mais ces tissus, ces aiguilles, ces signes de la destruction sont, si l’on peut dire, désamorcés. L’inquiétude qu’ils peuvent susciter est tenue à distance par le mira- culeux équilibre des lignes que dessinent les mains ou l’assemblage de fines baguettes et de plumes: miraculeux parce qu’il suffirait à nouveau d’un rien pour le rompre mais qu’il demeure intact,suspendu, protégé pour longtemps par l’arrêt du temps.
Johnnie Walker
de la serie Sculptures de chair.
Copyright Myriam Mihindou
Courtesy Myriam Mihindou, Galerie Maïa Muller
Les mots sont assez faibles pour essayer de suggérer que l’on a alors en effet la sensation d’échapper au flux temporel pour passer ailleurs, on ne sait où, dans un état qui ne s’éprouve que rarement. Ce n’est pas «hors du temps» comme on le dit banalement et emphatiquement des monuments et autres «chefs d’œuvre» qui seraient éternels, mais plutôt au-dessus du temps: comme si on avait échappé à sa pesanteur, comme si l’on s’était délivré du courant et élevé au-dessus de lui pour le regarder couler, préservé de son passage, extérieur à lui.
La langue du Récit
Haïti 2004/2006
Copyright Myriam Mihindou
Courtesy Myriam Mihindou, Galerie Maïa Muller
Peut-être ce non-temps est-il celui qu’expérimentent les mystiques en extase, les visionnaires en transe. C’est en tout cas un retrait, qui conduit du côté du silence et de l’intériorité, vers un état de soi que l’on éprouve rarement. Il a quelque parenté avec la contemplation. Il incite à la gravité. Il autorise la sérénité. Celles-ci, on croit les reconnaître dans les attitudes des hommes et des femmes que Mihindou photographie et montre en négatif, à l’état de spectres.
Sculptures à base de savon.
Courtesy Myriam Mihindou, Galerie Maïa Muller
Dans le monde de l’art actuel, les œuvres qui ont la capacité de rompre ainsi avec la précipitation, la consommation et le divertissement faciles sont très peu nombreuses.
Texte de Philippe Dagen
GALERIE MAÏA MULLER
19, rue chapon
75003 Paris
http://www.galeriemaiamuller.com
Horaires d'ouverture: Du mardi au samedi, de 11h00 à 19h00.