Expo:Théo Mercier "le musée des arts seconds"
Du 17 septembre au 22 Octobre 2011
Certains expriment l’effroi en bandant peau et muscles comme des arcs ; d’autres s’amusent et glougloutent au fin fond d’une forêt de pierreries ;
il en est qui ricanent, cancanent et s’esclaffent, d’autres qu’on a encordées de chanvre tant leur folie avait l’air contagieuse et leurs yeux furieux ; on en trouve des dodus, des poilus, des
moussus, des plumus et des lippus ; d’autres se taisent et se lamentent sur leurs os, tandis qu’on semble ailleurs célébrer des dieux inconnus à grands coups de palmes et de canines étincelantes.
Ça crie, ça gueule et ça se lamente. Ça prie, ça se tait et ça sourit. Ça n’a rien à dire et ça le hurle, ça reste enfoui et ça se révèle au grand jour. C’est pétrifié et en mouvement, ça donne
des couleurs et ça porte le deuil. Ça célèbre, ça fête la naissance et ça pleure ses morts.
Et tous se taisent. Ebahis. Bouches bées d’être ainsi réunies. Babas heureux.
Vue d'ensemble 3 cruches
Car ils ont voyagé et ils ont vu du pays, mais avant...
Avant ils ont été vénérés, maudits, piédéstalisés, vandalisés, peints, repeints, volés, revendus, collectionnés, maquillés, contrefaits et
camouflés. Ils ont protégé des villages, défendu des tribus, ils ont fait venir la pluie et fait pousser des récoltes. Ils ont veillé des morts, paradé les jours de fêtes et attiré la foudre loin
des huttes. Certains ont côtoyé des rois.
Mais jamais ils n’ont été présentés les uns aux autres, jamais ils n’ont été exposés.
C’est Théo Mercier qui est allé à leur rencontre et les a dénichés. A Mexico City et à Ostende, à Berlin et à Tewae-Sisassi, en Auvergne et au
Bénin, chez d’obscurs collectionneurs et de grands mécènes, dans des salles des ventes ou des cabinets de curiosités. Un peu partout où l’on trouve des artisans, des secrets de fabrication et des
malédictions ancestrales, des croyances et des peurs, des carnavals et des fêtes. Dans des endroits sans musée. Au hasard des voyages, au fil des acquisitions nouvelles.
Mambo Miam
Miam
jkoudou
Tout l’enjeu d’équilibriste, tout l’exercice de style de cette exposition fut de rendre cohérente une collecte dont chaque pièce revendique avec
violence sa propre singularité. Pour les rendre visible, elle s’ouvre dans un premier temps sur une salle rassemblant une production folklorique de fin du monde, un défilé mortuaire de ce que les
hommes peuvent produire et créer quand ils sentent l’apocalypse qui pointe : des échappatoires angoissées mais joyeuses, des danses avec la Faucheuse, un pied de nez artistique avant le Grand
Saut et une conjuration par l’absurde.
La deuxième salle est celle de la naissance, de l’origine, de la matière première brute et du début. Les masques et les yeux, les statuettes et les hologrammes se posent tous la même question de la représentation de l’humain dans un monde qui n’est encore que chaos, qui ne s’est pas organisé socialement et qui invente son propre reflet dans le bois. Un monde qui en appelle aux dieux le plus souvent et qui demande protection en échange d’une oeuvre, d’une sculpture ou d’un totem.
Entretien Theo Mercier Fiac 2010
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