Exposition Solo Show: Céline CLÉRON " Les Évadés "
Du 12 octobre au 12 novembre 2013
Pour sa première exposition personnelle à la Galerie Particulière, Céline Cléron propose un ensemble de pièces récentes et inédites. Depuis dix ans, son travail emprunte à différentes périodes de l’histoire de l’art - Antiquité, Renaissance, Siècle des lumières - des épisodes précis de l’histoire des représentations, pour en rebattre les cartes.
L'Archiduc, 2013
Les apparences sont trompeuses ? On peut penser à l’envers cette idée toute faite. Les apparences sont révélatrices, les formes parlent. Dans la lignée des explorateurs de l’iconographie, Céline
Cléron ne cesse de le démontrer. Sa méthode consiste à répertorier la somme des formes anciennes, les comprendre, les reprendre, pour en déployer la présence et la langue véritable. À nos codes
sursaturés, son travail substitue avec délicatesse la révérence aux précédents classiques, qu’elle emballe dans un sourire de connivence. Traitant ces allusions visuelles avec le respect qui leur
est dû, elle mélange dans leur composition disciplines et techniques, invitant, pour les ranimer, l’animalité dans le domaine proprement humain du raffinement.
La Régente, 2013
Ainsi les humeurs ressurgissent-elles, tels les mouchoirs s’échappant hors des fentes d’une céramique monochrome (Lacrimosa). On pense aux figures célèbres du clan Della Robbia, mais le coloris,
l’affleurement d’une matière fragile, moderne et jetable, l’idée des pleurs ou des suées à essuyer, jettent le trouble. Les effets de surface sont des manières d’adoucir des humeurs forcément
excessives.
À quels atermoiements sommes-nous véritablement en proie? Les relations humaines sont encore faites d’animalité, de prédation, de conquête. On pourrait oublier, à notre époque, que la guerre des
sexes impose encore un excès de visibilité à des hommes pris dans une marée d’illusions sur la valeur et le mérite. Ici, on reconnaîtra dans les oiseaux anthropomorphes (série Les Receleurs) de
parfaits portraits de vendeurs à la sauvette, d’exhibitionnistes et autres gredins de ville. On pourrait oublier cette vérité crue, parce que les rapports de force et d’attraction sont censés
n’avoir plus cours qu’apprivoisés.
Sans titre, 2013
Et pourtant… Sciences diverses, arts décoratifs et vestimentaire, éthologie, tous les pans de la culture ne disent que le désir éperd u de contenir nos affects dans une nomenclature. Avec un art
d’effeuilleuse, Céline Cléron attente à l’intégrité des classiques et les remet en jeu. Elle considère les choses par l’extérieur, qui offre tant à voir. Ornements, pratiques, gestes convenus et
attitudes nécessaires, son regard porté vers le soi-disant passé des formes les ranime.
La Crimosa, 2013
Elles sont vivantes, les figures de la vertu qui ont marqué nos imaginaires infantiles. Ils sont prégnants, les schémas qui veulent par exemple qu’un homme atteste de sa force par une cicatrice,
fût-elle déléguée à l’étoffe qui l’habille, comme dans ce portrait allégorique présenté dans l’exposition.
La mort du petit cheval, 2013
Le travail de dissection de cette artiste lève le voile avec une précision cruelle sur l’enrobage social des émotions. Le corps et le cœur prennent encore des coups. Les époques ne font jamais
que changer d’armes. Céline Cléron nous met devant l’ambiguïté dérangeante de la démocratie actuelle, qui n’est jamais qu’une nouvelle société de Cour.
Eléonore Marie Espagilière
La (deuxième) Galerie Particulière
11, rue du Perche
75003 Paris
http://www.lagalerieparticuliere.com
Horaires d’ouverture: Du mardi au samedi de 14h00 à19h00.