Rétrospective: Jesus Rafaël SOTO
Du 27 FÉVRIER au 20 MAI 2013
Le Centre Pompidou rend hommage à l’artiste vénézuélien Jesús Rafael Soto, disparu en 2005, l’une des figures majeures du développement du cinétisme en Europe, durant la seconde partie du 20ème siècle.
5 juin 1923 Naissance de Jesús Rafael Soto à Ciudad Bolivar, au Venezuela. Il a une quinzaine d’années lorsqu’il devient peintre en lettres et dessine les affiches des films projetés dans l’un des cinémas de Ciudad Bolivar.
Jesús Rafael Soto était jusqu’à présent paradoxalement peu représenté dans les collections publiques françaises. La dation à l’État français par la famille de l’artiste, en 2011, de vingt oeuvres-clés, datées de 1955 à 2004, offre un ensemble exceptionnel qui permet de reconstituer le parcours d’un artiste majeur, célèbre pour ses Pénétrables. L’exposition retrace son itinéraire depuis ses premiers reliefs en plexiglas des années 1950 jusqu’aux volumes monumentaux des années 1990-2000.
Installé à Paris dès 1950, l’artiste élabore une oeuvre en constant dialogue avec les fondateurs de l’abstraction, Mondrian, Malevitch ou Moholy-Nagy, mais aussi avec ses contemporains Agam, Pol Bury, Yves Klein, Jean Tinguely, Daniel Spoerri. Dès les années 1960, Soto accède à une renommée internationale et expose notamment à Londres, Krefeld, Berne, Amsterdam, Bruxelles et Paris.
Dès 1979, le Centre Pompidou présente les oeuvres récentes de l’artiste. En 1987, une oeuvre emblématique intitulée Volume virtuel , est commandée à Soto par l’Association des Amis du Centre Pompidou à l’occasion du 10ème anniversaire de l’institution. Cette oeuvre monumentale restera installée dans le Forum du Centre durant 10 ans, en témoignage des relations étroites nouées entre l’institution et l’artiste.
À partir de 1963, Soto abandonne les matériaux trouvés. Ses premières installations à partir de fils de fer neufs et librement mis en forme apparaissent en contrepoint de fonds régulièrement peints au tire-ligne : ce sont les Écritures. Au même moment, Soto commence également à utiliser les tiges suspendues à des fils de nylon devant des fonds striés. Il s’agit de trouver enfin la « vibration pure » dégagée de la poétique des matériaux trouvés. Les solutions auxquelles il aboutit seront pérennes.
Par leur classicisme, elles se distinguent délibérément des jeux optiques montrés dans les expositions Op Art.
S’opposant à celui-ci, Soto insiste sur la révélation, par ses oeuvres, du caractère cinétique du réel, marqué par la trilogie espace-durée-matière.
Ainsi, en 1967, accroche-t-il dans la galerie Denise René son premier Pénétrable dans l’idée de s’inclure lui-même – et le visiteur avec lui – au milieu des tiges qui pendent du plafond. Le spectateur peut soit percevoir l’oeuvre optiquement de l’extérieur, soit la traverser et se placer à l’intérieur de l’ensemble constitué en s’y intégrant pour en devenir partie prenante.
Le Volume suspendu (1968) proposé en dation fait donc partie de ces premières oeuvres impliquant le spectateur. Avec ses trois éléments (un panneau mural peint au tire-ligne et restauré après la mort de Soto, un premier volume vertical de tiges peintes en bleu et un deuxième volume vertical de tiges peintes en noir), il constitue, dans l’oeuvre de Soto, le chaînon manquant entre les oeuvres d’avant 1967 (où la vibration optique domine) et les Pénétrables au sens strict où la perception du spectateur est tout autant tactile que visuelle.
« Avec le Pénétrable dit Soto, nous ne sommes plus des observateurs mais des parties constituantes du réel. L’homme n’est plus ici et le monde là. Il est dans le plein et c’est ce plein que je voudrais faire sentir avec mes oeuvres enveloppantes. Il ne s’agit pas de rendre les gens fous, de les assommer d’effets optiques. Il s’agit de leur faire comprendre que nous baignons dans la trinité espace-temps-matière ».
Après 1975, l’oeuvre de Soto connaît une ultime évolution. Tandis que le cinétisme subit une éclipse dans l’actualité artistique, Soto, tout en répondant largement aux commandes d’oeuvres pour l’espace public et se prêtant à de multiples expositions rétrospectives en musées, donne à son œuvre une rigueur nouvelle en revenant aux reliefs où les carrés colorés jouent à nouveau un rôle essentiel.
Au cours des années 1980, une série d’oeuvres mobilise les recherches de Soto : c’est la série des Ambivalences, issue de ses réflexions sur la dernière période de travail de Mondrian, celle qui culmine avec les Boogie Woogie dans lesquels la couleur éclate en multiples petits carrés disposés sur toute la surface de la toile. Comme Mondrian, Soto disperse ses carrés de couleurs sur ses fonds striés en les plaçant à la fois en opposition à ceux-ci mais aussi en contrepoint les uns par rapport aux autres.
Chaque couleur, portée par des carrés de dimensions différentes (mais tous situés dans le même plan du tableau), semble réagir à sa manière par rapport à ses voisines et donner au spectateur la sensation optique que le carré qui la porte est plus ou moins en avant du plan du tableau.
Centre Pompidou / Beaubourg
Place Georges Pompidou
75004 Paris