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L'ACTUALITÉ DES EXPOSITIONS ET DES FOIRES INTERNATIONALES D'ART CONTEMPORAIN À PARIS ET EN ÎLE-DE-FRANCE. EXHIBITION IN PARIS

26 Jan

Léopold RABUS « La lumière ne brûle pas dans un vieux poteau »

Publié par Eric SIMON  - Catégories :  #Expo Peinture Contemporaine

"La lumière ne brûle pas dans un vieux poteau", 2020 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

"La lumière ne brûle pas dans un vieux poteau", 2020 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

Du 11 décembre au 5 février 2022

 

 

Les nouvelles peintures que Léopold Rabus expose chez Suzanne Tarasieve sont placées sous le signe de la nature. Bien qu’il y soit toujours question de vivant, la peinture actuelle tend à délaisser la figure humaine au profit de scènes de genre, natures mortes et paysages, plus volontiers tournés vers le règne animal et végétal.

 

On y voit de la neige et des tas de fumier, des arbres, des poulaillers et des champs, où prolifère une peuplade d’animaux, limaces, oiseaux, mouches, chiens et cerf.

"Autoportrait", 2017 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

"Autoportrait", 2017 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

Plus que jamais, ces nouvelles peintures témoignent d’une attention extrême portée à la réalité du monde qui nous entoure. Comme le souligne Léopold Rabus : « Il y a d’un côté l’immensité, le monde insaisissable, la densité des choses ; de l’autre la volonté tenace de les saisir ensemble, de les nommer, de les connaître, de les classer, de les catégoriser, de les exposer ». De cette dualité, productrice de tensions, nait le désir de peindre.

 

Le réalisme dont il est question ici relève d’une esthétique du fragment et de l’hybridation. Les paysages, les objets, les animaux peints par Léopold Rabus, s’ils sont issus de l’observation d’un environnement proche, n’en sont pas moins nourris par un vaste champ de connaissances. Peinture religieuse et scènes de genre, littérature contemporaine, ouvrages de vulgarisation scientifique médiéval, traité encyclopédique baroque, collection muséale d’histoire naturelle. Autant de sources qui se télescopent et travaillent la perception du réel directement perçu. Chaque tableau est lieu de chocs visuels et temporels : collision entre ce que l’on voit du monde et ce que l’on en sait.

"Limace sur des choux", 2019 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

"Limace sur des choux", 2019 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

 Et la manière de peindre aussi incarne des tensions. Regardez « Cantal », « Oiseau », « Les propriétés des choses », « Un cerf », « Être végétatif ». La tradition classique et figurative y est sans cesse contaminée et s’ouvre à d’autres manières, expressionnistes, abstraites, surréalistes.

 

Echappant à toute forme de classification, chaque tableau relève d’une tension entre un degré de réalisme très poussé sans cesse contaminé par toutes sortes d’« erreurs » et d’intrusions improbables : audace d’une composition trouée en son centre par un vide vertigineux, étrangeté d’une lumière, espaces aux perspectives trafiquées, déformations anatomiques, apparitions oniriques.

Détail "La nuit des affamés", 2020 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

Détail "La nuit des affamés", 2020 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

"Cantal", 2020 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

"Cantal", 2020 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

 Ce réalisme, fait de fragments et d’hybridations, est symptomatique d’une époque. Expression d’un monde schizophrénique lui-même fait de tensions, déchiré entre l’émergence d’un monde nouveau et les restes d’un monde passé dont les images, les rêves, les idéaux nous habitent encore. Le règne de la modernité, de l’industrialisation et de son univers formaté percute de plein fouet notre rapport à la nature et ce qu’il reste en nous de romantique. L’objectivité de la Science et l’ordre des esprits rationnels percute de plein fouet ce qui subsiste de profondeurs désordonnées et de croyances irrationnelles.

 

Comment perçoiton la nature, les animaux, les hommes, si nous ne croyons plus réellement en une essence divine ?

 

Notre regard ne demeure-t-il pas, plus ou moins inconsciemment, travaillé par des restes de spiritualités ancestrales, pétri par l’apport d’une culture aux fondements religieux ?

 

Hybride, l’œuvre de Léopold Rabus tente de rassembler ces éléments hétérogènes, pièces d’un monde qui a volé en éclat, physiquement et symboliquement. « La peinture donne forme à toute chose avec la même matière et ainsi assigne à ces choses un lien que le langage avait rompu », note l’artiste. Cette matière relie le fantasmé et le réel, l’objectif et le subjectif, le trivial et le sacré. Il y a là, précise-t-il, « une éternelle dualité (à mon avis très conciliable) entre l’idée de dieu et un esprit plus scientifique pour embrasser le monde ».

"Éclosion", 2016 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

"Éclosion", 2016 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

"Reste de pholque", 2021 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

"Reste de pholque", 2021 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

Avec un certain sens de l’humour et de l’absurde, qui caractérise l’œuvre de Léopold, certains tableaux exposés chez Suzanne Tarasieve portent l’empreinte d’une sensibilité chrétienne, inconsciemment pétris de liens avec une tradition picturale religieuse : comme « Le pain » ou « Vieil homme sur du fumier ».

 

Et dans certaines natures mortes, tel « groupe de poils dans un urinoir », d’aucuns s’amuseront à percevoir un lointain écho à ce fameux précepte biblique invitant à l’amour, y compris à l’amour des choses qui ne nous sont pas données, qui nous repoussent. Comme d’autres avant lui ont peint des asperges, Léopold Rabus prend plaisir à peindre ces petits riens et trouve grandiose d’en faire un morceau de peinture.

"Oiseau", 2020 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

"Oiseau", 2020 de Léopold RABUS - Courtesy de l'artiste et de la Galerie Suzanne Tarasiève Paris © Photo Éric simon

« La lumière ne brûle pas dans un vieux poteau ». Tel est le titre d’une sculpture qui donne à voir un fragment du bras de l’artiste. Ce morceau de bras hyperréaliste sort d’un mélange de terre et de compost, la main pliée pointant de l’index le ciel. Un doigt surgit de la terre. Reliant ce monde et un autre, entre trivialité et immensité. Aussi réel qu’absurde.

 

Comme un revenant d’outre-tombe cherchant à faire signe aux survivants terriens. Une sculpture où l’humour se mêle au romantisme pour explorer les bas-fonds de la vie. Sans pathos, sans grandiloquence. Oui oui, nous allons disparaitre et peut-être qu’on reviendra et qu’on se retrouvera con de pas pouvoir le dire ! Oui oui, ça n’a ni queue ni tête, la vie la mort, et ce n’est pas un drame !

 Amélie Adamo, Paris, Novembre 2021

Galerie Suzanne Tarasiève Paris

7, rue Pastourelle

75003 Paris

 

https://www.suzanne-tarasieve.com/

 

Jours et horaires d’ouverture : du mardi au samedi de

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